Autour de petites mains qui cliquaient pour digitaliser le bouzin, la production a oublié de mettre une équipe de film
Premier projet coréen en 3D relief, Sector 7 n’est pourtant même pas un film tellement c’est nul. Loin de nous l'idée de dénigrer le principe du relief, mais le film fait l'unanimité contre lui, cela vaut le coup de ce pencher sur le naufrage. La chose est aussi informe que son monstre en 3D pourchassant les personnages dans les couloirs d’une plateforme pétrolière.
D’un pur point de vue technique 3D, pourtant, ça tient la route. Le relief est parfois bien exploité dans les séquences sous-marines (c’est un peu « bonjour les petits poissons ! »). Le monstre vaut à peu près, là encore juste techniquement parlant, celui de
The Host (2006) . Le problème, monstrueux, est qu’autour des petites mains qui cliquaient pour digitaliser ce berzingue, la production a juste oublié de mettre une équipe de film. Un film, vous savez les gars, le truc avec un scénario, des acteurs, et un mec qui coordonne le tout ? On m’a raconté que le mixage sonore s’est fait en quelques heures, et a été bouclé le matin même de la sortie en salles. Tout a dû être ainsi torché. L’affiche et le trailer du film font espérer une ambiance Abyss/Alien. Reconnaissons au film qu’il n’essaye même pas de nous mentir sur ce point : dès les premières secondes sous l’eau, on oublie Abyss et on voit venir, gros comme un Titanic, le naufrage.
Comment peut-on claquer autant d’argent pour faire juste un pitoyable drama télé? Car le film est d'abord visuellement atroce. Pitoyable, parce que les acteurs, hystériques sans conviction, font des vannes atterrantes au milieu de combats ridicules avec le monstre en 3D. Lequel est à l’image du film : informe, sans personnalité, soulant, à part des espèces de filaments. Rien à voir avec les créatures de The Host, Alien, Super 8, parfois bouleversantes. Risible, encore, lorsque ça essaie de faire peur mais qu’il n’y a pas deux plans montés correctement, pas une notion de suspense. La bête baveuse apparaît plein écran au bout d’une demi heure, sans aucun sens de la suggestion que tout réal apprend en regardant Alien (ou avant, les séries B). Après cinq minutes de monstre on s’ennuie déjà. Au bout d’une heure, on a compris qui est le méchant, et on se doute que Ha Ji-won va s’en sortir (en moto, oh qu'elle conduit bien!) parce que bon, elle a pas touché le plus gros cachet pour des nèfles. On avait déjà assez perdu de temps, on a quitté la plateforme pour voir des vrais gens en 4D.
Ce ratage est encore pire que
DVD Haeundae (Edko) , le drama à deux wons de 2009, qui se souvenait toutes les vingt minutes qu’il devait aussi raconter une histoire de tsunami. Ces projets sont faits pour plaire à un public local, supposé débile et sans culture du genre (sauf que, les gars, qui n’a PAS vu The Host en Corée ?). Ils ne se distribuent pas à l’étranger, car si les vendeurs attrapent bien le gogo avec une bande annonce qui tue, sur le mode « oui, on sait faire de la 3D en Corée », après le distributeur voit le produit fini, et : « Ouais mais il est où, ton film ? » Haeundae avait marché en Corée parce que le public n’avait rien à se mettre sous la dent l’été de sa sortie. Mais cette année, c’est différend : dès sa sortie, Sector 7 a été massacré par la critique et les spectateurs. Parce qu’on ne la fait plus à un public coréen plutôt mieux éduqué que la moyenne mondiale.
Sector 0!
j'ai hésité un moment avant de mettre une critique sur ce film, pensant dans un premier temps que ma note, ce magistral 0 vaudrait toute une critique. Mais j'ai décidé de faire seulement une critique d'un spectateur lambda qui comptait passer un bon moment en regardant Sector 7 et qui au final a perdu 1h40 devant une nullité. Des effets spéciaux médiocres, un monstre gluant mi-Alien mi-Worm (vous vous souvenez des gros vers géants dans Beetlejuice et ben voilà!), un scénario déplorable et des jeux acteurs à faire pleurer, Ha Ji-Won en tête qui surjoue, surjoue et resurjoue pour le coup on lui payerait bien des cours de comédie et d'ailleurs on en payerait à tout le casting même au monstre numérique qui les poursuit pendant plus d'1h. Au bout de 30 min, j'en suis venue à souhaiter qu'il les tue tous très rapidement pour m'éviter le supplice d'avoir à endurer l'heure suivante. Tant d'argent dépensé pour si peu. En bref, en ce qui me concerne un film à oublier au plus vite.
23 novembre 2011
par
JUKA