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Time and Tide

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les avis de Cinemasie

16 critiques: 3.89/5

vos avis

112 critiques: 3.75/5



Alain 2 Pas vraiment convaincu
Anel 3.5
Arno Ching-wan 4.5 Track & Trace
Astec 4.5 Un trés bon Tsui
Chris 3.75 The master is back !
drélium 3.25 visuellement irréprochable mais conformiste au possible
François 4.5 Un Tsui Hark expérimental un peu bancal, mais oh combien inventif
Ghost Dog 2.5 Bien décevant
jeffy 4.25 pas le plus construit, mais genial
Junta 4.25 Visuellement époustouflant.
Marc G. 4.5 Sidérant
MLF 4
Ordell Robbie 4.5 Retour gagnant
Sebastian 4.5 Un film d'action décoiffant 100% Tsui Hark, dont la créativité se surpasse et r...
Tenebres83 3.5
Xavier Chanoine 4.25 Flic ou ninja.
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Track & Trace

Le film vient de sortir en BR chez nous, via Carlotta. Ruée, respiration, déglutition... visionnage. Passée la légère déception de n'avoir pas vraiment la qualité d'image escomptée, qualité variable due peut-être aussi à la multiplicité des directeurs photo, cf. bonus dans l'objet, eh bah je replonge direct, bien aidé par une bande sonore impeccable et le génie Tsui. Tout a été dit ici, et très bien, par les potos. Que rajouter ? Un billet perso, tout de même, et un p'tit bilan. Alors oui, Tsui fait son A toute épreuve, mais le sien, c'est à dire qu'il balance à la fois à la terre entière un "putain les mecs, regardez de quoi chuis cap, bordel ! Embauchez-moi " comme John Woo en son temps, en même temps qu'on gros "allez tous vous faire enc... !" paradoxal qui respire le punk. D'ailleurs, la relative déception sur l'image participe en fait de ça. Le punk, ça ne peut pas être propre. Y'a des crottes de nez sur la pellicule, un bout de glaviot ici... l'imperfection, c'est dans le forfait Tsui (en passant, j'ai cru repérer une intolérance grandissante d'un certain public pour les imperfections. Soit c'est possiblement inquiétant, soit c'est moi).

Certains regrettent l'absence de version longue. Ca n'est pas mon cas. Cet enchevêtrement rapide apporte du fond. C'est un instantané d'HK en mode Time lapse, ce film. La vitesse du mode urbain. Se battre pour vivre et survivre à chaque instant, pas de pause, faut foncer tout le temps, garder tant bien que mal un repère moral dans ce bordel, arriver à aimer et aussi à naître, puis ramper jusqu'au générique de fin avec le cordon même pas coupé. C'est autant un constat critique qu'un kif : c'est cool, la life, même celle d'une souris, ce à quoi ce film nous compare ici. Mind Game de Yuasa produit le même délire. C'est de la bombe d'existence tout ça.   

Track & Trace : comment s'est déplacé ce film dans le temps ? Il a passé, le temps. Le film a 19 ans (aïe) et je ne crois pas me gourer en avançant qu'on peut parler là de pierre angulaire en terme d'action. La collaboration Tsui Hark / Hung Yan Yan est alors à son apogée, les deux semblent ici lancés dans un concours d'inventivité pour aller toujours plus loin dans le jamais vu visuel et chorégraphique. Une porte de bagnole éjectée qui s'en va se ficher dans un mur, un type qui saute dans le vide avec une lance à incendie, un mec qui crève, tombe en avant, shoote le sol par réflexe nerveux et finalement tombe en arrière, un plan depuis une machine à laver... et un placement dans l'espace à se damner. Un plan d'impact de balle dans une fenêtre permet au montage d'aller et venir d'un étage à un autre, ça plonge, ça contreplonge, ça file. Et si parfois je peine à comprendre, ça n'est pas parce que c'est mal fichu, c'est juste que le mec est juste trop futé pour moi. A la revoyure, tout colle. Les enjeux se diluent un peu sur la fin, on paume un truc après le gros morceau de bravoure, oui, mais ça tient encore avec ça, l'inventivité, et au mélo de reprendre ses droits in fine. Et là c'est du pur mélo Tsui, hein ! Son caca nerveux WKW/Woo il le fait en intro, le grand romantique de The Lovers reprend la main par la suite. Les scènes au supermarché et à l'appartement avec la fille (et son chien) restent extrêmement touchantes. Si depuis Tsui s'est (faussement) assagi pour s'accommoder du média 3D, là c'est un festival de pirouettes qui dynamite encore la mode de l'action un peu statique vue par la suite chez To et Mann. To, qui l'a pompé dans Fulltime Killer, les Coréens dans No Tears for the Dead, l'indonésien The raid lors de l'assaut d'un appartement, et je me demande même si les Américains n'y ont pas un peu pensé sur Captain America, le soldat de l'hiver - et je suis quasi sûr que c'est le cas de Carnahan pour son Agence tous risques sur le défouraillage en rappel à Francfort. Toujours est-il que Time & Tide procure toujours son "Waouh" effect 20 ans plus tard, ce dont peu de films peuvent se targuer. 



