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Le Sabre

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les avis de Cinemasie

3 critiques: 4/5

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22 critiques: 3.8/5



drélium 4 tradition et modernité
Ordell Robbie 4 Sabre infernal
Xavier Chanoine 4 Misumi signe un film contemporain moralisateur efficace
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tradition et modernité

Film très particulier au sein de la trilogie du sabre de Misumi, "Le sabre" n'est pas un chambara mais un drame psychologique qui met en scène deux jeunes hommes passionnés de Kendo qui vivent leur art d'une manière tout à fait différente, l'un étant sur la voie traditionnelle, rigoureuse, drastique, spartiate même, l'autre s'accommodant parfaitement de l'époque, une influence occidentale envahissante qui flirte bon le swinging tokyo et la libération des moeurs. La pureté du premier, sa simplicité, sa force, dérange le second, attise sa jalousie, et le pousse à mettre en doute son authenticité qu'il préfère prendre pour une simple façade. Le groupe, l'école est l'élément central autour de ces deux capitaines d'équipe qui s'entraînent pour gagner le prochain championnat. Suite à un choix du maître de l'école, Kokubu (Ichikawa), plus discipliné, est promu capitaine de l'équipe, et Kagawa est choisi pour le seconder ce qui le pousse encore plus à mettre en doute son hygiène de vie soit disant irréprochable.

 

Le thème est fort, Ichikawa est parfait dans son personnage d'un seul bloc. C'est un être sans une égratignure, saint, même aux yeux de son maître, illuminé par le soleil qu'il vénère comme la justice ultime, mais aussi un être froid et rigoureusement hermétique qui ne s'accorde aucun autre plaisir que le kendo et surtout aucune faiblesse qui le rendrait finalement plus humain. Le stage d'entraînement effectué dans un décor de rêve, mer et plage à portée de mains, est mené de mains de fer par Kokubu qui impose à ses recrues un travail acharné plus ou moins accepté par le groupe mais surtout dénigré par Kagawa. Celui-ci tente au maximum de liguer les autres et de faire redescendre Kokubu de son piédestal, lui qui ne veut finalement que partager avec ses élèves l'accomplissement engendré par la souffrance et la perfection qu'il recherche dans son art.

Sa fin brutale, ce noir et blanc oppressant, magnifique, cette jeune femme qui tente de séduire l'imperturbable capitaine, ce jeune élève, Mibu, qui sait que son modèle ne peut tricher, qu'il est au dessus de la banalité ambiante, ce sous capitaine, envieux, incrédule, libéré et pourtant fasciné et aussi frère de Kokubu ; Tout cela donc est très particulier, riche en messages et maîtrisé de bout en bout sans pour autant rechercher une fulgurance esthétique de chaque instant, moins primordiale que dans "Tuer".

Reste en fait l'implication du spectateur qui devra lui aussi trouver assez de sympathie à ce capitaine pour passer outre sa rigueur, sa quête futile et essentielle à la fois, cette recherche de la force disciplinaire du passé dans son présent, mais aussi son refus de l'avenir et du moindre projet, sa négation de la vie en somme, hormis son rêve de gagner ce fameux championnat.



01 mars 2005
par drélium




Sabre infernal

Ayant déjà évoqué les grands thèmes de l’œuvre de MISHIMA Yukio et les contradictions du personnage dans notre avis sur Le Pavillon d'Or, nous n’évoquerons pas ici la dimension thématique de cette adaptation d’une de ses nouvelles par Misumi Kenji. SPOILERS Mentionnons juste un suicide final prémonitoire concernant Mishima. Kokubu se suicide parce qu’il n’a pu être à la hauteur de son idéal. Et paradoxalement il devient alors intouchable pour tout le groupe, forçant le respect de ceux qui étaient sceptiques à son égard. C’est dans la mort qu’il accède au statut de modèle espéré de son vivant. FIN SPOILERS

