Malgré quelques longueurs, une bonne surprise
La "galaxie" Yamato n'étant pas parvenue en France, il est difficile de remettre ce film dans le contexte de l'historique de cette franchise (même si le livret dans la galette Wild Side le fait bien). Yamato, c'est à la base un série animée de Yoshinobu Nishizaki et Leiji Matsumoto (qui finirent en justice pour la répartition des droits) de 1974, qui a connu un certains nombre de suites, dérivées, voire même de réincarnations. 36 ans après, et pour la première fois avec des acteurs de chair et de sang, le space-opera se retrouve à nouveau sur le devant de la scène. Le pari est osé, les budgets mis en avant sont conséquents, et on peut dire que, dans son genre, c'est assez réussi. Dans son genre, parce qu'au niveau de la direction d'acteur, c'est du "dorama" : ça pleure, ça se touche sans se toucher, ça se révolte (pendant 10 secondes) et les discours de motivation ne sont jamais trop fréquents. C'est un genre, et si on ne s'y fait pas, l'expérience de visionage sera, à n'en pas douter, tout à fait désagréable (et visiblement, c'est le cas vu les autres critiques à l'heure actuelle). Et à cause de cet héritage absent dans nos contrées, on n'a le droit en France qu'à une sortie directement sur galette, avec en letmotiv "par le créateur d'Albator", alors que justement ce n'est pas la partie Matsumoto qu'on voit le plus, l'histoire originale pour ce film étant de Nishizaki, et à la production on retrouve le même Nishizaki (et évidemment, Matsumoto n'a pas du tout participé au film, les deux étant brouillés à vie d'une part cf. supra, d'autre part parce que Nishizaki est décédé en 2010).
Cette réserve sur le jeu des acteurs mise à part, le résultat est tout à fait honnête, effets-spéciaux et bande-son en tête. Le scénario pêche en partie par son héritage : basé sur la première série Yamato, beaucoup de choses se passent, certaines traitées assez succinctement, et ce malgré la longueur du film. D'un autre côté, c'est l'occasion d'explorer divers décors (Terre ravagée, ville souterraine, planète étrangère) même si l'essentiel de l'action se passe dans le Yamato lui-même, ponctué de combats spatiaux (et par la suite, sur le terrain) avec les ennemis du jour, des aliens fort peu sympathiques, dont l'avantage majeur est d'être tuables sans aucune arrière pensée, et c'est bien pratique. On retrouve donc les problèmes typiques du passage d'un mode feuilleton à un mode opus, avec les sacrifices habituels : de toute façon, on n'est pas dans une approche arts et essais, et au contraire dans une approche exploseur de bloc, qui a bien fonctionnée au Japon. En même temps dans ce genre, si ça échoue au Japon, la sortie à l'international est inutile.
Au final, des gentils dont beaucoup meurent, beaucoup de combats, des larmes, une histoire qui finit bien, ça se laisse voir en soirée détente.
PS : ceux qui appellent le Yamato "vaisseau d'Albator" n'ont absolument rien compris au sujet.
Cake Battle Shit
Mené par un surjeu d'acteurs en acier trempé et boursouflé d'héroïsme pimpant, plongé pile entre une dose de CGI détaillés mais sans âme et de looongues scènes de pont complètement superfétatoires, enchaîné à coups d'attaques rapides où l'équipe montre ses capacités à sursauter sur un siège pour encaisser une bombe et de looongues plages de dialogues complètement inutiles et uniquement présentes pour mettre en valeur le courage et l'abnégation basique et niais, Space battleship n'a pour seul mérite que de présenter une modélisation correcte du Yamato, le vaisseau d'Albator yo trop fort et d'offrir un petit rythme d'action un peu plus soutenu que la moyenne japonaise 90's (c'est à dire pas grand chose...)... A part ça c'est typiquement de la SF jap et je ne parle même pas de la SF post 2000 type Casshern, Returner et autres boursouflures, non juste des vieux machins SF 90's tout kitch et surjoué.