10 mars 2019
par Arno Ching-wan




Un trés bon Tsui

Après une incursion en territoire hollywoodien aux résultats plus que mitigés ( deux films avec J-C Van Damme en vedette : Double Team et Knock Off ), Tsui Hark revient à ses amours hongkongais en accouchant d’un polar aux multiples qualités, dont les moindres ne sont pas les scènes d’action époustouflantes qui le rythment. Avec un casting de jeunes stars de la pop HK, un travail sur l’image et le son qui lui ont valu plusieurs nominations aux derniers HK Awards, Time and Tide marque le réveil de celui que l’on a longtemps surnommé le « Spielberg de Hong Kong ».

Tyler (Nicolas Tse) est un ex. barman fraîchement reconverti dans la protection rapprochée avec l’espoir de gagner de suffisamment d’argent pour venir en aide à une inspectrice de police lesbienne (Cathy Tsui), tombée enceinte après une nuit de beuverie passée ensemble. Tyler fait la connaissance de Jack (Wu Bai) et sa femme (Candy Lo) au cours d’une soirée dont il assurre la sécurité. Jack est en fait un mercenaire qui tente de rompre avec son passé tandis que sa femme est la fille d’un chef de triade de Hong Kong. L’histoire se complique encore lorsque que Tyler se retrouve mêlé au différend opposant Jack et ses ex. collègues, des mercenaires désireux de le voir exécuter une dernière mission pour leur compte...

Time and Tide est avant tout l’histoire de deux couples - l’un qui se cherche tandis que l’autre tente de se préserver - pris dans la tourmente d’un scénario digne de la plus classique des série B. Accumulant les exploits physiques et les scènes de gunfight en apesanteur, Tsui Hark se soucie rarement de notions aussi lourdes que « réalisme » ou « plausibilité », se permettant de nous proposer des moments qui frisent parfois le loufoque sans jamais y sombrer (voir la scène d’accouchement en pleine fusillade). Time and Tide traite ainsi de sujets relativement sérieux sur un mode totalement ludique, jouant trés bien de sa double histoire de romance très « rock » (tout comme la bande son) et de sa dimension de série B déjantée. Alternant les montées d’adrénaline pure, les situations comiques ou les passages plus « glamour » avec aisance, le film s’attache avant tout à suivre les trajectoires de ses différents protagonistes dont le point commun est l’état de rupture avec leurs milieux respectifs, leur besoin de repartir sur de nouvelles bases.

Par eux-mêmes, les thèmes sous-jacents à cette histoire n’apportent rien de nouveaux: il est question de survie, de liberté et d’espoir. C’est plutôt dans les choix de représentation de ces idées que le réalisateur hongkongais fait preuve de son aptitude à sans cesse renouveler son vocabulaire cinématographique, poussant encore un peu plus loin cette constante recherche formelle qui le caractérise. Ainsi peut-on comprendre le choix de représenter les scènes d’action avec Tyler, encore jeune et inexpérimenté, d’une façon réaliste et « terre à terre » soulignant sont aspect « brouillon » alors que Jack, personnage au passé plus chargé, bouge de manière complètement irréaliste faisant preuve d’une maîtrise physique qui confine au fantastique (il faut le voir descendre plusieurs étages, tirant un ennemi derrière lui, en courant sur les murs de la cage d’escalier sans jamais poser un pied au sol !). Comme toujours chez Tsui Hark, les corps en mouvement expriment bien plus qu’une intention et se chargent de véhiculer, parfois bien mieux que des dialogues, la nature des personnes et de leurs relations.

En ce sens Time and Tide est un film de pur mouvement, privilégiant avant tout des dynamiques plutôt que des situations, exposant le caractère de chacun des personnages au moyen d’une narration éclatée, évanescente et qui fuit toute tentative d’analyse « sur le vif ». Un chaos organisé en quelque sorte, à l’image des scènes d’action d’anthologies qui ponctuent tous les temps forts de ce long métrage, nécessitant souvent plusieurs visions pour en appréhender toute la complexité et l’ampleur.

