ma note
-/5

Roots and Branches

nombre de notes: 0nombre de notes: 0nombre de notes: 0nombre de notes: 0nombre de notes: 0nombre de notes: 0nombre de notes: 0nombre de notes: 2nombre de notes: 0nombre de notes: 0

les avis de Cinemasie

0 critiques: -

vos avis

2 critiques: 3.62/5

visiteurnote
chronofixer 3.75
le singe 3.5


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

ROOTS & BRANCHES est un film chinois relatant une histoire simple, belle et touchante. il s'agit de quatre freres et soeurs séparés pendant l'enfance et qui tentent de se réunir. le film est donc essentiellement composé de flashbacks de leur enfance. il convient de noter l'interprétation sans faille de tout les acteurs, même les enfants jouent avec un naturel saisissant. au casting on trouve entre autre CUI jian le rocker symbole de la génération tian an men, Jiang wu (vu dans SHOWER) le frere de Jiang wen et Gigi LEUNG. ROOTS & BRANCHES se situe donc en grande partie dans le passé (années 60 70) mais il est assez peu question de politique, la révolution culturelle est là malgré tout (le père "muté" car il apprenait les mauvaises chansons aux élèves) mais il s'agit plutôt de la description de la vie quotidienne d'une famille de l'époque. que dire d'autre? le film se regarde très bien malgré un manque d'entrain parfois, j'ai décroché à certains passages mais la performance des acteurs vaut le coup d'oeil si vous aimez le cinéma classique à la ZHANG yimou avec sa part dramatique et sentimentale.

02 avril 2005
par chronofixer


Un film émouvant et doublement documentaire

L'histoire 

A l'occasion de son passage en Chine pour diriger une série de concerts, une musicienne d'origine chinoise exilée aux USA depuis l'enfance tente de reprendre contact avec ses frères et soeur restés au pays (enfants d'un musicien envoyé en ré-éducation pour son amour trop large de la musique, les 4 frères et soeurs avaient été séparés à la mort de leurs parents et avaient depuis suivi chacun des chemins distincts). 

Le film
 

Bénéficiant d'une construction jouant adroitement sur des aller-retours entre passé et présent, "Roots and Branches" présente un double déroulement dont l'intérêt ne faiblit que sur la fin en aboutissant à un "happy end" un peu trop convenu. A l'avenant, la réalisation discrète et tout à fait propre se montre relativement efficace, manquant juste parfois de chaleur à des moments pourtant opportuns. Si on compare par exemple à des productions similaires d'un Zhang Yimou qui a toujours veillé à sublimer la partie humaine de ses oeuvres, on ne peut s'empêcher de ressentir ici un certain manque d'ambition ou comme une hésitation malgré (ou à cause de) toute l'application technique déployée pour faire de ce film un objet de qualité montrable au plus grand nombre. Par suite, c'est un peu le même sentiment qui viendra à l'esprit devant la performance exploitée des acteurs. Car en dehors de Cui Jian faisant ici ses débuts de comédien (dans Bâtards de Pékin de Zhang Yuan, sa précédente performance au cinéma en 1992, il n'était que son propre personnage, qui plus est de manière assez documentaire) et se contentant de se montrer renfermé en toute occasion sans vraiment trouver le ton juste pour son rôle, l'ensemble des acteurs fait preuve d'un bon niveau de jeu et parait plutôt bien dirigé. Pour autant, ce qui ressort de leur prestation semble toujours comme retenu pour finalement entrer dans une forme que je qualifierais de "tiède". Exception notoire malgré tout, les enfants qui ne se contentent pas cette fois de n'être que de mignons ou tragiques bambins. Ne montrant quand à eux aucune retenue entre jeu et drame ils portent pour ainsi dire la partie historique de l'aventure sur leurs petites épaules. 

De l'interprétation possible du film et de sa destination réelle...
 

Du fait de son origine (est-il nécessaire de rappeler que la Chine du XXIème siècle est encore un état sous haut contrôle idéologique ?...) et malgré ses qualités intrinsèques en tant que film, "Roots and Branches" se révèle aussi clairement porteur de parallèles, de symbolique et de suggestion (qui a dit "de propagande" ?!...) à l'intention de son spectateur. 

