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A Tale of Sorrow

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 1.5/5

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3 critiques: 2.75/5



Ordell Robbie 1 Retour perdant
Xavier Chanoine 2 Un conte qui vire tout de même à la déception
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Retour perdant

Il se trouvera sans doute des exégètes pour dresser un parallèle entre la destinée de Reiko et celle d'un Suzuki de retour sur grand écran après le long silence suite à "l'affaire" la Marque du tueur. Mais tout cet attirail de la politique des auteurs ne saurait donner à lui seul un intérêt cinématographique à Story of sorrow and sadness. Ce n'est pas que le film soit vraiment mauvais, c'est juste qu'il est à pleurer de banalité, chose navrante pour un film signé Suzuki. La faute d'abord au script qui en abordant un certain nombre de thèmes potentiellement intéréssants ne fait que marcher sur des routes archibalisées. Les rapports artiste/pygmalion, la satire des médias et du monde de l'entreprise, la question de la célébrité ne sont ni vraiment développés ni abordés avec un minimum d'originalité. Et ce n'est pas un processus de manipulation trop mécanique dans son déroulement qui va arranger les choses. Pire: le film manque de ce sens du surréalisme comme de ces audaces formelles, de cet art unique du montage qui sont la marque de fabrique Suzuki. On n'a ici que musique de mauvaise série télévisée, montage et choix formels ultraplats. Seule la fin du film semble faire ressurgir le Suzuki que l'on connait de façon sporadique. La seconde partie de carrière de Suzuki s'engageait alors bien mal. La voie de cette seconde partie de carrière, Suzuki allait la trouver trois ans plus tard avec le beau Zigeunerweisen.



03 mai 2006
par Ordell Robbie




Un conte qui vire tout de même à la déception

Bande annonce

De retour à un cinéma fait d’étrangeté après dix ans de silence suite à son limogeage de la puissante Nikkatsu, Suzuki Seijun signe un film dans la verve de ses précédentes –et suivantes- œuvres sur le plan purement artistique. Il est très intéressant d’évoquer ce cinéaste nippon pour la singularité de son univers, son étrangeté déstabilisante faite de ruptures instantanées et de poussées de violence que l’on retrouve également ici avec ce Tale of Sorrow très inégal mais valant le détour pour ses courts instants sortant de l’ordinaire. Mais c’est cette inégalité qui rend l’œuvre du cinéaste unique, perceptible jusque trente ans plus tard avec Princess Raccoon, ovni cinématographique par excellence valant lui aussi pour ses trouvailles formelles peu commodes malgré un sens de la narration délicat. C’est donc dix ans après La Marque du tueur que Suzuki Seijun revient sur le devant de la scène, avec A Tale of Sorrow, déconvenue commerciale absolue pour le cinéaste mais vrai retour d’une figure importante au rang mondial même si l’œuvre du come back que l’on attendait n’a l’effet que d’une petite bombe artisanale faite par des mains quelque peu engourdies. Puissance d’une déflagration bruyante lors d’un final –paradoxalement- sourd et d’une sécheresse surréaliste. Avant cela, le cinéaste signe sur le papier une histoire guère transcendante dont la finalité évoque non sans lourdeurs les bons et loyaux services rendus par le Suzuki du début de carrière notamment par le personnage piétiné de Reiko. Le rapport artiste glorieux du début de carrière et homme contre tous suite au mépris de son œuvre – La Marque du tueur, son meilleur film, fut l’excuse de son limogeage- est traité en filigrane mais n’a pas d’impact particulier.

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Très bien, Reiko, ancienne gloire du golf plutôt mignone, devenue l’égérie d’une marque de vêtement, est manipulée par une femme jalouse et obsédée, piétinée par jalousie après avoir connu son heure de gloire. Mais après ? Où est la finalité si ce n’est celle du simple coup de gueule d’un type qui règlerait ses comptes avec le studio d’à côté? Car si l’on parle cinéma, A Tale of Sorrow est aussi souvent touché par une inquiétante grâce que par le navrant le plus indigne du cinéaste. Formellement, le film fait bon usage du scope qu’à de rares moments où le cinéaste s’empare de son matériau –faiblard- de base pour le transcender. A partir du moment où Reiko est tenue responsable de la jambe brisée de sa mentor et au moment où cette dernière s’empare du quotidien de la jeune femme en déposant ses valises chez elle, les cadrages deviennent plus complexes, et d’une ampleur dignes du meilleur du cinéaste : les intérieurs de la maison offrent ainsi une géométrie déroutante dans leur conception, les éclairages et les couleurs sont eux aussi déstructurés, presque illogiques. Surréalistes diront certains, à l’image de la mise en scène de Suzuki lorsqu’il s’efforce à faire preuve d’un peu d’imagination. On pourrait citer l’exemple de l’accident de voiture filmé au ralenti et recouvert de sons que l’on croirait sortis de l’œuvre musicale des Goblins. Une agressivité visuelle et sonore que l’on retrouve également dans l’hystérique défilé de couture improvisé après l’ellipse d’une beuverie que l’on devine bien gratinée.

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C’est pour ces moments là, et son impressionnante conclusion que A Tale of Sorrow mérite d’être vu. Pas pour sa première demi-heure poussive plutôt ringarde, son formalisme de tous les instants, pas tout à fait admissible pour le come back d’une pointure de l’image et de la narration déstructurée. Mais lorsque la relation entre Reiko et sa patronne s’obscurcit, les débats prennent une toute autre tournure, les audaces prennent la relève comme ces coupures de son nettes –déjà entrevues dans un cinéma de Nouvelle vague français à la Godard, ces images tout sauf repliées sur elles-mêmes laissant sous-entendre la complexité du personnage Suzuki et de son œuvre. Le rapport que le film entretient avec l’image est d'ailleurs plutôt évident : les nombreux spots télévisuels diffusés sur l’écran de télévision du salon ou encore la manipulation du personnage de Reiko sont autant de charges contre l’univers de l’image –publicitaire ou celle de la société- que des petites idées visuelles intéressantes. Car suite à la destruction de la jeune femme, le foyer pète les plombs, se détruit et permet ainsi à Suzuki de laisser libre cours à ses idées de mise en scène impitoyables. Hélas, cela arrive ici trop peu souvent.



15 septembre 2009
par Xavier Chanoine


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