ça ne vaut pas mieux qu'un Godzilla contre Destoroyah, je le préfère même, au moins c'est plus drôle. Comment 10 jeunes acteurs au brushing parfaitement sculpté peuvent ils courir dans les couloirs d'un vaisseau qui fait plusieurs kilomètres de long ? Comment osent-ils parler d'amour avec un ton si vomitif ? Comment peuvent-ils discuter pendant de bons quarts d'heure bien gras alors qu'il sont sous le feu de l'ennemi qui semble poireauter en jouant au poker ? Comment peuvent-ils répéter 15 fois la même chose pontifiante en un seul dialogue ? Comment peut-on présenter une race d'extraterrestre aussi désespérément vide de quoi que ce soit d'intéressant ? ça j'ai la réponse, ils ne sont pas présentés ou vite fait très grossièrement, on ne les voit que quelques secondes tirer des rayons bleus puis tout expliquer en une scène de possession de corps humain usée jusqu'à l'os... On voit davantage les rayons bleus qu'eux d'ailleurs. Les quelques petites idées supplémentaires, fonctionner en fourmilière avec une conscience commune par exemple, c'est du boursouflé périmé. Et de toute façon, le traitement global empeste la pop daube à plein nez. Autant regarder Titan AE pour la même histoire un minimum mieux traitée... Ou alors Godzilla final wars, au moins c'est marrant...
Le space opera japonais live, une longue lignée de films foireux, souvenez-vous "Les évadés de l'espace" en 78, réalisé par un certain Kinji Fukasaku, pile en réponse au star wars de Lucas, déjà une boursouflure de kitch et de plages de dialogues héroïques hyper envahissant. La même propension à rater de façon magistrale un space opera en dépit de moyens financiers honorables et d'idées originales par camions tirées de mangas bien plus réussis.
C'est vraiment pitoyable de confiture dégoulinante. Vraiment dommage de caricaturer les rapports entre membres d'équipage ainsi, parce que les CGI auraient pu soutenir une bonne réalisation, mais un bon film de SF nippon, j'attends toujours...
***spoiler balèze***
Et ce n'est pas le sacrifice du héros qui change quoi que ce soit...
***balèze spoiler***
ps : Ah, et le warp... "est-ce que le warp est prêt ? va-t-on pouvoir utiliser le warp ? Warp ? est-ce qu'on se sert du warp ou du CDO ? Le CDO a tout pompé, on ne va plus pouvoir utiliser le warp !! My god...
Albator en live
Malgré la critique, très intéressante, de Kame à laquelle je souscris pleinement, il y a indubitablement des points de ressemblance entre l'univers d'Albator (ou plus généralement de Leiji Matsumoto) et Space Battleship Yamato. Outre quelques personnages clichés (le capitaine du vaisseau, le mécano et bien d'autres, dans leur apparence comme dans leur manière d'incarner leur fonction, sont des "gueules" que l'on pourrait tout-à-fait retrouver aux côtés du célèbre pirate de l'espace), c'est une ambiance générale que l'on retrouve ici. Un sens du tragique, notamment.
Cela dit, le film a son identité propre. C'est un space opéra plutôt réussi, aux effets spéciaux très agréables. Seul regret: le jeu de certains acteurs et quelques maladresses scénaristiques. L'histoire d'amour, notamment, arrive sur l'écran comme un cheveu sur la soupe...
De manière générale, le film m'a aussi surpris par son petit laius glorifiant le Yamato originel, le cuirassé japonais de 1945... Ignorant cet aspect de la culture japonaise (car le Yamato, plus qu'un bateau surarmé, est bien une partie de la culture et de la mémoire collective nipone), cela m'a semblé étrange que le héros fasse ainsi montre d'une telle fierté nostalgique à l'égard d'un bâtiment qui soutenait une cause et un conflit insoutenable. Si c'est sans doute aller trop loin dans l'interprétation, ce petit passage m'est apparu comme l'illustration du fait que les japonais n'ont pas fait leur repentance, leur mea culpa, comme les allemands ont pu le faire. Je ne crois pas qu'il y ait, outre-Rhin, une telle culture glorifiant la grosse Bertha (WW1) ou les V2 (WW2)...