A ce titre, la longue fusillade qui prend pour cadre une cité HLM de Hong Kong et met aux prises Jack contre ses anciens partenaires, constitue une des meilleures scène d’action de cette année 2001, tous films confondus ! Pendant plus d’une dizaine de minutes, le spectateur assiste, pantois, à une course poursuite très « tactique » entre ces professionnels de l’élimination qui se déploient sur plusieurs étages et bâtiments. Les personnages sautent, se tendent des embuscades, lancent des leurres, avalent les étages suspendus à des câbles au milieu d’un feu nourri et constant. Il faut le voir pour le croire, ce que traduit si bien le petit vieux, témoin anonyme de ce ballet meurtrier, qui a juste le temps d’apercevoir les silhouettes des combattants virevolter dans le ciel avant que tous disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus, le (nous) faisant douter de ses (nos) sens.

Le cinéaste et son chorégraphe, Hung Yan Yan, font en sorte de nous faire vivre ces moments de façon viscérale. Ils ne nous montrent pas l’action, ils nous la font ressentir. Alternance des plans et des points de vue, recours à la caméra portée pour nous donner l’impression de vivre certaines scènes de l’intérieur (sans parler de l’explosion tournée « en vue subjective »), angles de prise et mouvements de caméra accentuant jusqu’aux limites la gestuelle des acteurs (un peu de câble aussi pour les effets de suspension…), la multiplication des techniques sert à nous plonger directement au cœur de l’action tout en la magnifiant, jusqu’à en faire un quasi-concept. Bien que parfois surréalistes, ces dernières possèdent tout de même une cohérence propre qui ne se dévoile que progressivement, à l’image du film.

Ainsi, l’apparente simplicité du scénario masque avant tout une véritable densité de l’image. En effet, saturée d’informations et constamment en mouvement, l’image doit avant tout être considérée comme un flux tendu vers un seul objectif : rendre compte de l’énergie qui se dégage de chaque situation et de chaque personnage. Time and Tide y réussit pour nous livrer un film proche de la notion « d’équilibre dynamique », confirmant encore - s’il en était besoin - la capacité de son auteur à accoucher d’œuvres qui sont au cinéma de genre traditionnel ce que les « attracteurs étranges » sont à la physique classique…



16 août 2001
par Astec




The master is back !

Quoiqu'en en dise, la période hollywoodienne de Tsui Hark ne fût pas aussi désastreuse que certains veulent bien le penser. Si l'optique d'un John Woo est de se mouler dans le système avec d'énormes concessions (tout en conservant toutefois quelques gimmicks histoire de rassurer les quelques fans tenaces -hum!-), celle d'un Tsui Hark est d'expérimenter sans se renier. Fidèle à sa réputation de novateur génialement givré (qui d'autre oserait faire des films de SF barges à HK ?), le sieur ne se fait pas prier -ou si peu- pour quelques vandammeries.

Et faire une vandammerie c'est un bon compromis. C'est plus "classe" qu'un Frank Zagarino ou un Lorenzo Lamas (avec Matthias Hues en guest bien sûr) et certainement moins huppé qu'un Nicolas Cage ou un Tom Cruise, avec lesquels il serait impossible d'avoir un bon fouettage à l'anguille. On peut donc imaginer facilement que le "Spielberg de là-bas" (sobriquet à deux balles), loin de se renier au contraire, continue à se remettre en question après un *vrai* passage à vide à HK. Et ce Time and tide est le résultat de ces stages studieux.

Mais toutefois attention ! Le film n'est pas vraiment celui vendu par la presse spécialisée. Précédé d'une réputation de folie destructrice reléguant A toute épreuve au vestiaire, il peut facilement décevoir ceux qui s'attendent à voir le record du monde de douilles enfin battu. Car ce n'est pas l'actioner fou furieux qu'on attendait tous de pied ferme (allez, avouez-le !) : les gunfights ne sont pas plus nombreux et furieux qu'à l'ordinaire et les scènes pures d'anthologie peuvent se compter sur les doigts d'un manchot démembré (même le *fameux* flinguage en apesanteur entre Jack et son ex-allié est trop court).

Ah, si ces journalistes pouvaient freiner un brin leur enthousiasme un peu trop exacerbé, ils nous éviteraient bien des frustrations ! Toutefois, ce n'est pas une raison pour bouder ce film visuellement impressionnant (quoique moins fou que ce à quoi on s'attendait, grrr). Car tout est là. Si l'histoire n'a que peu d'importance (pas grave, voir Sammo Hung), tout est ici question de choix graphiques. Tout comme China Strike Force, les personnages sont loin d'être laids (ah si y'a Anthony Wong) et très stylisés, ce qui commence à être le trademark des dernières productions.