Artisan inspiré ici, Misumi déploie tout son talent pour trouver des solutions formelles et narratives faisant écho aux grandes thématiques de l’univers de l’écrivain. Les contradictions et les limites de l’entreprise de réactivation de Kokubu se matérialisent ici parfaitement dans le travail de Misumi sur le cadre. C’est le plan d’ensemble qui donne à voir l’effort du groupe vers une certaine ascèse, une maîtrise de soi, une rigueur militaire. Cette application rigoureuse de la discipline trouve également un écho dans le travail sur le premier plan et l’arrière-plan. Lorsqu’un des membres du groupe est puni par le chef et doit rester immobile et assis, il se retrouve mis au premier plan tandis qu’on devine grâce à l’arrière plan les montrant en partie les autres élèves qui s’entraînent avec une parfaite discipline. Et lorsque le projet de Kokubu se met à dérailler, c’est encore le plan d’ensemble qui donne à voir l’esprit de corps en train de se fissurer. Lors de la scène des pompes, le découragement, la perte de repères s’incarnent de plus dans l’usage de coups de zooms avant et arrière alternés pointant vers le sol et se substituant au regard des personnages fatigués.

La mise en scène, le montage et le travail sur le son font également très bien écho à la tension discipline/dérèglement à l’œuvre chez Mishima. Lorsqu’une jeune fille occidentalisée désirant Kokubu raconte au rival de ce dernier une prétendue aventure avec lui, l’utilisation de coupures de son brutales, l’alternance entre plans rapprochés des passagers et plan large de la voiture dans son environnement créent une impression d’étrangeté, de décalage avec le classicisme formel du reste du film. Et son arrivée au stage est annoncée par l’envahissement de la piste son par un score semblant provenir d’une radio qui couvre les chants du groupe conduit par Kokubu. De même, si la narration et le travail sur le cadre tendent vers un certain classicisme, le montage coupe parfois brutalement certaines situations avant qu’elles ne soient totalement développées. Et il n’hésite pas non plus à créer des trous narratifs.

Formellement, le Sabre n’est néanmoins pas aussi constant dans sa précision qu’un Tuer. Narrativement, le film souffre même de quelques petites baisses d’intensité ici et là. Mais outre les qualités déjà mentionnées la remarquable d’intensité des scènes d’entraînement tire le film vers le haut. Intensité d’ailleurs obtenue non par la lenteur du montage de ces scènes-là mais par la seule énergie déployée par les acteurs. Quant à Ichikawa Raizo, son jeu incarne parfaitement les contradictions du double littéraire/filmique de Mishima qu’il campe ici brillamment. Et le Sabre de s’ajouter aux grandes réussites artisanales du cinéma japonais.



01 mars 2005
par Ordell Robbie




Misumi signe un film contemporain moralisateur efficace

Plus réputé pour les aventures de son masseur et sabreur aveugle que pour ses combattants du Kendo, Misumi signe avec Le Sabre une belle plongée dans l'insoumission, le respect et l'acharnement au travail. Car à vrai dire, le Kendo ici n'est que l'image ou la représentation plus concrète de la société japonaise impliquant rigueur et sacrifices, mais aussi punition et traditionalisme féodal dépassé. D'ailleurs, Misumi ne fait pas preuve d'hésitation ou de quelconque retenue dans sa démarche de dénonciation des anciennes valeurs et traditions japonaises puisqu'il fustige les réactionnaires (Kokubun) en leur signant un arrêt de mort, mais cette mort reste digne dans tous les cas puisque le principal concerné aura livré tout son temps à l'art du Kendo, quitte à paraître renfermé sur lui-même (les tentations de la jeune femme sans effet sur lui en est l'exemple le plus parfait).

Il est intéressant de voir aussi à quel point Misumi confronte les vieilles valeurs dépassées et la société en plein pic de modernisation, où les punitions les pires qui soient côtoient les danses de twist, les ballades en voiture décapotable et les plans dragues à la sauvette. Pourtant, les techniques de mise en scène respirent encore le conformisme et la rigueur absolue du cinéma de Misumi, filmé dans un noir et blanc somptueux, le cinéaste alterne les cadrages serrés, les séquences en premier champ/second champ dans un même plan avec brio (la punitions de Mibu, face au mur, avec les combats de Kendo dans son dos), les travellings pour souligner l'action et les nombreux panoramas paysagers pour donner un supplément de pureté et de naturel dans un cercle où seuls rigueur et acharnement son les maîtres mots. Du grand cinéma et par la même occasion, du grand Misumi.

18 août 2007
par Xavier Chanoine


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