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Woman of courage

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1 critiques: 2.5/5

visiteurnote
Bastian Meiresonne 2.5


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

Mère Patrie

Voici l'un des films indonésiens les plus importants des années 1980 – une véritable institution, encore multi-diffusé à la télévision aujourd'hui, vu – ou du moins connu – par quasiment tous les indonésiens et qui aura valu la consécration de son actrice principale Christine Hakim, interprète légendaire de la révolutionnaire Tjoet Nja Dhien et – dans une moindre mesure – le réalisateur Eros Djarot.
 
Cette superproduction est un film extrêmement patriotique (si ce n'est "nationaliste"), biopic sur la résistante la plus célèbre dans la lutte contre l'occupant hollandais en Indonésie, Tjoet Nja Dhien. En résumé, elle a repris la tête de la résistance farouche du peuple d'Aceh contre l'envahisseur hollandais à la mort de son mari à la fin du XIXe siècle, luttant très efficacement avec très peu de moyens contre l'occupant beaucoup plus nombreux et surtout mieux armé. Elle a parlé au nom de tout un peuple, mais aussi de celui d'Allah, puisque la foi et la religion ont toujours été au cœur de ses motivations et qu'elle a tenté des très nombreuses fois à trouvé une issue pacifiste à un combat sans fin. En vain. Ce n'est pas un mystère, pour celui qui connaît un tantinet l'Histoire Indonésienne: affaiblie par l'âge et une terrible maladie, elle sera "trahie" par l'un des siens, qui indique sa cachette aux hollandais en échange de la promesse de ne pas la tuer et de la soigner…Promesse, qui sera rompue par l'occupant dès l'arrestation de la femme. Quant au peuple d'Aceh, il est dit avoir diminué en quelques décennies de 9 millions à 5 millions d'habitants suite aux déplacements, mais surtout des massacres de ses habitants par les hollandais…
 
A une histoire ambitieuse, des moyens somptueux et c'est donc pourvu d'un budget relativement confortable (pour l'Indonésie) et le concours de milliers de figurants bénévoles, que le réalisateur Eros Djarot peut donner vision aux faits historiques. Epopée inspiré par des faits historiques fortement nationalistes et tournée sous une dictature très favorable au repli sur soi, impossible d'échapper au patriotisme…Peu de nuances dans le portrait du pauvre peuple indonésien opprimé par le sanguinaire occupant hollandais parfaitement méprisable…sauf dans cette étonnante touche humaniste au cours de l'arrestation finale de Tjoet – mais qui ne fait finalement que renforcer la "grandeur" de la mythique guerrière.
 
Le chef-opérateur George Kamarullah fait des miracles à l'image avec des cadrages et des lumières sublimes dans des nombreux décors naturels souvent à l'écart de toute civilisation encore aujourd'hui, dont la dense forêt tropicale d'Aceh (dans laquelle les résistants ont attiré les soldats hollandais pour mieux pouvoir les assassiner) et l'île de Sumatra, tandis qu'Idris Sardi a su composer un score parfaitement adaptée à ces images (du moins sur pellicule, car les rares versions encore trouvables en VCD / DVD sont malheureusement de piètre qualité).
 
Le film fut d'ailleurs à juste titre archi primé au cours de nombreuses manifestations culturelles indonésiennes et a la particularité d'avoir été le tout premier film indonésien montré dans une section parallèle du Festival de Cannes en 1989.
 
Niveau casting, il y a également du lourd avec notamment la présence de Christine Hakim, qui trouve dans le personnage de Tjoet Nja Dhien le rôle de sa vie – peut-être pas dès le départ en femme au service de son mari, mais plutôt lorsqu'elle décide de reprendre la tête de la résistance et surtout dans le dernier tiers étonnant du film, lorsqu'elle perd progressivement force et la vue pour aboutir sur son incroyable performance en vieille femme guerrière affaiblie arrêtée par les forces hostiles sous une pluie battante au cœur de la jungle – un très, très, très grand moment de cinéma.
 
A ses côtés, on retrouve notamment Hendra Yanuarti et surtout l'immense Slamet Rahardjo, qui aura révolutionné le Théâtre Moderne en Indonésie avec sa Troupe du "Théâtre Populaire" durant les années 1960s avant de passer acteur et même réalisateur avec les remarquables A Time to Mend en 1979 et son plus grand succès international à ce jour "My sky my home" en 1990.
 
Alors, attention !!! Les moyens restent relativement restreints par rapport à d'autres pays asiatiques de la même époque, mais il ne faut jamais oublier les extrêmes conditions financières d'un pays soumis sous une très forte dictature à l'époque et des techniciens et acteurs insuffisamment formés…On peut évidemment déplorer des (très nombreuses !!!) scènes de bataille moyennement emballées, une mise en scène parfois hasardeuse, un scénario insuffisamment développé, qui n'aide en rien un jeu d'acteurs outrancièrement caricatural…mais au-delà, "Tjoet Nja Dhien" reste un film extrêmement poignant avec des très nombreuses scènes très, très fortes, dont notamment la reconstitution de l'horrible massacre d'un village entier en guise de représailles par les hollandais, qui – très fiers de leurs faits – plantèrent un appareil photo au milieu de l'immense boucherie pour prendre la pose au milieu de centaines de cadavres – un fait historique avéré et une scène, qui glace véritablement les sangs…
Quant au film, outre les très nombreuses batailles, les enjeux largement discutés par les uns et les autres (et malheureusement coupés selon les version – 105 minutes pour la version internationale, 133 mn pour celle présentée à cannes et 150 minutes pour celle jadis exploitée à sa sortie), il y a même des scènes de comédie avec plusieurs personnages plutôt cocasses, dont "Le Poète", grand adepte à servir "de l'esprit", plutôt que de la vraie nourriture aux résistants, qui devront – du coup – se contenter de riz cramé à force d'écouter les trop longues tirades de l'érudit.
 
 
A sa sortie en 1988, le film a fait 214 458 entrées à Jakarta.


25 juin 2010
par Bastian Meiresonne


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