Et si le plot met un peu de temps à se mettre en place (Wu Bai met du temps à arriver), tout est relié par une mise en scène qui ne déçoit pas. Ce que Tsui Hark a maladroitement mis en place dans les JCVD (hey c'était un stagiaire), on le retrouve ici en exercice de style cohérent (l'explosion de l'immeuble <-> les explosions de Double team). Et même si on a un peu de mal à pardonner une pyrotechnie parfois peu convaincante (les flammes du même immeuble) et un climax finalement peu croustillant, on peut finalement se dire que le simple fait de prouver à nouveau qu'à Hong-Kong on sait encore écraser les autres en matière d'action ce n'est déjà pas si mal (les exploits de Jack sont plus forts que ceux d'Ethan Hunt). Ainsi, ce résultat est tout de même rassurant et passionnant à défaut d'être totalement excitant.



10 novembre 2001
par Chris




visuellement irréprochable mais conformiste au possible

Tsui Hark revient en colère des States mais ne peut plus réellement sortir du moule popeux conciencieusement créé dans le polar action HK, il ne peut que se jeter avec toutes ses armes dans l'action, avec un brio certain comme toujours, mais ne se soucie guère de faire vivre son film en dehors de sentiers battus et rebattus. On obtient donc une expérience visuelle loin d'être révolutionnaire, mais de tous les instants. Tsui Hark montre encore une fois que personne ne manie la caméra comme lui. Avec des centaines d’idées de plans à la minute, l’œil de l’objectif est en parfaite fusion avec notre propre regard (au hasard, saut par la fenêtre et zoom en descente vertical pour suivre à la trace Wu Bai, l'attraction surentraînée du film). Mais malgré le nombre de plans impressionants, le film manque cruellement d'enjeux et la réalisation léchée n'emporte clairement pas tout : juste un mix énorme d'idées dont beaucoup ont été maintes fois utilisées, pas de réels coup de pied bien méchant dans la fourmilière de l'action gros budget, tout juste une petite claque. L’ambiance sonore est excellente (bruits d’environnement en rythme avec le découpage). La musique popeuse mais variée ne monte en général qu’en fin de scène pour souligner encore plus l’intensité. Les deux plus grosses scènes d'action valent clairement le détour mais comme trop souvent, le scénario est bien pauvre et basique, un peu passé au shaker pour accentuer la tension, mais ça pousse vraiment pas loin. Les acteurs sont plutôt convaincants (et encore je suis gentil) mais le scénario est bien trop light pour faire de Time and tide un must. Juste agréable pour l’expérience sonovisuelle mais loin d'être la bombe attendue et encore plus le meilleur Tsui Hark (trop récent !?).

18 janvier 2003
par drélium




Un Tsui Hark expérimental un peu bancal, mais oh combien inventif

Oulàlà, Tsui en avait marre des films à Vandamme, là il était fâché tout rouge. Il rentre à HK, vexé de ses expériences US, et là il tombe sur des films de chevelus dans tous les sens. Le papa est de retour, et il décide de montrer à tout le monde pourquoi c'est le chef. Il ressort de ses cartons son Syndicat du Crime 4, qui a évolué en une sorte de récit d'action sur la survie et l'espoir. Accrochez vous, parce que ça part dans tous les sens.

Tout d'abord, il faut bien comprendre que le film est quasiment purement sensoriel, càd visuel et sonore.Donc allez le voir en salle, ou achetez le DVD, et regardez sur un grand écran avec un très bon son. Presque tout le film est basé sur les mouvements et l'ambiance sonore, il faut donc se rapprocher le plus possible d'une salle de cinéma pour le regarder. Tout comme dans The Blade la première vision déconcerte, on a un peu mal à la tête, et on en sort décoiffé. Spécialement au cinéma, mais c'est là que le film donne toute sa puissance.

L'histoire n'est pas très fine, mais comme l'a expliqué Tsui, on s'en fout un peu. J'ai cependant trouvé la narration sympathique, et elle se rapproche du but originel concertant le film : montrer que la vie est un combat incessant, il faut tout faire pour s'en sortir et on ne sait jamais si on y arrivera. L'histoire des deux rats et du chat vient le souligner une deuxième fois, après les commentaires sur la création du monde. Cependant, ce n'est pas là-dessus qu'on va écrire des pages. On peut regretter quelques petits détails gênants, comme les grenades qui ressemblent plus à des pétards et les mouvements presque surnaturels de Wu Bai. Bref, toi l'ami de la vraisemblance et autre logique, passe ton chemin.

