Les poubelles reflets de l'âme ?
Tokyo Trash Baby nous présente le quotidien d’une jeune japonaise qui est amoureuse de son voisin. N’osant pas l’aborder elle préfère récupérer ses sacs poubelles, les fouiller et ainsi découvrir pas ses ordures la vie de ce dernier. Le sujet aurait pu être abordé de façon sombre ou peu reluisante, mais le réalisateur HIROKI Ryuichi a préféré l’humour et c’est tant mieux.
Le film a été tourné sous le format D.V, ce qui donne un aspect documentaire comme c’est généralement le cas pour ce genre de production. La photographie et la lumière sont belles, ce qui n’est pas toujours facile sous ce format. Les acteurs dans l’ensemble sont assez bons, l’interprète principale NAKAMURA Mami est toute mimi malgré ses habitudes un peu crado (elle fouille les poubelles quand même).
Ce long métrage montre une fois de plus le problème de communication qui existe de nos jours avec une héroïne qui préfère vivre une romance avec son voisin à travers ses détritus plutôt que de lui parler franchement.
Au final on a un petit film sans prétention, pas trop crade malgré son sujet de départ et très sympathique à suivre.
Merci à Panasia 2002
Pas une thune, mais plein d'idées
C'est peut être le film avec le meilleur ratio budget/qualité du monde! Tokyo Trash Baby n'est pas un chef d'oeuvre mais il est réalisé avec deux francs (vieille DV de base, aucune lumière, son pourri), et bien réalisé. La DV trouve ici sa justification puisque l'histoire est du domaine du journal intime. Le cadre, souvent fixe, reste à la bonne distance, le montage alerte évite la monotonie dans des situations pourtant répétitives (combien de poubelles vide t-elle?), et les acteurs sont excellents. Mention spéciale à la serveuse amie de l'héroïne, une nymphomane très drôle qui se tape tout ce qui bouge, bien caractérisée en très peu de scènes. Le seul plaisir de voir l'actrice en nuisette et culotte (jamais sans!) les trois quarts du film suffisent à suciter l'intérêt, mais Tokyo Trash Baby vaut mieux que ça, et mieux que son titre en forme de programme racoleur qui ne tient pas toutes ses promesses. Car finalement, même s'il y a un préservatif plein qui s'écrase sur un mur, ce film est plus mignon que trash.
Pensées ordurières
Premier de la série de six films produits par CineRocket (dont "Visitor Q" de Miike), dont des impératifs étaient le tournage en DV et une histoire ayant un personnage féminin comme protagoniste principal, "Tokyo Trash Baby" ("Trash" signifiant "poubelle", "ordures") est une simple petite histoire sur quelques personnages en marge de la société, que Ryuichi affectionne tant. S'attachant à vaguement décrire le phénomène nippon des "furitas" (jeunes entre 18 et 34, qui végètent de petits jobs après avoir terminé leurs études scolaires), il est surtout une acerbe parabole de l'actuelle société de consommation. Miyuki phantasme donc sur un musicien vivant dans le même immeuble qu'elle en fouillant quotidiennement ses poubelles pour pouvoir s'identifier à sa vie. Métaphore à peine caché de l'engouement du star-système mercantile de jeunes personnes pour des "idoles" préfabriqués et de la curiosité humaine à vouloir connaître tous les détails intimes dans ses moindres détails, elle se construit donc une véritable vie fantasmée à l'aide des détritus récupérées et de photomontages à l'aide des articles de presse consacrées à la star et de ses propres photos d'identité.
Cette vie prendra fin le jour où elle finira par aguicher pour de vrai son idole, puis ira symboliquement "enterrer" très loin ses anciens "trophées" et illusions.
Cette histoire est entrecoupée par quelques cocasses scènes dans le petit restaurant où travaille Miyuki, où sont rapidement - mais parfaitement - dépeints son patron se mêlant de rien et sa collègue légèrement nymphomane. De vrais moments d'un humour discret, mais faisant mouche. Enfin, le caricatural portrait du soupirant sans imagination aucune constitue bien évidemment la cauchemardesque vision qu'a la jeune femme de la société environnante.
Simple, léger et frais, Ryuichi signe une belle tranche de vie sans prétention aucune, mais avec beaucoup d'humanité. Un régal !