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Princess Fragrance

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Ordell Robbie 4 une belle fresque historique à l'ancienne (critique concernant le dyptique)
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une belle fresque historique à l'ancienne (critique concernant le dyptique)

Avec le dyptique the Romance of Book and Sword/Princess Fragrance, Ann Hui offrait en 1987 tout ce que Tigre et Dragon sera incapable d'etre: un wu xia pian à la densité romanesque qui ne renierait pas l'esprit local du genre.

Narrativement et thématiquement, il ne s'agit pas du tout-venant wu xia pian. Le film va multiplier les pistes narratives, nous faire découvrir les divers opposants au régime et leurs motivations, leurs tourments. Vu que tous les personnages sont traversés par le dilemme entre la volonté de changement et le cout humain et économique d'une révolution qui se veut partageuse des fruits de la prospérité de l'époque, le film évite dès lors de ressembler à une succession de strates. Et c'est ce thème qui fait que ce film d'époque de la cinéaste engagée Ann Hui est loin d'etre aussi impersonnel qu'il n'y parait: d'un coté en maintenant les choses en l'état on maintient la misère du peuple; de l'autre, une révolution oblige à faire couler le sang, crée une instabilité ruinant le pays économiquement donc créatrice de pauvreté, l'inverse de ce qui est recherché. Le grand conflit -qui est aussi une fascination réciproque- Chen Jalo/Qian Long est celui de la fougue révolutionnaire contre le réformiste modéré que le film concluera de façon désabusée mais réaliste. L'autre grand thème du film est la question de l'ouverture aux autres civilisations. Chen Jalo en est l'incarnation de par l'alliance qu'il conclut avec des tribus islamiques, son amour pour Hesili, et sa conversion finale à l'Islam. Il se fait l'incarnation du désir de rétablir la paix entre les minorités. Dans cet univers où les personnages sont portés par une vision humaniste, un instrument de musique -la scène du début- ou une danse rituelle -les scènes du désert- peuvent devenir le lieu où se scellent des liens intenses d'amitié, d'amour et de confiance.

S'ils sont relativement peu nombreux les combats s'intègrent parfaitement au récit du film et représentent le prolongement de ses thèmes. Ainsi le combat final de la première partie devient-il l'incarnation du dilemme d'un empereur tiraillé entre son désir de changement de régime et la stabilité du royaume. Celui de la seconde partie verra se régler le pacte d'honneur conclu entre Qian Long et Chen Jalo sur la question du changement politique. Les combats du désert seront les lieux d'expression du rapports des personnages à la civilisation musulmane. Mais outre leur richesse thématique, ces combats sont soufflants par une mise en scène saccadée usant de caméras portées et de mouvements rapides, allant parfois vers une conversation entre des spectateurs du combat -la discussion Qian Long/Chen Jalo sur la question de la violence dans la révolution lors du combat final de la première partie qui éclaire ses enjeux-. Et toutes ces scènes speedées s'intègrent dès lors parfaitement à un ensemble plus contemplatif. Le film peut alors devenir l'alliage improbable de la furie du wu xia pian et de la profondeur thématique d'une grande fresque.

Formellement, outre les combats, le film est un véritable enchantement: cadrages au cordeau, vrai sens de la durée, ampleur de réalisation digne du cinéma à grand spectacle de l'ère hollywoodienne classique, sens inoui du paysage et de la nature comme caisse de résonnance des pensées et des émotions des personnages-la discussion près de la mer, les scènes dans le désert-, belle photographie bleutée des scènes de nuit, caméra cheminant dans un marché, zooms se focalisant sur les personnages. Si la direction d'acteurs est d'un bon niveau d'ensemble quoiqu'Ann Hui ait déjà fait bien mieux, cette dernière réussit à tirer de ses acteurs et actrices quelques moments poignants de lassitude et de pathétique dont elle a le secret. Alors qu'elle a toujours été douée pour élargir les vents agitant ses héros aux dimensions de toute l'Asie du Sud-Est, ici la tragédie d'un pays et de ceux qui l'agitent se retrouve élargie aux dimensions du monde.

Si Ann Hui a encore une fois raté de peu le film parfait, il reste que son ambition dans une fresque à gros budget fait honneur au cinéma de Hong Kong et que son incursion dans le wu xia pian demeure bien plus convaincante que son film d'action Zodiac Killers. Alors que l'on croyait avoir fait le tour des oeuvres majeures de l'age d'or, ce film vient nous rappeler que le patrimoine cinématographique hongkongais recèle encore de belles pépites à découvrir. Une petite consolation en ces temps de vaches maigres...



19 août 2002
par Ordell Robbie


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