L'interprétation n'est pas géniale, mais satisfaisante en sachant qu'il s'agit de nouveaux venus. Nicolas Tse est assez peu expressif, et Wu Bai de même, c'est plus leurs aspects visuels qui sont utilisés. Les personnages féminins ne sont pas plus travaillés, mais agissent comme catalyseur des actions des hommes en fait. On apprécie tout de même le physique de Cathy Tsui (quel canon...) et la bonne humeur de Candy Lo. Et bien sûr le bon vieil Anthony Wong... : )

Ce qui est plutôt transcendant, c'est la réalisation, spécialement lors des scènes d'action. C'est du délire intégral, des mouvements de caméras qui tentent d'être plus fous que les mouvements des personnages (ce qui n'est pas peu dire...). Beaucoup de fusillades, un peu de combats rapprochés et des plans de folie. Le film est tout de même un peu long à démarrer, je pensais avoir droit à de l'action dès le début. Mais ensuite tout s'enchaîne plutôt rapidement pour ne livrer QUE de l'action pendant 45 minutes. Chaque scène contient des idées intéressantes, mais tout passe tellement vite qu'on ne peut pas en profiter au maximum. On a à peine dit "oulàlà mais qu'est-ce qu'il nous a fait là Tsui !!!" qu'une nouvelle idée arrive. La plupart des réalisateurs se contenterait d'une idée pour frimer le temps d'une scène, en l'isolant bien histoire qu'on la remarque. Là c'est du mitraillage. Tout n'est pas génial bien sûr, mais il y a cette recherche permanente d'un nouveau style de réalisation.

Au niveau technique, on regrette tout de même les effets numériques souvent très moyens... Sinon le montage de Marco Mak et la photo de Herman Yau sont OK, la musique bien sûr très rock (présence de Wu Bai oblige), les effets sonores très soignés. Bref, ce n'est pas parfait faute de budget, mais cela reste dans le haut du sac assez facilement.

Le scénario assez moyen et l'interprétation peu spectaculaire font que Time and Tide n'est pas The Blade. Il ne marquera pas autant les esprits. Mais il va dans le même sens : explorer ce que personne n'a encore essayé au cinéma. Alors il se fera beaucoup de détracteurs, il paye fort le prix de son originalité. Mais cela reste assurément un des meilleurs films d'action de l'année 2000, et un des meilleurs films tout court, puisqu'il sort de cette catégorie assez facilement, avec sa narration voix off sympathique et ses histoires d'amour difficiles. Mélo, action, humour, tout se mélange à la HKgaise pour ce film une nouvelle fois bluffant du génie Tsui Hark.



05 mai 2001
par François




Bien décevant

Time and Tide (littéralement « le temps et la marée ») est donc le premier film de Tsui Hark à Hong-Kong après son expérience de quelques années plutôt malheureuses à Hollywood. On pouvait s’attendre à un festival d’action et de mise en scène virtuose comme il en a le secret pour fêter son retour au bercail, mais pour moi, Tsui n’est plus que l’ombre de lui-même. Où est donc passée son envie de communiquer au spectateur des émotions intenses, aussi bien visuellement que narrativement, comme il savait si bien le faire dans Green Snake, Il était une fois en Chine ou The Blade ? Mystère… En choisissant de se rapprocher des productions de la Milkyway (la comparaison avec The Odd One Dies ou The Mission est assez flagrante), il a peut-être perdu une partie de son âme en réalisant un film qui ne lui convenait pas.

Après une première demi-heure bien terne où les scènes comiques succèdent aux scènes d’action sans crier gare, la confusion et le chaos s’emparent du récit pour ne plus le quitter. Trop d’ellipses, trop de coupures brutales, et très vite on ne sait plus qui est qui, pourquoi ni comment, malgré le fait que le scénario soit relativement basique sur le papier. On se retrouve alors un peu détaché de l’intrigue, condamné à suivre une fusillade interminable dans une zone HLM déserte, qui se poursuit dans une gare puis se clôt dans une salle de concert. D’émotions, de frissons, point. Les acteurs, excepté Nic Tse, voient leurs personnages réduits à peau de chagrin, se résumant la plupart du temps à leurs seuls actes. Les scènes d’anthologie annoncées se sont révélées à mes yeux vraiment décevantes. Je crois que je m’attendais vraiment à autre chose, autre chose que cette montagne d'ennui.

Généralement, lorsqu’il me semble être passé à côté d’un film dont beaucoup disent du bien, je me le repasse une deuxième fois pour être sûr de mon opinion. Pour Time and Tide, en repensant aux laborieuses scènes de gunfights, je n’en ai même pas eu le courage…



04 septembre 2002
par Ghost Dog




pas le plus construit, mais genial

c'est vrai que certaines lenteurs peuvent enerver, mais c'est bourre de talent. Rien que pour les 2 minutes de l'intro et de la conclusion ce film vaudrait la peine d'etre vu (et pourtant c'est juste du narratif)

27 décembre 2002
par jeffy




Visuellement époustouflant.

