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Tatouage

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 3.85/5

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12 critiques: 3.9/5



drélium 3.5
Ghost Dog 4 Ayako the Goblin
Ordell Robbie 5 La Vengeance est à elle...
Tenebres83 3.5
Xavier Chanoine 3.25 Veuve Noire
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Ayako the Goblin

Masumura disait à propos de son actrice fétiche WAKAO Ayako que c’est « une femme très égoiste et calculatrice. Ce n’est pas une femme pure, elle le sait bien ; ce côté vil de la femme, elle a su l’exploiter de manière positive ». A la lumière de ces déclarations qui ont le mérite d’être franches, on apprécie d’autant mieux le numéro d’interprétation stupéfiant auquel se livre cette actrice dans Tatouage : ses kimonos multicolores n’ont rien à envier aux robes de Maggie Cheung dans In the Mood for Love, et l’ambiguïté de son personnage est des plus complexes - à la fois victime des conventions (elle ne peut se marier avec l’homme qu’elle aime) et des outrages d’hommes sans morale (violée puis tatouée), mais aussi manipulatrice et vengeresse (elle joue avec la faiblesse des hommes pour mieux parvenir à leur perte, jusqu’à se brûler). Le rôle du tatouage de l’araignée sur son dos est aussi symbolique que central, puisqu’il semble prendre possession de son corps et de son âme en tissant sa toile sur le destin d’un village.

Si Ayako est époustouflante de talent et de beauté, la mise en scène de Masumura n’est pas en reste non plus : en choisissant à la fois le film de genre (vengeance, crimes et sang) et le film plus personnel (description d’un combat à mort entre hommes et femmes), il aboutit à une œuvre d’une étrange beauté, baignée dans une photographie pleine de couleurs et cadrée au plus proche des personnages.



05 août 2005
par Ghost Dog




La Vengeance est à elle...

Un an après la Femme de Seisaku, Tatouage est une autre collaboration Shindo Kaneto/Masumura Yasuzo/Wakao Ayako réussie. On y retrouve la capacité du cinéaste à reprendre un héritage formel classique tout en y apposant sa propre marque. On retrouve ainsi l'alliage d'une rigueur formelle souvent impressionnante, d'un filmage frontal de la violence et d'une volonté de ne pas faire l'impasse sur l'érotisme présent dans le film précédemment cité. Quant à Shindo Kaneto, il offre un scénario adapté de Tanizaki où aucun de ses thèmes ne manque de développement malgré la durée très courte du film.

Tatouage est d'abord un grand film sur la perte de l'innocence et la réaction de deux etres à cette perte. Son innocence, Otsuya la perdra en devenant geisha. Quant à son amoureux d'apprenti, c'est la passion qui le poussera à tuer. Mais ce dernier ne perdra jamais vraiment son sens moral. Tuer par amour n'est pas naturel pour lui. Etre violent lui fait peur et il ne tue qu'en dernière extremité ou poussé par celle qu'il aime. Otsuya s'accomode en revanche très vite de la perte de son innocence et fait du cynisme une seconde peau. Peu de temps après avoir été tatouée, elle a déjà l'impression de s'etre réappropriée la femme araignée/croqueuse d'hommes qui a été tatouée sur son dos. Et accessoirement d'avoir vampirisé l'énergie créatrice d'un tatoueur ayant le sentiment d'avoir réalisé son chef d'oeuvre. Utiliser son charme pour manipuler les hommes et leur prendre leur argent devient vite pour elle un travail aisé à accomplir. Au risque d'entrer en conflit avec l'homme qui l'aime après leurs retrouvailles tout simplement parce qu'elle ne peut plus etre l'amoureuse sincère d'avant ce qui lui est arrivé. Impossible au début du film à cause des différences de classe sociale, leur amour l'est ensuite parce qu'ils ont été transformés par la vie.

Tatouage est également un beau portrait de femme vengeresse. Otsuya va en effet très vite savoir utiliser sa nouvelle situation et son charme pour se venger de ce que les hommes lui ont fait subir. Au point que c'est son désir de vengeance qui semble lui fournir une raison de vivre, de continuer à etre geisha pour humilier les hommes qui l'ont mise dans cette situation. Car Otsuya est une figure de femme déterminée, sachant ce qu'elle veut dans un univers d'hommes se voulant dominateurs sexuellement ou socialement. Hommes finalement tous très faibles dans leur incapacité à vraiment lui tenir tete. SPOILERS Cette faiblesse, elle l'exploite de façon assumée au risque de surestimer sa maitrise des évènements, sa capacité à "jouer la comédie" devant les hommes. Un peu comme si le vertige du plaisir vengeur finissait par l'enivrer. FIN SPOILERS Reste que son personnage est malgré tout attachant grace à la prestation d'une Wakao Ayako encore en grande forme. Sachant jouer sur les registres de la sensualité, de l'intensité passionnelle comme de la distance froide, elle trouve un grand role de plus sous la direction de Masumura.

On peut donc remercier Zootrope films de poursuivre son exhumation de l'oeuvre d'un grand de la Nouvelle Vague japonaise n'ayant pas bénéficié de la gloire festivalière d'un Oshima et d'un Imamura. Avec les DVD sortis chez Wild Side, ils contribuent ainsi à rendre accessible aux cinéphiles français la richesse du patrimoine japonais hors auteurs (re)connus. Beau travail qu'on leur souhaite de continuer...



31 décembre 2004
par Ordell Robbie




Veuve Noire

Au-delà de sa thématique particulièrement inspirée sur la possession et le sexe, Tatouage est aussi le prolongement artistique tout naturel du superbe La Femme de Seisaku réalisé un an plus tôt, dans lequel il narrait la déchéance sentimentale de deux amoureux passionnels. Tatouage reprend cette même optique du désire et de la course purement charnelle où l'on voit une Ayako Wakao virer psychologiquement le jour où elle se fit dessiner sur le dos un tatouage d'araignée démoniaque. La symbolique de l'araignée est aussi bien pensée par Masumura dans la mesure où elle représente parfaitement le personnage incarné par Wakao : manipulatrice (la toile) mais aussi fine carnassière (mangeuse d'homme, désireuse de vengeance, de meurtre) rappelant en quelque sorte la Veuve Noire de part sa taille démesurée (recouvrant pratiquement l'ensemble du dos) et son appétit de chaire fraîche. Si il fait parfois pensé à du Jidai Geki traditionnel de part son filmage scopé cadré, ses acteurs à l'interprétation très Misumienne et ses nombreuses séquences en intérieure millimétrées, il fait preuve d'audaces une nouvelle fois "Nouvelle Vague" lors notamment de la séquence du dessin, presque expérimentale d'un point de vue sonore, et sa séquence finale tragique, sorte de croisement expressionniste entre un Wakamatsu et un Shinoda. Pas le meilleur Masumura, même si intéressant pour la définition même de "possession".

07 décembre 2007
par Xavier Chanoine


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