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The Stool Pigeon

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les avis de Cinemasie

4 critiques: 3.19/5

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19 critiques: 3.24/5



Anel 3
Arno Ching-wan 3.5 The Insider en heure voit sa vie basculer
Aurélien 3.5
Ordell Robbie 2.75 Belle ambition un peu gâchée par les sous-intrigues ratées et un filmage inégal.
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


The Insider en heure voit sa vie basculer

Extrait issu du CR de Beaune 2011

Dante Lam prend ses deux têtes d’affiche de The Beast Stalker, Nicolas Tse et Nick Cheung, respectivement flic coriace et tueur sanguinaire, puis s’amuse à inverser les rôles dans ce The Insider autrefois joliment étiqueté Stool Pigeon, traduisible chez nous par ce titre déjà célèbre : La chèvre. Loin d’être une comédie légère où s’y épanouirait un naïf Pierre Richard, The Insider voit Guy (Nicolas Tse) devenir une pauvre hère contrainte à se faire balance pour se sortir de la mouise tandis que le second, Don Lee (Nick Cheung), sort le costard trois pièces et la paire de lunettes respectabilisante pour incarner le flic ambitieux de service.

Ca marche ? Oh oui ça marche, ça courre même très bien, parce que s’il faut avouer que la relation d’un flic et d’une balance a déjà été surexploitée au ciné, particulièrement dans l’hexagone avec l’excellent Cousin du regretté Alain Corneau - dont, d’ailleurs, l’hommage s’est vu éclipser à Beaune par celui, très émouvant, rendu à Claude Chabrol, et j’arrête là l’aparté dans l’aparté - les personnages tiennent le haut d'un pavé martelé par les talons de la sœur de Guy qui tapine pour rembourser l'énorme dette de son père, décédé.



A gauche, Dee et Guy tentent de fuir ce monde de dingues. A droite, Don Lee assoit son pouvoir sur Guy.

Glauque et tortueux, le scénario charge ses personnages de fardeaux sombrissimes sans pour autant que le traitement n’abuse du pathos, ce qui, il faut le reconnaître, était un peu le cas dans The Beast Stalker et une bonne partie de polars hongkongais. Cette palme de la noirceur revient au personnage du flic au passé aussi tarabiscoté que nauséeux mais qui, étrangement, n’est pas développé à outrance. « Outrance », ne voilà t’il pas un beau titre pour un polar nihiliste made in HK ? Est-ce la quête du rôle tordu qui pousse ainsi les acteurs à signer pour le caniveau ? Anthony Wong obtint un prix pour Beast Cop, Nick Cheung en ramassa des tas pour The Beast Stalker… c’est à croire qu’il faut s’enfoncer dans les bas fonds pour être reconnu en tant qu’acteur, s’y enfoncer puis tenter d’en sortir. Il est vrai qu’on a rarement vu un acteur récompensé pour sa prestation dans le rôle d’un gendarme. La règle s’applique ici : le pion joué par Nicolas Tse le dame à Nick Cheung qui, malgré pourtant un job de « Job » en puissance ne provoque pas autant d’empathie que l’ex mèche rebelle de Time and Tide. Il n’y est pour rien, pas plus que Nicolas Tse d’ailleurs : la superbe GUEY Lun-Mei (Dee) s’est accrochée autant à mes rétines qu’au cou de Guy : c’est elle que j’ai suivi des yeux tout du long. Mon cœur s’est arrêté de battre dès son apparition. Ou il s’est emballé, je ne sais plus. Elle donne de l’ampleur à une superbe scène de poursuite en pleine rue, arrache le plus beau baiser du festival à la révélation de Bodyguards and Assassins et, enfin, s’avère fichtrement bouleversante dans un final barbare qui, à n’en pas douter, fera date. Non pas par sa violence, car si elle est extrême et logique on a déjà vu ça à HK, mais par son décor, une vieille école abandonnée en ruine où tout le monde finit par se mettre sur la tronche dans des classes remplies de chaises et tables d’écoliers usées.

Fight Back To School On Fire

Soudain, au milieu de cette barbarie, de ce chaos, de ce monde de merde où plus personne ne respecte rien ni personne, où la notion même de principe parait désuète et stupide parce que suicidaire, l’arrivée de cette école, fantôme d’un espoir passé et révolu, enfonce un clou déjà bien profond en nous montrant qu’un jour quelqu’un avait cru à quelque chose mais que, voilà, ça n’a pas pu se faire, désolé. On bascule dans le post nuke, le constat affreux qu’à une époque des gens souhaitaient construire du beau en pariant sur une éducation qui empêcherait cet horrible comportement survivaliste de masse… en vain, ça n’a pas fonctionné. Depuis, ces belles âmes n’ont pas été renouvelées et personne ne croit plus en rien. Sans se transformer en un Ken Loach de l’ex-colonie, n’exagérons pas l’image, Dante Lam confirme après The Beast Stalker que ça n’est pas parce qu’il reste fasciné par les techniques et technologies policières qu’il néglige forcément la portée sociale de ses polars, qu’il se sert de certains aspects de la Catégorie III simplement pour racoler ou blinder ses acteurs : il a de belles choses à dire, et si sa mise en scène n’atteint jamais le génie de celle d’un Ringo Lam et si la photo HD bizarre n’est pas toujours d’un esthétisme bienvenu, son polar vient s’ajouter à tous ceux qu’on aime, et, je le parie, durablement. En guise de cerise sur le gâteau on assiste à une judicieuse rencontre entre les éternels perdants que sont Guy et Dee, une scène qui possède la fraîcheur d’un Wong Kar-Wai d’antan et provoque un beau sourire béat en plein milieu d’une histoire qui ne s’y prête pas, mais alors pas du tout. On retrouve le grand huit à la HK, ces films où « il se passe quelque chose ». Parce que dire d’un film où il ne se passe rien qu’il s’agit d’un « film d’ambiance », souvent entendu à Beaune cette année (coucou Animal Kingdom et Small Town Murder Songs !), relève de la facilité caractérisée et d’un flagrant manque d’imagination. Merci à Dante Lam, merci à Nick Cheung, merci à Nicolas Tsé, et grand merci à la très troublante et j’espère pleine d’avenir Guey Lun-Mei, de remettre les pendules à l’heure quant au potentiel toujours actif du cinéma hongkongais. La braise est encore chaude.  



La belle GUEY Lun-Mei n'a certainement pas besoin de flingue pour déglinguer la gent masculine !

13 avril 2011
par Arno Ching-wan


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