En ce bel après-midi d’hiver, je me suis pris un sacré coup de chaud ; je dirais même que c’est une claque que je me suis pris !

L’histoire n’est pas super mais elle nous suffit ici. Elle tient à peu près la route contenant son lot d’invraisemblance et surtout elle permet d’avoir des bad guys latinos tout à fait jouissif. L’intro ne permet pas du tout d’imaginer ce qui nous attend, et c’est tant mieux ! Cette séquence démarre comme un film d’auteur assortie d’un petit discours qui tente de nous faire réfléchir, puis après un début de film « normal », une petite plongée en Amérique du Sud nous permet de bien comprendre ce qui nous attend ; cependant déjà lors de la première dispute entre Nicholas TSE Ting-Fung et Cathy Tsui, Tsui nous fait deviner ce que sera la suite en matière d’action. A ce niveau, la scène finale est réellement longue et intense : elle démarre sur des toits d’immeuble, puis une brève transition pour aller à la gare et enfin terminer dans le coliseum où se déroule un concert. Cette suite de séquence est vraiment impressionnante et sans aucun temps mort.

J’adore comment sont filmées ces différentes scènes, quelle maîtrise de la part de Tsui Hark et quelle débauche d’inventivité, faîtes attention si vous avez mal au crâne, ce film vous est vivement déconseillé car ça ne fera qu’empirer ; par contre si vous rentrez dans cette débauche d’énergie et que le style dont les scènes d’actions sont traitées ne vous rebute pas, je vous garantie le pied intégral. J’ai quand même un petit bémol à formuler à propos de 2 effets spéciaux que je n’ai pas trouvés très réussi : l’appartement en feu dans la cité d’immeuble et lorsque WU Bai est suspendu au-dessus du coliseum.

Les acteurs ne s’en sortent pas trop mal, Nicholas Tse est assez neutre (je ne sais pas pourquoi mais j’aurais mieux vu pour ce rôle), Anthony WONG Chau-Sang fait toujours plaisir à voir dans des rôles « classiques », Candy LO Hau-Yam et Cathy Tsui sont charmantes à souhait et Wu Bai est laid, parfait pour tenir le poste d’anti-héros de service. Bravo pour les bad guys latinos et leur chef avec ses rastas, ça tape bien. La B.O est plutôt rock et certaines intonations me font penser à Nirvana (les 2-3 premières notes de la musique de début), dans l’ensemble ça va, même si ce n’est pas mon genre musical de prédilection.

Sinon je peux dire que je ne m’attendais pas à quelque chose d’aussi puissant. Contrairement à Fulltime Killer, la forme a réellement réussi à l’emporter sur le fond : lorsqu’un scénario est plutôt léger ou banal il faut bien qu’il y ait quelque chose pour le sortir de la masse, ici la réalisation de Tsui fait toute la différence. Seulement je conçois parfaitement que les scènes tout comme le scénario en rebutent plus d’un, bref encore un film qui ne peut faire l’unanimité ; cependant moi j’en redemande encore et toujours car j’ai trop accroché !



16 décembre 2001
par Junta




Retour gagnant

Time and tide ou comment la colère donne forme aux idées esquissées par Tsui Hark dans sa période américaine. Colère de jalousie contre la Milkyway (Johnnie To avait essayé de créer sa compagnie sur le modèle de la Workshop) et contre les films d'action avec gangsters propres sur eux et taille mannequin (les Young and Dangerous). Du premier, Tsui Hark recycle certains gimmicks (le doigt de pied coupé, Nicholas Tse enfermé dans un camion pour le faire parler, l'usage récurrent du split-screen) et reprend Anthony Wong dans un rôle identique à celui de the Mission. Il utilise les acteurs du second à contre-emploi. Colère surtout contre le recyclage mondial de certaines figures du cinéma de Hong Kong: la scène du début fait vomir un couple qui se serait étreint dans Chung King Express, Nicholas Tse s'entraîne à viser des colombes, les fringues qu'il porte lorsqu'il rencontre Wu Bai à l'armurerie sont l'exacte réplique du look de Cruise dans MI2; un peu comme les héros wooiens tchatchaient au milieu d'un gunfight, l'un des personnages sirote une bière entre deux tirs, une canette est prise pour cible lors d'un gunfight dans un lieu contenant des représentations de la vierge, lors d'un double braquage, une déflagration répond à un "maintenant on est égaux" wooien, Jack Kao dit à Wu Bai "nous deux on fait la même chose, sauf que tu le fais hors de la légalité", l'accouchement sous les flingues parodie Hard Boiled.

