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Printemps, Eté, Automne, Hiver... et Printemps

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les avis de Cinemasie

9 critiques: 3.64/5

vos avis

58 critiques: 3.81/5



drélium 2.5 Beauté glaciale mais ça sent le réchauffé à 15000 !
Elise 4.5
Ghost Dog 4.25 Une somptueuse parabole métaphysique
Junta 3.75 Très beau film, mais cela n'empêche pas une pointe d'ennuie d'apparaître.
MLF 3.5
Ordell Robbie 2 Maturité ennuyeuse
Tenebres83 4.5
Xavier Chanoine 4 Vivre et mourir. Le cycle de la vie selon Kim Ki-Duk.
Yann K 3.75 Kim Ki-duk prend de la hauteur. Un virage interessant dans sa filmo.
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Une somptueuse parabole métaphysique

A partir d’un postulat de départ pratiquement identique à celui de The Isle, à savoir une habitation en plein milieu d’une étendue d’eau uniquement accessible par bateau, Kim Ki-Duk compose une fable bouddhiste magnifique sur les différentes saisons de la vie et s’impose par là-même comme l’un des réalisateurs internationaux les plus intéressants à ce jour. La dimension contemplative du décor naturel choisi a beau être au centre du film et de la réflexion, la mise en scène n’en n’est pas moins vive et rythmée, KKD multipliant les angles de vue au fil des saisons qui se succèdent ainsi que les évènements aussi riches que variés venant pimenter la vie des personnages évoluant sur ce temple flottant. Hymne à la vie, à l’apprentissage (cf. le clin d’œil à The Isle ou Address Unknown lorsque certaines tentations de tortures d’animaux se convertissent en leçon à méditer), à la sagesse et à l’humilité, Printemps… nous offre une vision du monde certes cruelle, mais surtout lucide et juste : en substance, l’enseignement bouddhique doit être confronté à la réalité du monde pour être pleinement compris (le départ du jeune moine vers la ville s’avère tragique, tout comme dans Samsara), toute faute mérite punition et repentance (les policiers venus arrêter le jeune moine sur le temple le laisse terminer son exercice difficile de purification avant de l’embarquer), chacun porte sa croix et doit se montrer digne de sa présence sur Terre (la montée finale de la colline sublimée par une musique à couper le souffle), tout en sachant qu’elle n’est qu’un passage (la fin « maîtrisée » du vieux moine).

Allant jusqu’à interpréter lui-même le rôle final, KKD réalise comme il le dit une « pause respiratoire », dans sa filmographie comme dans sa vie, permettant de prendre quelques instants de réflexion et de repos avant de replonger de plus belle dans le monde. Assurément l’un des plus beaux films de Deauville 2004.



13 avril 2004
par Ghost Dog




Maturité ennuyeuse

Ce Kim Ki Duk qui sortira bientot en France permet de revenir sur un des gros clichés critiques de ces derniers mois, celui de "film de la maturité", ce Saint Graal de la cinéphilie d'auteur qui sanctifierait une bonne fois pour toutes les cinéastes devenus "adultes" et "assagis" en jetant par dessus bord certains effets de signature chéris de leurs fans les empechant d'évoluer artistiquement. C'est ainsi que Big Fish, le dernier Burton monumentalement surchargé de bons sentiments, s'est retrouvé proclamé par la critique "Burton de la maturité". Mais en quoi cet assagissement devrait-il etre un passage obligé pour les cinéastes de plus de 40 ans? Faut-il vouer aux gémonies un Imamura de plus en plus porté sur le cul avec les années ou un Fukasaku qui réalise juste avant de mourir un Battle Royale explosif qui donne à une partie de ses admirateurs des airs de vrais papys -à coté le Burton cité plus haut fait d'ailleurs figure de film de préretraité-? Ces deux-là prouvent en tout cas vieillir comme un bon vin sans mettre de l'eau dans son vin. Qui plus est, cette idée de la maturité artistique n'est en rien une problématique typiquement cinématographique, elle est importée d'autres arts de meme que le vieux et ridicule débat style contre substance. Quand finira-t-on de juger le septième art avec le cours de français de terminale dans le rétroviseur?

Mais revenons-en au Kim Ki Duk cuvée 2003 qui ferait un bon candidat au titre de "Kim Ki Duk de la maturité": un film où le cinéaste essaie d'imposer une seconde manière moins provocatrice en apparence -des tranches de vie dans un temple bouddhiste au fil des saisons, un traitement plus retenu et parfois comique- tout en essayant de rester fidèle à ses obsessions et à certains de ses effets de signature -la violence faite aux animaux, l'attirance homme/femme dépeinte comme un désir primitif, le temple au milieu d'un étang évoquant les habitations de the Isle-. Il était d'ailleurs opportun que le cinéaste essaie d'évoluer après un Bad Guy film bilan en meme temps que révélateur de ses limites en tant que cinéaste et un Coast Guard décevant à force de surplace peu inspiré. Sauf que les solutions formelles utilisées par le cinéaste pour filmer la vie dans un temple bouddhiste tiennent du cliché visuel d'un certain cinéma de festival -plans larges distants, moments contemplatifs-, c'est joli, très bien cadré mais aussi terriblement anonyme et plat.

