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Strawberry Shortcakes

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les avis de Cinemasie

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5 critiques: 3.6/5



Xavier Chanoine 4 Excellente chronique doublée de propos forts
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Excellente chronique doublée de propos forts

Cela faisait près de six ans que le cinéaste japonais Yazaki Hitoshi n'avait pas tourné. Six longues années, après l'interminable The Girl Who Picks Flowers and the Girl Who Kills Insects inédit dans nos contrées voir même introuvable ailleurs, ce dernier signe Strawberry Shortcakes, un magnifique portrait de quatre femmes oubliées par la société et oubliées par "dieu". Chacune tente de se raccrocher à une image, une entité, voir même tout bêtement un homme pour pouvoir avancer dans la vie et se sentir ainsi un temps soit peu utile. L'on suit donc les pérégrinations de Satoko, une jeune femme qui n'arrive pas à trouver l'âme soeur et standardiste à plein temps dans une boîte de rencontres arrangées, le "Heavens gate". Akiyo travaille aussi dans cette boîte et fait figure de prostituée modèle acceptant n'importe quelle proposition du moment qu'elle lui permet de payer ses factures. Chihiro quant à elle, est une simple secrétaire à la vie tristement monotone, en collocation avec Toko, une artiste anorexique qui ne vit que pour ses peintures.

La structure de Strawberry Shortcakes n'étonnera personne dans la mesure où elle reprend quasiment 90% de ce que l'on a déjà vu. Les portraits sont simples, dépeignant le quotidien de ces jeunes femmes avec le plus grand naturel qui soit, justes et faisant le bilan d'une société nippone les délaissant totalement. Aucune n'est aidée par quoi que ce soit, les obligeant alors à se refermer sur elles-mêmes où à se rapprocher d'une entité quelconque. En effet par le plus grand des hasards, la jeune Satoko trouve sur son chemin un espèce de caillou qu'elle croit être une météorite et s'en va alors la comparer immédiatement à un dieu. Elle s'y confiera et priera chaque soir devant un autel spécialement conçu pour l'occasion en espérant "tomber amoureuse". Quant à Toko, son anorexie n'est que le reflet du manque de demandes de ses oeuvres, l'obligeant alors à se faire vomir pour se punir. Triste constat d'une société laxiste, n'accordant peu de chances à toute personne n'étant pas fonctionnaire ou plus haut gradée. Pourtant, Yazaki Hitoshi ne pointe jamais du doigt ses femmes et arrive même à les rendre dignes. Si Akiyo essuie les rapports sexuels non protégés, elle persiste à rester digne jusqu'au bout sans jamais baisser la tête. Cet exemple est valable pour toutes les autres, dans leur propre secteur.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, Strawberry Shortcakes n'est pas un film à mettre sous les yeux de tout le monde. Nous ne sommes pas en face d'un drama pour ados ni même devant une chronique tout public. Les images sont crues, osées, défiant certains tabous de la société nippone (la prostitution, l'autodestruction) pourtant sans jamais tomber dans la vulgarité facile, explicite. Ce qui est intéressant aussi, c'est cette utilisation récurrente des symboles : la pierre représentant Dieu, le poisson évoquant la stabilité (il finira par mourir car sa "maîtresse" ne s'en sort pas) et le gâteau (se référant au titre) souligne les souvenirs. Ces symboles jusque là anodins prendront une toute autre dimension jusqu'à l'issue finale. Pourtant, si l'on se prend d'affection pour les héroïnes (osons les appeler ainsi) notamment pour Satoko, la plus jeune mais aussi la plus attachante, le spectateur guère averti pourra s'ennuyer ferme si il n'est pas captivé dès les premières scènes. Il faut que la magie opère dès les premiers instants sous peine de trouver le temps long malgré tous les efforts du cinéaste. Le fond est excellent, juste et plein de sincérité, mais la forme rebute : pas de grande mise en scène et absence d'accompagnement musical (afin de renforcer encore plus le côté réaliste de l'oeuvre).

Si l'on franchit ces obstacles, on y découvre les bribes d'un cinéma de qualité : des femmes encore plus tourmentées que celles de Sylvia Chang, des moments d'errance le long de la plage rappelant les couples chez Ozu, la contemplation d'un Weerasethakul. Il y a chez ce Strawberry shortcakes les traces d'un cinéaste qui a son mot à dire et des idées à revendiquer. Sans être un monument de noirceur (quelques belles éclaircies autour d'un orage), on s'accroche à ce que l'on peut et l'on se demande bien comment va finir ce quatuor féminin. Une petite merveille dans un paysage cinématographique nippon qui n'offre plus grand chose de bien croustillant depuis quelques temps. Ne vous faites pas avoir par son titre piégeur, Strawberry Shortcakes cache bien son jeu.



04 mai 2007
par Xavier Chanoine


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