Les personnages de Tsui Hark ne sont pas les Hero d'antan, ce sont juste des petites frappes essayant tant bien que mal de survivre dans ce Hong Kong où tout va trop vite, ce chaos vivant. Et si tout ceci ne sombre pas dans le cynisme contrairement à ses films américains, c'est que ce côté parodique venge le spectateur de ce qu'est devenu le cinéma de Hong Kong: on prend ainsi plaisir au massacre, au peinturlurage de l'univers de Woo, cinéaste à la carrière américaine honorable mais dont Volte/Face est la seule fulgurance cinématographique récente, Hark ne fait que parodier, il n'a pas encore trop poussé sa critique du genre à l'intérieur du genre. Mais à l'instar d'un film traversé de métaphores bibliques de chaos, de monde babylonien -le côté polyglotte du film-, de renaissance, Tsui Hark détruit le cinéma ancien pour reconstruire le cinéma d'action: aux ralentis wooiens il substitue une vitesse qui enregistre tous les détails de l'action et la rend paradoxalement plus visibles; un peu comme Fukasaku des années avant, il crée un style reflétant une situation de chaos. C'est d'ailleurs en cela qu'il ne s'agit pas d'un tour de force pour le tour de force: le film cherche à faire ressentir HK, sa vitesse, son chaos, donc comme tous les grands films à créer du lien avec le spectateur. En choisissant de faire un film d'action refusant la narration romanesque classique et la psychologie au profit du sensoriel, il recrée le cinéma de genre made in Hong Kong comme alternative à celui qui l'a recyclé. Et offre son lot de scènes d'anthologie: le gunfight yamakasien par exemple... Certains reprocheront au film de n'être qu'une succession de scènes d'anthologie mais le film ne contient que des bonnes scènes et pas de mauvaises scènes et en cela applique à la lettre le fameux précepte hawksien.

Evidemment, ça peut se faire détester, laisser pas mal de monde sur le carreau mais on peut aussi aimer ce coup d'éclat d'un taggeur fou de retour au bercail, d'un homme qui ne comprend plus un Hong Kong qui va trop vite pour lui et fait du cinéma autour de cette incompréhension. Les acteurs n'ont aucun charisme? Ce n'est pas le but et leurs rôles ne nécessitent pas un sens deniroien du métier d'acteur, c'est l'aspect débrouillard de leurs personnages qui suscite l'empathie. Pour un film qui réussit là où Piège à Hong Kong échouait.



16 novembre 2001
par Ordell Robbie




Un film d'action décoiffant 100% Tsui Hark, dont la créativité se surpasse et repousse les limites visuelles du genre.

Time and Tide marque le retour de Tsui Hark après le fiasco JCVD. Presque tous les interprètes du film sont des petits nouveaux (à part Anthony Wong, qui joue le patron de la compagnie de sécurité, et peut-être Nicholas Tse, qui a joué dans cinq films avant celui-ci). Une autre coïncidence intéressante est qu'à la fois Nicholas Tse, Wu Bai et Candy Lo sont des chanteurs à la base et des acteurs ensuite. Il est très rare que des chanteurs-devenus-acteurs aient eu des rôles si important dans un film de Tsui.

En fait, l'histoire est un imbroglio et les personnages sont délibérément créés pour se conformer à cet état de chaos et d'ambiguïté. Nic Tse n'aime pas Cathy Tsui mais veut l'aider à s'en sortir. Cathy Tsui est une lesbienne qui ne s'intéresse pas tellement aux hommes, mais qui préfère garder l'enfant plutôt que d'avorter. Wu Bai est marié à Candy Lo, dont le père est le boss d'une triade à HK. Candy est tiraillée entre son père, qui ne lui pardonnerait pas s'il savait qu'elle était mariée à Jack, et son mari qui cache sa véritable identité pour la protéger. Ensuite il y a Anthony Wong, qui est parvenu à se faire une situation avec son business de sécurité un peu illégal, en embauchant ceux qui lui doivent de l'argent comme des "professionnels" de la sécurité. Tous ces personnages ont leur vie et pas des histoires hors du commun, ce qui va, à la fin, compliquer le thème du film.

Le film est dans tous les sens du terme un film d'action intense. Sur 113 minutes, au moins 70% consiste en des scènes d'action au montage ultra-serré, avec quelques fabuleux gunfights aériens, quelques effets spéciaux numériques, et une fin mouvementée plus dramatique. J'ai vu le film trois fois sur grand écran, espérant se rapprocher ainsi des scènes d'action qui ont été tant de fois le label de Tsui Hark par le passé. Les scènes d'action peuvent être divisées entre celles non professionnelles, à approche très réaliste (principalement avec Nic Tse) et les passages complètement irréalistes (entre Wu Bai et les mercenaires sud-américains pour quatre scènes, dans un parking, dans une vieille maison, dans la gare et enfin le Coliseum de HK). Dans une interview, Nic Tse explique que les scènes d'action dans lesquelles il figure ont été filmées dans un style ultra-réaliste, afin de montrer son non-professionnalisme et sont définitivement peu plaisantes à l'oeil.