Surtout que chez d'autres cinéastes (Haynes, Kitano) les changements de saisons étaient l'occasion de construire un projet de mise en scène audacieux. Le choix d'une approche minimaliste -peu de dialogues- est aussi trop attendue au vu du sujet. Quant à la souffrance des animaux (un animal pour chacun des cinq chapitres saisonniers), elle se retrouve investie de la symbolique à gros sabots du fardeau porté par l'individu. Lorsque le cinéaste essaie d'employer l'humour pour faire passer sa thématique ce dernier rate sa cible. Certaines ellipses narratives du film laissent des trous tellement béants qu'elles empechent d'adhérer émotionnellement à ce qui est raconté: ce défaut d'opacité des motivations des personnages était compensé par l'investissement des acteurs dans les films précédents du cinéaste, plus ici ce qui fait qu'on a du mal à se sentir concerné par leurs évolutions au fil des saisons. Le personnage féminin créateur de tentation est fade, les flics de la seconde moitié du film sont caricaturaux et lorsque le film revient un peu à du Kim Ki Duk plus classique -le fait divers où les motivations du tueur sont développées insuffisamment- cela fait parachuté dans le récit. Le score oscille quant à lui entre pastiche hisaishien tout juste écoutable pour le meilleur et chant religieux assourdissant pour le pire. Si Kim Ki Duk ne rentre pas dans le rang thématiquement reste que c'est la cas formellement et ce film franchissant la frontière entre classicisme et platitude formelle a tout du "film de festival" qui triompha d'ailleurs à Locarno et San Sebastian et fut même présenté par la Corée pour la sélection pour l'Oscar du meilleur film étranger. Les grands thèmes du cinéaste sont là mais l'inspiration n'est plus là.

Alors que Kim Ki Duk a été récemment primé à Berlin pour un film annoncé comme un retour à sa veine ancienne -film de la crise de croissance?-, cela fait malgré tout déjà trop longtemps que cet auteur coréen autodidacte n'a pas réussi à dépasser ses limites en tant que cinéaste. Alors que Lee Chang Dong a abandonné (provisoirement?) la caméra pour l'action politique, 2004 permettra de voir si d'autres auteurs coréens confirment mieux sur la durée.



13 avril 2004
par Ordell Robbie




Vivre et mourir. Le cycle de la vie selon Kim Ki-Duk.

Le cycle de la vie selon Ki-Duk aussi simple et beau soit-il. Le cinéma apporte parfois de bien belles choses, comme cette fabuleuse carte postale apportée par le vent et qui atterrit juste ici, devant nous, en état de parfaite zenitude. Printemps, été, automne, hiver...et printemps est une oeuvre travaillée, simple et pourtant pleine d'intelligence, évoquant par l'intermédiaire de pancartes le temps qui passe, les saisons qui défilent, et les comportements qui changent.

Au printemps, le vieux moine suit pas à pas l'évolution de son disciple qui enchaîne gaffes sur gaffes. Des gaffes prétextes à des situations d'une étonnante beauté et porteuses de messages très bouddhistes dans leur construction. Par exemple lorsque le disciple s'amuse avec les animaux en leur attachant des petits cailloux, il ne se doute pas qu'ils souffrent malgré le côté "amusant" de l'expérience. C'est pourquoi le vieux moine lui infligera le même "supplice" en guise de leçon. En été, le disciple a bien grandit et va se lier d'amitié avec une jeune malade, jusqu'à découvrir la sexualité avec cette dernière, théâtre de situations aussi rigolotes que maladroites. Un des meilleurs "segments" du métrage. L'été est plus grave. L'hiver, beaucoup plus onirique. Des séquences d'une dureté formidable, mises en scène avec un grand sens de l'étrangeté pour qu'elles paraissent plus "belles". Juste quelques images, de la retenue avec une intéressante utilisation du hors champ et quelques notes de musique pour accompagner l'ensemble. La simplicité est le maître mot de Kim Ki-Duk, qui s'adjuge d'une étonnante participation pour le segment hivernal. Un segment finalement douloureux, avec le dépassement de soi et une véritable remise en question aussi physique que mentale pour un disciple ayant traversé toutes les barrières de la raison. La passion et la mort.

Printemps, été, automne, hiver...et printemps est donc à découvrir pour son aspect dépaysant, calme et emprunt de sincérité, retraçant avec brio le cycle de la vie, de l'enfance à l'adolescence jusqu'à la vieillesse et à la sagesse. On pourra toujours pester sur l'absence de rythme et le manque de consistance (difficile d'éviter cette donne au vu du script), mais Ki-Duk a su renouveler son style et mettre de côté sa rage évocatrice d'une Corée bancale, pour s'attarder d'avantage sur les choses simples de la vie tout en apportant un nouveau souffle au film zen. Beau, triste et parfois étonnant de justesse, Printemps, été, automne, hiver...et printemps est un chef d'oeuvre.



24 décembre 2006
par Xavier Chanoine


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