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May 18

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maru 4


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

non seulement mauvais, mais nuisible (ou comment, sous prétexte de devoir de mémoire, on flatte bassement la fibre sentimentalo-patriotique et on enc*** l'Histoire à sec)

Ayant conscience de mon aversion pour les blockbusters grandiloquents et lacrymaux, je ne me penchais certes pas sur May 18 avec d’énormes espérances mais seulement pour la culture (cinématographique, s’entend, car comme on le verra c’est pas avec ce film que je vais en apprendre sur les émeutes de Kwangju) et je pensais malgré tout pouvoir lui sauver un quart voir un demi point en vertu du soin dont font toujours preuve les gros films coréens. Soin qui ne les empêche certes pas d’être lisses et fades, de faire preuve d’une mise en scène (cadres, montage, utilisation du son,...) des plus scolaires et de caractérisation des personnages horriblement stéréotypée, d’user d’artifices larmoyants à vomir (c’est un festival, du gamin perdu au milieu des morts dont le père se fait tuer en essayant de le sauver aux messages radio emprunts de sacrifice à l’heure de la débâcle, en passant par la grand-mère aveugle, la levée de drapeau la main sur le coeur, les tirs sur les ambulances, la lecture de lettre d’adieu sur cercueil et j’en passe), de se sentir obligé d’introduire des sidekicks comiques et des scènes de romance niaises, sans compter tout ce que sous le coup de la précipitation j’oublie probablement, mais qui (rappel : le soin dont font preuve les grosses prods coréennes) garantit tout de même un minimum syndical.
Je ne m’y abaisserai finalement pas, je souhaiterais même qu’on puisse mettre des notes négatives, car May 18 est de ces films heureusement rares mais gerbants qui, non contents d’être une insulte au septième art (ce dont on a l’habitude), sont surtout une insulte à l’Histoire, Histoire dont ils se proclament pourtant les hérauts.

Il est pourtant salutaire pour une société de s’attaquer à la représentation par l’art, en particulier à diffusion de masse comme le cinéma, de drames marquants voir fondateurs et à ce titre le soulèvement de Kwangju mérite d’être abordé au cinéma – ce qui reste finalement rare. Mais surtout pas n’importe comment ! C’est justement en vertu de sa grande valeur traumatique qu’un tel événement se doit d’être avec toutes les nuances nécessaires à une vraie réflexion sur les faits et leurs conséquences. Nuances et réflexion que May 18 refuse catégoriquement, préférant une vision caricaturale, unilatérale et lâchement rassurante (c’est la faute à la dictature, c’est du passé et maintenant vous pouvez regarder ça en toute bonne conscience... attention à ne pas vous étouffer avec le popcorn surtout !), refusant finalement de regarder en face son sujet. Comme si revendiquer son inspiration de faits réels garantissait la détention de la vérité, comme l’objectivité, l’exhaustivité et la profondeur du propos – ce dont va peut-être malheureusement finir par se parer May 18, et je suis totalement dégoûté d’une société pour laquelle avec un peu de (mal)chance la vision ce film va peu à peu s’imposer en lieu et place des faits.
Peppermint Candy de Lee Chang-Dong (à coté d’un certain nombre d’autres qualités, dont non des moindres est sa structure en flash-backs successifs exprimant brillamment le poids du traumatisme sur l’individu et plus globalement la société) est un des rares films à montrer la répression des émeutes de mai 80 du coté des militaires, et cet angle de vue est absolument vital. Il est nécessaire de montrer la Corée victime, mais également la Corée bourreau, car ce n’est qu’ainsi qu’il peut y avoir remise en cause. Ceci, May 18 le passe totalement sous silence. Les militaires ne sont pas coréens – si si, je vous assure, rappelez vous les premiers plans montrant ces parachutistes partant pour une invasion, ces colonnes de blindés avançant comme en pays conquit, ou encore ce discours du capitaine affirmant texto que les soldats ne mérite pas de faire partie de l’armée coréenne et donc n’en font plus partie, ces constantes déclarations incitant à protéger la ville dès lors bonbardée symbole du pays lui même – ce sont des hordes barbares dont les seules motivations sont de bastonner et de tuer les innocents et débarquant comme des sauvages au milieu d'un monde idyllique où tout le monde est gentil. Voilà comment May 18 (au dela de ses raccourcis scénaristiques grossiers mais dont arrivé à se niveau on se fout royalement) dédouane la Corée de toute remise en question et préfère se voiler la face en brandissant haut et fort le sacrifice et le courage de ces émeutiers dont la démocratie actuelle se revendique l’héritière.

Alors il y a des jours comme ça où l’autodafé vous semble d’utilité publique et où vous avez sérieusement envie de vous coller une balle en pleine gueule. Je ne suis même pas coréen, mais si j’avais vécu les événements ou si des proches y avaient crevé je crois bien que je pleurerais devant tant de connerie condensée en deux heures de temps.
Je me contenterai vainement de vous conseiller la vision de en vrac Peppermint Candy, Le vieux jardin ou encore A Petal (film auquel on ferait mieux d’offrir une diffusion décente au lieu de financer de telles absurdités), films probablement pas parfaits, encore moins exhaustifs, mais faisant au moins preuve de la nuance, de la réflexion et de l’honnêteté essentielles à la représentation de tel événement et sur lesquelles May 18 pisse joyeusement. 

26 janvier 2008
par Epikt


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