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The Loner

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Xavier Chanoine 0.5 Un vrai et beau naufrage
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Un vrai et beau naufrage

Ce qui est drôle avec cette arnaque d’un soir, et ce qui est par la même occasion d’autant plus frustrant, c’est que jamais l’œuvre de Park Jae-Shik n’arrive à la cheville de ses ambitions thématiques et formelles donnant ainsi à ce Single ou Alone ou The Loner ou Hikikomori (vous avez le choix) un cachet d’ensemble désespérant. Au départ le thème du renfermement aurait put aboutir à un résultat d’excellente facture, le thème de l’hikikomori se faisant encore assez rare aujourd’hui si l’on excepte le sketch de Bong Joon-Ho pour le triptyque Tokyo ! Rapidement, l’hikikomori au Japon est un terme désignant toute personne ne sortant pas de chez elle, restant ainsi cloitrée des jours, des semaines, des mois (toute une vie ?) sans voir le jour. Ici, Soo-Na est la victime de ce syndrome suite au suicide de sa meilleure amie, Ha-Jung, humiliée et bizutée par ses camarades de classe, qui après avoir vainement tenté de voler des sous-vêtements sous la pression de ces dernières, se fera tabasser par la patronne qui l’humiliera ainsi en public. La jeune fille en finira avec la vie en se jetant sur les railles. Soo-Na vit chez son oncle suite à une crise familiale et se cloître dans ses appartements suite au décès de son amie. Son oncle est fiancé à une psychologue qui étudie justement le cas des hikikomori, cette dernière va alors essayer d’en savoir plus sur le changement de comportement soudain de Soo-Na, cette dernière ne donnant des signes de vie qu’à de rares moments, instants propices à montrer une certaine démence due à une présence mystique. Le fantôme de sa meilleure amie règnerait-il sur les lieux ? Ou est-ce une autre présence encore, plus terrifiante, qui serait la cause d’un étrange secret de famille ?

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Ce qui est assez amusant il faut le dire, dans the Loner, c’est qu’en l’espace de deux plans trois mouvements tout le monde se retrouve impliqué dans des évènements surréels qui ne semblent gêner personne. L’oncle de Soo-Na laisse aller sa nièce, sa fiancé enquête, ressent et assiste même à des choses particulièrement douteuses sans y prêter un minimum d’attention, la mère (aussi grand-mère) dans l’affaire joue les vipères de service en faisant régner sa tyrannie, rappelant à peine les méchantes vieilles dames des dessins animés de Walt Disney, un fossoyeur débarque pour quelques scènes histoire de dire bonjour à la caméra et proposer deux trois pistes à l’oncle qui lui aussi enquête en parallèle tout en restant impuissant face à l’acharnement de sa nièce. Il faudra bien un twist final à peine attendu pour mettre les choses au clair sur le silence de l’oncle quant au passé de Soo-Na, toujours plus utile que de donner des explications en rapport à la présence d’un fantôme rappelant étrangement les gosses de The Grudge aussi bien au niveau de leur apparence que dans la façon dont ils sont filmés. Personne ne se doute de rien, mais Soo-Na, recroquevillée dans sa piaule, semble agir en binôme tant le paranormal prime sur un simple enfermement façon hikikomori. Elle se tailladera les veines pour montrer à son « tuteur légal » qu’il faut respecter son autorité et la laisser tranquillement au chaud. Elle poussera la grand-mère du haut de son échelle, bien décidée à rentrer par la fenêtre de sa chambre, cette dernière se retrouvera rapidement les quatre fesses en l’air avant de reprendre des forces avec une pauvre perfusion. Dans d’autres films les chutes sont souvent fatales. On passera le nombre assez incalculable d’aberrations en toute genre décrédibilisant encore plus les bases forgées par un scénario pourtant prometteur.

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Prometteur, il l’était. Mais seulement sur le papier. Il faudra hélas attendre encore un peu pour voir un nouveau prétendant surpasser, par exemple, la série des Whispering Corridors dont on ne dira pas encore assez de bien de son deuxième formidable épisode. Les idées étaient là : la chambre de Soo-Na (ou même celle de Ha-Jung) est le théâtre d’atrocités le temps d’une ou deux séquences savamment gores, le sujet centré sur l’hikikomori aurait put aboutir à une réflexion intéressante sur cette « philosophie de vie » ou « maladie », les difficultés intrafamiliales pouvaient elles aussi laisser sous-entendre un malaise social, et bien que nenni ! Le cinéaste préfère purement et simplement virer au genre, sous-genre même du film de fantôme post-Ring en proposant une banale histoire de vengeance sous fond de crise familiale et d’amitié brisée. Mais en dépit de ses facilités et d’un style qui s’abandonne à une accumulation de poncifs en tout genre qui ne font plus peur depuis cinq bonnes années, The Loner transgresse dans le mauvais sens du terme les codes du film d’horreur et étale sur toute la longueur des plans entiers vus dans le cinéma d’horreur japonais. Ce qui faisait la force de ces farces et contes macabres n’est ici que poussière tant le genre a été rabâché depuis (ou dans le cinéma mondial comment Scream à lui tout seul a su décrédibiliser le genre slasher artisanal, celui de Bava ou de Cunningham qui n’étaient pourtant déjà pas bien crédibles à l’origine) et dégobillé par Park Jae-Shik en l’espace de moins de deux heures dans un pur souci de faire de l’horreur pour l’horreur. L’horreur n’est ici visible que par l’intermédiaire d’un mur où des visages y sont dessinés, deux trois séquences gores et la présence d’insecte hors-sujet censés représentant le mal ponctuent l’ensemble. Il n’est donc pas utile d’aller chercher le moindre effroi dans l’interprétation des acteurs tous navrants sans exception, ni même dans la mise en scène du cinéaste optant pour une photo sans éclat d’une banalité presque dérangeante, rappelant les téléfilms d’épouvante des années 90 qu’on voyait de temps à autre sur les chaînes hertziennes. Tout y passe, du meublier aux costumes, de la lumière utilisée (magnifique bleu) aux mouvements de caméra refusant toute pénétration du sujet, restant ainsi à l’état de simple outil de captation sans aucun regard derrière. Incompréhensible tant le cinéma d’épouvante coréen (et même son cinéma tout court) recèle de chef opérateurs particulièrement doués ou adeptes du tape-à-l’œil. Manque de pot on n’en a même pas non plus ici, l’ensemble est juste déprimant. A peine sauvé par une ou deux idées intéressantes, notamment dans la « complexité » de l’enfance de Soo-Na, The Loner n’a absolument aucun intérêt et se termine sans proposer au spectateur un ou deux niveaux de lecture/relecture possibles. Il se termine, tout simplement.



07 décembre 2008
par Xavier Chanoine


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