(Sou)mise en chantier
"La femme aux cheveux rouges" n'est finalement rien d'autre qu'une énième variation du couple maudit, qui – dans un souci de consommer leur amour ravageur – vont toujours plus repousser les limites de leurs jeux érotiques. Une thématique présente dans la plupart des productions érotiques, cette fois placée non plus du temps historique d'Abe Sada, mais dans un cadre populaire plus proche de son audience, soit celui du milieu ouvrier, classe sociale qui aura donné naissance à un véritable sous-genre à part dans le milieu du pinku eiga au fur et à mesure des années 1970.
La réputation de cette œuvre serait donc bien davantage à mettre sur le compte de sa mise en scène (cadrages travaillés et une utilisation singulière du traitement de l'image, notamment au cours des scènes de pluie) et – surtout – de ses acteurs (le rôle vaudra à l'actrice principale Miyashita Junko de remporter le prix de la meilleure interprétation féminine décerné par le Hochi News en 1979 et lui vaudra le surnom de "Reine de l'éros"; l'incroyable Ishibashi Renji n'hésite une nouvelle fois pas à "donner" de sa personne dans le rôle du personnage principal avant d'enchaîner des productions beaucoup plus commerciales, sans que cela ne choque personne), plutôt que de son intrigue sommaire. Reste n'incroyable nihilisme des scènes de sexe sans aucun amour sur les chantiers, tranchant singulièrement avec celles, beaucoup plus érotiques, mais non pas davantage heureuses entre l'étrange couple condamné d'avance.
La fin du film est à l'image de son début: tout entier dans la logique d'une vie anonyme et sans coup d'éclat.
