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Real Fiction

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 2.25/5

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13 critiques: 2.62/5



MLF 4 un incontournable
Ordell Robbie 0.5 Expérimentation fumeuse
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


un incontournable

Un jeune artiste vit en vendant des portraits qu'il peint dans la rue. Seul, renfermé, Real Fiction témoigne des sentiments qui l'habitent. Plus que jamais ou comme à son habitude, Kim Ki duk, parle de lui-même, de la différence qui l'habite et qu'il ressent au quotidien.

Comme à son habitude car le héros de cette " fiction réelle " est un marginal que la société marginalise. Il est en dehors de cette mécanique sociale qui lie les gens. Silencieux comme les deux protagonistes de L'Ile, victime volontaire comme la jeune fille de La Porte bleue, ténébreux comme le bad guy, enclin à des pulsions incontrôlables comme le soldat de CoastGuard, unique comme le métis de Address Unknown. Et il est évident que si les qualificatifs attribués à chacun de ces personnages peuvent s'inter changer c'est parce qu'ils se complètent et ne dessinent qu'une seule et même personne. Personne dont la personnalité était éclatée dans Address Unknown.

Bien plus que jamais Kim Ki duk parle de lui-même, peut être plus ouvertement. Il n'y a rien de difficile à le reconnaître dans les traits de ce jeune artiste ambulant. " Tu étais dans la marine ! " lui dit le boucher vers la fin du film. Difficile de se sentir différent dans une société qui ne supporte pas les différences. Bien sûr, il ne faut pas voir ici un discours montrant du doigt la Corée, mais bien comme Kim Ki duk le confiait dans son interview une peur de l'autre bien plus large. Ce dont il s'agit c'est de xénophobie, de cette peur, de ce rejet de l'autre. " T'es pas de ma bande " disait Renauld. C'est La Guerre des boutons, cette incapacité humaine à accepter l'autre dans sa différence et non sa ressemblance. Inutile d'insister plus, chacun aura compris ce discours essentiel qui marque l'œuvre du moins estimé des réalisateurs coréens (à un niveau national).

Comment construit-il son discours ! C'est dans une altérité schizophrénique que la souffrance se transforme en violence. La séquence du théâtre est en ce sens une pure merveille. " Trouillard, reste là, boit avec moi et soit mon contraire ! ". S'exclame l'autre, l'acteur, l'alter. Le dispositif alternant la caméra fixée en position de spectateur de théâtre (cf : Panovsky) et ce témoin-caméra qui apparaît comme par magie, accentue l'idée du jeu, de la représentation théâtrale et du symbolique. Nous n'assistons pas à quelque chose de réel (dans la fiction), mais bel et bien à un enjeu plus intime du personnage qui va faire basculer la diégèse.

Le titre est en ce sens très beau: Real Fiction. Sans s'appesantir trop dessus, je ne peux m'empêcher de souligner mon affection pour ce choix. C'est en effet réellement une fiction, une fiction dans la fiction, une échappée mentale qui permet de tenir et qui devient par là même tout à fait réel ou réaliste pour chacun. Qui n'a jamais fantasmé des événements que la réalité ne permet pas ? Cette idée empêche tout discrédit du personnage, car le fantasme l'empêche de tomber dans un passage à l'acte qui le désignerait comme fou, tellement semblable à autrui, à l'alter ego.

Et c'est bien dans l'altérité, la rencontre de la peintre que le calme revient et que le rêve se dissipe. Real Fiction mécontentera à coup sûr ceux qui passent à coté de cet aspect, cette question de l'identité par rapport à autrui car il ne leur restera qu'une violence inconsciente et stérile à supporter sans que rien ne leur soi apporté. Cependant, Real Fiction, par sa sobriété et son efficacité, apparaît comme fondamental dans l’œuvre de Kim Ki duk.



17 janvier 2005
par MLF




Expérimentation fumeuse

Tourné entre L'ile et Address Unknown, Real Fiction donne l'impression d'un film réalisé par un scénariste de Julie Lescaut qui se prendrait pour Abel Ferrara. Car le thème du film -je me venge de mes frustrations en zigouillant tout le monde- évoque les revenge movies seventies. Sauf que la profondeur est ici très loin de celle des classiques du genre. La seule idée intéréssante de cette "performance" est la présence de la fille à la caméra suivant le meurtrier en permanence. Cette idée rappelle le superbe Glamorama de Brett Easton Ellis mais dans son livre Ellis faisait intervenir l'idée de direction d'acteur, de mise en scène de la réalité qui est absente de ce (trop) long récit du tournage d'un quasi-snuff movie.

Un thème mal traité par le film est justement la frontière fiction/réalité: dans la première scène du théatre, ce qui est joué renvoie à des situations aussi riches psychologiquement et émotionnellement qu'un Stallone années 80; certaines situations (la bouchère lubrique, le sexe dans un magasin de fleurs, la morte nue entourée de fleurs, le macho dans la boutique de comics, le serpent qui effraie tout le monde au bureau) puent la provocation bidon, le pétard mouillé à plein nez. Pour ce qui est de la réalisation, on est en plein dans la pire épate Dogma: caméras portées à tort et à travers, alternance digital/argentique ne débouchant pas sur une réflexion sur l'image comme dans le superbe New Rose Hotel. Les zooms rapides évoquent une mauvaise digestion des figures de style de la série B. Les acteurs n'arrivent jamais à jouer juste et leur jeu excessif ne fonctionne jamais.

Cette expérimentation vaine a pour seul mérite d'etre atypique dans la filmographie de Kim Ki-Duk et ainsi de mettre d'autant plus en valeur L'Ile et Address Unknown : s'ils ne sont ni parfaits ni aboutis, ces derniers ont au moins le mérite de ne pas verser dans la poudre aux yeux auteurisante.



05 juin 2002
par Ordell Robbie


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