D'un autre coté, les combats entre Wu Bai et les mercenaires montrent toute la virtuosité de Tsui Hark, Hung Yan Yan (chorégraphe) et Kuon Hui On (mixer du son). Le gunfight avec câbles en dehors de la vieille maison est tout simplement incroyable. Il faut le voir pour le croire. Les meilleures scènes d'action sont à la fois celle du parking et de la maison. Elles méritent plusieurs visions au ralenti. Le film présente aussi quelques plan à la John Woo, avec une scène où les deux protagonistes se font face à face arme à la main et des pigeons volant aux alentours. La première scène est amusante et la seconde plus créative. La première se finit quand un des deux protagonistes commence à parler, et l'autre soudainement presse la détente, ajoutant "pourquoi parler quand tu devrais presser la détente". Cela ressemble à une moquerie de Tsui envers les scènes du même genre trop romancées de John Woo. Les pigeons sont utilisés également pendant les gunfights, mais de manière réaliste afin de dépeindre la vieille maison. John Woo utilise les pigeons de manière symbolique, alors que Tsui Hark de manière réaliste. Ne vous méprenez pas sur le pourquoi de leur usage.

La scène finale fait monter le rythme de la poursuite et des fusillades de la gare au Coliseum (qui accueille comme par hasard un concert de cantopop). Je pense que Tsui voulait vraiment dire quelque chose en finissant le film à cet endroit. Les quatre protagonistes principaux (interprétés par quatre chanteurs un peu marginaux à HK) sont là, afin de compléter leur mission. Wu Bai élimine finalement son adversaire et sauve le public, alors que Nic Tse et Candy lo joignent leur effort pour éliminer un autre bad guy, après que Candy ait donné naissance à son bébé. On dirait que Nic, Candy et Bai représentent les chanteurs impénitents qui peuvent sauver la canto-pop Hkgaise et bien sûr, la mission du film.

En résumé, le nouveau film d'action de Tsui Hark est une nouvelle perle car il essaye d'aller plus loin que ses précédents films en définissant de nouveaux objectifs. Le mixage du son effectué par Kuon Hui On est une contribution significative pour un film HKgais qui se soucie plus de la post-production. Les effets sonores ajoutent du réalisme et de l'énergie à l'intégration des scènes d'action. Time and Tide est un film d'action de série B à son summum.



06 décembre 2000
par Sebastian




Flic ou ninja.

A l'heure où le cinéma de HongKong est à la dérive, un type portant le nom de Tsui Hark ramène sa fraise dans cette industrie qu'il a révolutionné il y a plus de 20 ans, pour redorer son blason et transgresser les codes du genre que les américains monopolisent. Time and Tide est le sauveur.

Sur un scénario qui ne prête ni à la révolution ni à la distinction (un jeune paumé rentre dans un club de garde rapproché pas très légal pour se refaire une santé), Tsui Hark développe tout son savoir faire, son hystérie et sa rage pour pondre l'un des thrillers les plus définitifs qu'il m'ai été donné de voir. En résulte alors une réalisation ultra efficace, des séquences d'action incroyablement spectaculaires (ces marines sont 'hachement fort!), à s'en décrocher le slibard. Superbe, que dis-je, sublime Scope tantôt posé, tantôt en pleine excitation (quand Mr Hark déboule dans les rues HongKongaise Scope à la main, c'est quelque chose!), on reste accroché à ce produit 100% furie, mené par une poignée d'acteurs très classieux (Nicholas Tse, Cathy Tsui, Wu Bai, Anthony Wong remarquables).

Tsui Hark n'est pas qu'un simple réalisateur. Il emmerde tout le monde, pond un film ultra efficace et ferme le clapet de ses détracteurs. Un des thrillers les plus excitants depuis pas mal de temps. Encore une fois, merci.

Esthétique : 4.5/5 : Bluffant. Johnnie To n'a qu'à bien se tenir ;) Musique : 3/5 - Assez banale dans l'ensemble mais souvent présente. Interprétation : 4/5 - Gros cast, des acteurs impliqués et souvent touchants. Scénario : 3/5 - J'avoue m'y être perdu plus d'une fois. Gros thriller, gros buddy movie.



11 février 2006
par Xavier Chanoine


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