Suggestion tout d'abord par sa construction mettant en parallèle les temps passé et présent selon une alternance de péripéties et une mise en scène relativisant peu à peu les tracas de l'un comme de l'autre. Entre la froideur faussement dorée du temps contemporain et la misère chaleureuse du passé, l'ensemble tendrait ainsi à exprimer que ce passé difficile (et donc globalement les événements de cette époque) n'aura été qu'une épreuve différente et d'un tragique devenant tout relativisable. De même, partant de ce fait sombre de l'histoire chinoise que fut la révolution culturelle et bien que présentant une image réaliste peu enviable des conditions de vie de l'époque, il n'en soutient pas moins dés que possible que la bienveillance du Parti subviendra aux besoins des nécessiteux (qu'il y ait effet à la suite ou non) pour au final se clore au temps présent sur un happy-end larmoyant du meilleur ton dans lequel la patrie toute entière peut se réjouir des retrouvailles de ses enfants séparés par le temps et les distances. 

Symbolique et suggestion ensuite par le troublant parallèle pouvant être établi entre le sujet de l'histoire, son contexte politico-historique, et le vécu des interprètes choisis pour la représenter. A commencer par Gigi Leung, star de l'entertainment (cinéma, chanson) à Hong-Kong, choisie pour incarner Qi Sitian, musicienne expatriée malgré elle venant à la rencontre de ses racines familiales et patriotiques (les deux idéogrammes du mot "patrie", 國家 / guo-jia en chinois, pouvant être traduit littéralement par "pays maison" ou "pays famille"). Dans son aventure, ce serait presque un lieu commun de voir la formalisation symbolique de la rétrocession effective ainsi que la volonté de recentrage sur des valeurs de fierté patriotique communes pour tous les chinois... 

Mais le plus troublant à ce niveau est encore à voir du coté de Cui Jian, toute première idole rock de Chine Pop, figure emblématique du mouvement étudiant chinois de 1989 (sa chanson 一无所有/ "Yi Wu Suo You" / "Nothing to my Name" en devint l'hymne de fait) et quasiment interdit de représentation publique. Car si l'histoire du père (un musicien dont le parti a jugé le travail de mauvais ton) colle particulièrement à celle de son interprète star et rend son choix pertinent en soi, les relations passées pour le moins "rock n'roll" de ce dernier avec le gouvernement central ne le prédestinaient pas à jouer dans un film grand public aussi officiel. Qui plus est, l'acceptation de son sort qui transparaît dans le film pourrait aussi bien être vu comme une adroite manière de se concilier ses anciens fans et de les amener à entrer eux-aussi dans les rangs. La pertinence du choix de Cui Jian pour le rôle se teinte ainsi rapidement d'une légitime suspicion : volonté d'ouverture somme toute très contrôlée de la part du gouvernement ou accalmie opportuniste de la part de l'idole rebelle d'un temps maintenant lui aussi révolu ? Peut-être les deux, peut-être plus... Mais une chose est certaine : tout autre comédien de métier (et la Chine ne manque pas de talent à ce niveau) aurait-il été choisi pour interpréter le rôle, le film n'aurait probablement pas eut la même audience (je ne l'aurais probablement pas vu moi même). En même temps, que ce choix s'avère risqué car sujet à diverses controverses soupçonneuses (pour le film quant à son message comme pour Cui Jian quant à son image), là-bas, qui irait s'en soucier ?... 

Bref, alors que le remarquable Song of the Exile (Ann Hui – 1990) nous présentait selon un principe assez similaire la quête d'une personne partie à la découverte de son identité et de ses racines familiales, "Roots and Branches" donne plutôt l'impression inverse d'un pays tentant de renouer avec ses enfants (son peuple) dispersés (dans tous les sens du terme) en leur affirmant une identité patriotique commune. Et de ce message initialement adressé aux chinois de tous lieux, le spectateur occidental extérieur à cette histoire pourra quant à lui voir un double témoignage sur certaines réalités chez nous trop souvent dépeintes en mal sans véritable nuance autant que sur les orientations de la Chine contemporaine. 

Verdict
 

Techniquement, "Roots and Branches" est un film bien construit dans sa majeure partie et réalisé avec un soin qui n'a que le défaut de se montrer trop appliqué à rester modeste et/ou accessible. Idéologiquement, il est tout à fait représentatif de son origine et de son époque : le cul entre deux chaises, entre la volonté de s'ouvrir bon gré mal gré et celle de préserver ses intérêts internes futurs par une forme moderne de propagande suggestive. Quoi qu'il en soit, doté d'un histoire émouvante, correctement interprété et filmé avec un certain goût, il se regarde au moins sans désagrément et mérite ne serait-ce qu'une vision à titre documentaire pour se faire sa propre idée sur le sujet. 

A noter que le film est adapté d'un roman de même nom (我的兄弟姊妹 / "Wo de xiong di jie mei" / "Mes frères et soeurs") écrit par Yang Yu et qu'il a été ré-adapté en série pour la TV en 2004.



30 mai 2006
par le singe


achat
info
actions
plus