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Alone in the Night

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Xavier Chanoine 4 Polar pré-Gonin de valeur
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Polar pré-Gonin de valeur

Le mangaka Ishii Takashi ne fait pas de son Alone in the Night qu’un simple film à vignettes. Certes elles sont bien là, mais soulignent ainsi le caractère très personnel de l’œuvre du Ishii dessinateur et réalisateur de longs-métrages. Ce n’est pas pour rien que le regard du cinéaste et de son chef opérateur se détourne vers des détails véritablement chargés de sens : un regard empli de vengeance –ou de douleur, une lame de couteau brillant au clair de lune ou à la lumière des néons, un flingue prêt à être déchargé, des flocons, un costume blanc maculé de sang, tous sont cadrés de main de maître parce qu’ils ne sont pas, justement, que de simples détails. Ils participent au caractère émotif de l’œuvre, à son aboutissement formel ; des réels éléments narratifs. Mais derrière cette influence manga propre à son auteur se cache un superbe film noir désespéré, utilisant par petites touches ces mêmes éléments visuels pour donner une identité au film, identité qu’il ne lâchera pas jusqu’au dernier souffle.

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Alone in the Night a beau être un spectacle visuel remarquable, il est avant tout un film de personnages. Et quels personnages : une Nami de fiction transcendée par le jeu incandescent, brutalisé, sensible d’une Natsukawa Yui débutante et pourtant tellement forte. Le cinéaste lui fait subir la mort de son mari infiltré, le viol de ses supposés bourreaux (qui prendront le soin de renverser l’urne contenant ses cendres), la prise d’héroïne qui la fera basculer dans l’addiction et la folie (entrainant deux ou trois séquences absolument intenses), avec cette idée de revanche permanente qui l’habite, qui lui donne cette raison de vivre suite à sa tentative de suicide entravée par l’un des proches du chef yakuza traqué par la jeune femme. Cet homme qui n’est autre que le formidable Nezu Jinpachi (acteur régulier chez Ishii depuis Moonlight Orchid en 1991) qui incarne ici un Muraki à la fois ange protecteur et destructeur de Nami, renfermant plus d’un secret. Deux personnages écrits avec le talent que l’on est en droit d’attendre d’un petit maître de la fiction.

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Car sous ses airs de polar ultra-réaliste (les motifs du flic infiltré étrangement assassiné et du personnage bien décidé à se venger n’appartenant pas exclusivement qu’au registre de la fiction), Alone in the Night donne tout son sens au facteur « fiction », utilise le cinéma comme pur produit narratif et prisme dégageant les thématiques chères au cinéaste. Il est en soit un pur film d’auteur –appellation pas uniquement réservée aux films dits « chiants », on est d’accord-, une œuvre qui peut ressembler à d’autres mais qui reste au final bien personnelle, où l’anéantissement se mêle à l’héroïsme, au tragique. Comment ne pas voir en Alone in the Night un polar « différent », notamment par ses percées surréalistes (le réveil de Nami), son atmosphère bleutée confinant au rêve (la séquence du bain publique), son temps parfois suspendu (les crises de folie de Nami dans le repère désaffecté), ces flocons qui se mettent à tomber au moment où Nami et Muraki se mettent à faire l’amour, toujours baignés dans une lueur bleutée scindant le cadre en deux. On n’est pas loin du paradis, alors que l’on baignait dans la flotte mêlée à la pisse le plan d’avant. Ishii Takashi n’est plus alors qu’un petit maître de la fiction, il est metteur en scène, grand metteur en scène. Et la suite? C'est juste Gonin.



01 février 2011
par Xavier Chanoine


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