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La Vengeance d'un acteur

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Ghost Dog 4 Hommage au kabuki
Ordell Robbie 4.5 un must du film d'aventures
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Hommage au kabuki

ICHIKAWA Kon est un cinéaste majeur mais méconnu ; dans son Vengeance d’un acteur, il multiplie pourtant les trouvailles visuelles et les rebondissements pour faire de son œuvre un grand et bon divertissement familial, avec notamment un Hasegawa Kazuo stupéfiant dans son double rôle d’acteur efféminé et de voleur à la Robin des Bois. Peu à l’aise pour filmer les scènes d’action, il choisit de les esquiver en plongeant les confrontations dans le noir ou en ne cadrant que les sabres qui s’entrechoquent, ce qui donne un aspect onirique particulier et inattendu. Mais Ichikawa ne s’arrête pas là : beaucoup plus ambitieux, son projet est d'abord de mener une réflexion sur l'utilité de la vengeance, et surtout de rendre hommage au kabuki, l’art théâtral typique du Japon, en adaptant sa mise en scène et ses dialogues à la tradition ; le résultat est très réussi, mais il rend du même coup l’œuvre un peu moins abordable pour le tout venant des spectateurs qui y trouvera quelques longueurs.

Fugace instant magique
Un théâtre. Une pièce de kabuki. Sur la scène, un homme interprète un rôle de femme de manière très raffinée dans un décor enneigé. La caméra se rapproche de ses yeux qui fixent obstinément dans le public des personnages tant haï qui apparaissent dans une bulle près de son visage. « Ces gens, ce sont eux qui ont tué mon père, et ils osent se montrer en public à une de mes représentations » se répète-t-il dans son for intérieur. Vengeance !

12 août 2005
par Ghost Dog




un must du film d'aventures

Avec la Vengeance d'un acteur, Ichikawa transcende le script de sérial ordinaire d'un grand succès de Kinugasa et réussit un beau divertissement stylisé.

Tout d'abord, Ichikawa utilise son propre passé professionnel de peintre: il utilise le format cinémascope (format qui est celui d'une scène de théatre mais aussi celui d'un tableau de peinture) pour construire chacun de ses plans comme un tableau coloré. Les personnages sont ainsi entourés au gré des scènes par des fumées pastel, portent des habits aux tons clairs (ce qui a pour effet d'introduire une idée de décalage, d'ironie dans les situations mélodramatiques, les couleurs des vetements dans le mélodrame classique étant le plus souvent vives -cf Sirk, Almodovar- pour mieux refléter les sentiments intenses des personnages). Les scènes de nuit sont superbement éclairées à la lumière bleue. En outre, les scènes de film de sabre se déroulant de nuit abondent de plans isolant le sabre scintillant dans le noir ou montrant des personnages en tenue sombre, ce qui a pour effet de faire encore plus ressortir les visages dans la nuit. La caméra isole également certains détails ou personnages dans le plan en les entourant de noir ce qui fait que certains plans donnent l'impression d'etre vus au travers d'une serrure et le spectateur devient un témoin/voyeur des scènes.

Mais ce qui marque surtout dans le film est sa distanciation vis à vis du drame traditionnel japonais, distanciation qui évoque la désinvolture du western spaghetti de l'époque. Cette distance s'incarne à travers Kazuo Hasegawa qui incarne à la fois l'acteur de kabuki travesti et un bandit de grand chemin qui est son sosie, le suit en permanence et commente sa vengeance en en soulignant la construction théatrale, en applaudissant aux talents de comédien du héros. Le bandit de grand chemin est ainsi une véritable matérialisation de la voix off dans le film et assiste à une suite d'actes cruels en ayant en permanence le sourire au coin des lèvres, moque également les femmes qui tombent amoureuses de l'acteur de kabuki. Un autre aspect du décalage s'incarne dans l'alternance entre dramatisation théatrale et scènes de rue naturalistes ainsi que dans les scènes de combat filmées de loin ou du haut d'un toit. Le film dépeint le shogun comme un univers peuplé de personnages grotesques, incapables d'assumer leurs actes, faisant ainsi écho à la tendance parodique qui irriguait le polar nippon de l'époque (Fukasaku, Suzuki). A cela s'ajoute un score décalé plus proche des yakuzas eigas de son époque (percussions, folk, saxos jazzy) que de la musique japonaise traditionnelle. Et la fin où le héros joue sur scène sa revanche nous encourage à prendre le récit à la légère: toute la vengeance n'était que manipulation, mise en scène, rebondissements imprévus, en un mot du théatre. Ichikawa réfléchit ainsi sur la frontière théatre/réel avec une désinvolture, un souci permanent de faire rire -la morale du film pourrait etre "meme dans ses moments les plus cruels, la vie est un théatre comique"- qui tranche avec le pathétique de la plupart des films occidentaux traitant du sujet -Eve, Opening Night, Tout sur ma mère-.

Au final, Ichikawa aura offert à part égale au spectateur divertissement, rire, spectacle bien exécuté, recherche formelle et réflexion sur la vie. Il montre que s'il n'est pas un auteur à la thématique fixe comme les Kurosawa, Mizoguchi ou Kobayashi, cela ne signifie pas que son cinéma manque d'ambition et que bien qu'artisan du cinéma de genre il n'en est pas moins un artiste de grand talent.



20 mai 2002
par Ordell Robbie


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