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Fleur secrète

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les avis de Cinemasie

3 critiques: 3.08/5

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4 critiques: 3.31/5



Ordell Robbie 3 Un Konuma "appliqué" juste terni par un manque occasionnel de rythme.
Tenebres83 3.25
Xavier Chanoine 3 Les plaisirs de la chair...et du cordage
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Les plaisirs de la chair...et du cordage

Ah, ces fameux pinku eiga. Tout un art. Une vraie marque déposée qui a rendu célèbre le studio Nikkatsu à qui l'on doit un bel ensemble de polars et autres séries B qui ont fait les beaux jours du cinéma japonais populaire. Et le pinku-eiga est un genre à part entière, bien que différent des films érotiques européens comme on les connait chez nous, tout du moins à cette époque, avant que le genre ne passe définitivement aux films de sous-genres là aussi (SM, bondage, lesbien) tous issus bien évidemment du pinku de base et faisant depuis quelques années les beaux jours du AV (Adult Video) dans les rayons vidéos des boutiques douteuses de Tokyo. Ce n'est pas pour rien non plus que l'on retrouve dans cette Fleur secrète des bribes de séquences de cul que l'on voit encore régulièrement dans les AV, comme quoi les réalisateurs d'aujourd'hui n'ont pas oublié les pratiques taboues d'antan. Et rayon pratiques douteuses, le film de Konuma se veut être un vrai récital de toutes formes de perversion enfouies au plus profond du salaryman moyen (Makoto, employé quelconque) et de l'employeur friqué, Senzo, un riche homme d'affaires dont l'épouse ne le désire plus. Elle souhaite le divorce. L'idée de Senzo est simple, forcer Makoto à initier son épouse à toutes sortes de plaisirs pas bien propres afin de la dresser, puis de la prendre en photo dans des situations indécentes : résultat, elle ne pourra plus demander le divorce de peur que les photos soient dévoilées (elle perdrait ainsi toute dignité) et ne souhaitera plus qu'une chose, dévorer son mari suite au manque de plaisir interdit qu'elle aura subi durant un moment. Incapable de bander, Makoto accepte l'offre en pensant sûrement qu'il retrouvera la vigueur et la force de son membre saillant suite aux scènes de bondage qu'il prépare déjà sur sa poupée gonflable favorite. Il faut le voir tout seul planqué dans sa chambre de bonne entrain de flanquer des tatanes à un pauvre mannequin en plastique entouré de cordes. Il n'empêche, Konuma explore l'intérieur humain (au sens propre comme au sens figuré, on y reviendra) avec une insolence remarquable, ou comment montrer le vrai visage emplit de perversion du japonais moyen qui peut très bien se comporter comme tout bon salaryman dynamique ou expérimenté la journée et tenter le soir des expériences interdites où l'on glisserait quelques mille-pattes dans l'anus d'une servante qui en prendrait pour son grade parce que la maîtresse de maison ne satisfait plus son homme. Ce genre de choses.

Et la perversion est poussée jusqu'à ce que Senzo, celui qui est censé représenter l'expérience du sensei dans la société, demande à Makoto de prendre des photos de sa femme lorsqu'elle sera entrain de déféquer après absorption anale et vaginale d'un liquide de lavement (véridique!). Le plus intéressant dans cette étude des comportements humains déviants donne lieu à quelques virements de situation bienvenus tous plus ou moins dus à l'appel du sexe, de sa déviance et sa perversité lorsque le corps que l'on possède (littéralement) est attaché par des cordes et est ainsi soumis aux actes barbares -ou non- de son bourreau. Et malgré son envie de faire l'amour avec Shizuku, la femme de Senzo, Makoto renoncera à la brutaliser simplement parce qu'il n'est pas fait pour ce genre de manières. Sa mère, responsable d'un centre où les femmes sont les jouets des hommes (des séquences de bondage et d'épilation vaginale à la demande) aura beau l'inciter à la malmener, ce dernier ne peut pas. Sûrement a t-il encore en tête cette image effroyable de l'énorme black qui violait sa mère alors qu'il n'avait même pas dix ans, obligé, pense t-on, de l'assassiner au revolver pour protéger sa mère. Depuis, l'homme est impotent. Jusqu'à ce qu'il redécouvre le plaisir avec cette vraie bombe sexuelle de Shizuko. La voir dans des positions de soumission excitantes, la suspendre, l'attacher, la rendre définitivement incapable des moindres faits et gestes ne peut que lui donner le barreau, la poutre. Ses seins tendant vers l'ovale car compressés par le cordage, la chair transpirante, suintante, les formes généreuses sublimées par une lumière diffuse presque timide face à un tel objet de désire ne sont que la définition même de la tentation pour tout être rêveur et frustré qui se respecte *. Cette forme de sexe est surtout une pratique courante au Japon dans son exploitation vidéo (un bon AV a au moins une bonne scène de bondage) bien que totalement décriée dans le marché vidéo X français.

Mais Konuma l'utilise pour mieux caricaturer tout ce que ces gens là cachent à la société. A part une pratique douteuse dans un jardin, le bondage est réalisé dans des endroits clairement fermés, et bien que tabous, des établissements font du bondage leur principale source de revenus sans la moindre gêne apparente. Tout un paradoxe. Les personnages du film sont aussi tous plus ou moins soumis entre eux (Senzo est quoi qu'il arrive soumis à Makoto (qui est lui aussi soumis d'une certaine manière à sa mère) qui doit à son tour exercer des pratiques sur sa femme là aussi soumise aux hommes et à la mère de Makoto). Vrai cercle vicieux (vicieux comme le défilé de pratiques sexuelles dévergondées) qui, au final, ne montrera que le vrai visage des personnes concernées, le cinéaste se plaisant à un petit twist pas dégueu en fin de métrage pour finalement déboucher sur un threesome des familles, proche de tomber dans le foursome (moins courant il faut dire) mais la scène coupera plus vite que prévu. Le spectateur qui attendait une montagne de séquences de sexe et de pratiques gentiment déplacées repartira déçu de l'aventure, le film étant surtout une belle parabole sur les faux-semblants de la société nippone avec l'esprit généreux et très "libre" des films que l'on produisait à la Nikkatsu depuis les sixties. Dans cette optique, l'esthétique garde un certain charme d'époque même si le score du film peut faire penser à ce que l'on entend à la Toei au même moment. C'est à peine si un SUGAWARA Bunta aurait pu passer faire coucou le temps de quelques accords à la basse. Mais tout ça ne dit pas que Fleur Secrète est un pinku parfois ringard, outré dans son interprétation (comme souvent) mais qui a le mérite d'être un divertissement honorable à tous les niveaux, soutenu par une mise en scène correcte sans recherche d'audace.

* de mon côté, je ne me suis toujours pas spécialisé dans le roman érotique =)



01 août 2008
par Xavier Chanoine


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