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Memories of Murder

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les avis de Cinemasie

13 critiques: 4.17/5

vos avis

96 critiques: 4.26/5



Aurélien 4.75
drélium 4.25 Ah ouais, c'était bien en fait...
Elise 5
François 3.25 Bon polar comiquo-dramatique, malgré quelques longueurs
Ghost Dog 4.25 Magistral polar
jeffy 2.75 Bof
Junta 4.25 Très bon polar d'ambiance avec une vraie touche coréenne.
Marc G. 4.75 Un polar magnifique a la limite du social
MLF 3.5
Ordell Robbie 4.25 La Marque du Passé
Tenebres83 4.75
Xavier Chanoine 4.25 On cogne et on pose les questions!
Yann K 4.25 De visages et de paysages...
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Bon polar comiquo-dramatique, malgré quelques longueurs

Tout ou presque a été dit au sujet de Memories of Murder dans les autres critiques, la touche d'humour fort réussie (rappelant un peu Kitano dans le style), la construction du récit très réussie au début, la partie dramatique également de qualité, l'interprétation d'excellente qualité de Song Kang-Ho.

Les défauts ont également été évoqués, les longueurs dans le second tiers du film notamment. C'est très clairement la grosse faiblesse du film, qui aurait sûrement gagné à écourter la partie plus "comédie" pour plus développer la partie dramatique. Certains passages ont peu d'impact à cause de leur courte durée (comme la blessure à la jambe du coéquipier), et auraient mérité autant de soins que les parties plus détendues.

Au final, le film reste fort plaisant et surtout assez original. On est loin des films de Serial Killer à l'américaine, on se rapproche plus d'un Kitano version enquête, avec un humour légèrement décalé et des personnages très humains. A voir donc.

30 juin 2004
par François




Magistral polar

Difficile de croire qu'on soit encore réellement surpris en 2004 par un film de serial killer après tant d'années d'exploitation du filon. Et pourtant, c'est bien le cas avec ce Memories of Murders en tout point remarquable. L'ambiance tout d'abord, extrêmement soignée, entraîne le spectateur dans la campagne coréenne, des champs à perte de vue qui cohabitent avec un petit bourg quelconque et une usine banale, de grands espaces vides sources d'inquiétude et de peur, surtout quand ils sont plongés dans la froideur de la nuit et de la pluie battante. En ces lieux règne un individu mal intentionné, un pervers qui sème les cadavres de jeunes femmes violées derrière lui sans le moindre indice apparent. Voilà, le décor est planté. Il ne reste plus qu'à orchestrer la confrontation entre un flic local compétent pour des histoires de chiens écrasés mais complètement dépassé par les évènements exceptionnels qui se déroulent sous ses yeux, et un flic national sûr de lui et droit dans ses bottes, tout en les faisant habilement évoluer au fur et à mesure des fausses pistes et des pistes manquées, jusqu'au point de non retour, à savoir l'inversion des rôles… Ainsi, le flic local va se remettre en question et progresser intérieurement en comprenant que le con de l'histoire n'est pas forcément son collègue, mais peut-être aussi lui-même, tandis que le flic national va petit à petit perdre les pédales en sentant que les choses lui échappent malgré sa prétendue compétence.

Passionnant de bout en bout, superbement photographié, rythmé, alternant situations comiques et situations trépidantes, Memories of Murders bluffe sur tous les tableaux, et même si l'on croit deviner ce qui va suivre la scène d'après, il est impossible de prédire comment l'intrigue va évoluer à partir de là. Le dénouement est quant à lui un modèle du genre : sobre, clair tout en restant embrouillé, efficace à mort et surtout pas simpliste, il est une conclusion amère mais nécessaire qui rappelle que le Bien ne triomphe pas toujours du Mal, n'en déplaise à certains… Au final, un grand polar des années 2000 à ne pas rater.



12 août 2004
par Ghost Dog




Bof

Heureusement que la salle était climatisée sinon je me serais endormi! La raison ? Une mise en place de l'histoire beaucoup trop longue, sans véritable rythme, heureusement rattrapée par l'interprétation de Song Kang-Ho. Est-ce parce qu'il s'agit d'une histoire réelle que Bong Joon-Ho s'est senti obliger de reprendre au plus près la chronologie des événements? A mon goût un peu moins de chronologie et un peu plus de flashbacks auraient pu lancer le film d'une manière plus dynamique. Reste quand même que la deuxième partie est bien meilleur avec l'évolution psychologique des deux policiers chargés de l'enquète qui donne enfin un aspect humain à cette histoire. Quel dommage qu'il faille attendre si longtemps pour enfin se sentir impliqué. C'est d'autant plus dommage que Bong Joon-Ho nous donne quelques scènes esthétiquement réussies, mais son scénario était vraiment trop mal inspiré (presque trop occidental par cerrtains aspects) pour qu'il en tire plus que ça.

28 juin 2004
par jeffy




La Marque du Passé

Entre 1986 et 1991, un village de la province de Gyeonggi fut le théatre d'une série de 10 viols et meurtres de femmes accomplis de manière identique. Comme il s'agissait d'un des premiers meurtres en série ayant lieu en Corée, le fait divers et l'enquete furent très médiatisés. Les meurtres continuèrent d'une année sur l'autre sans que personne ne découvre le vrai coupable encore inconnu aujourd'hui. En 1996, Kim Kwang Rim tira une pièce à succès du drame qui attira la convoitise de pas mal de cinéastes. L'adaptation échut finalement à Bong Joon Ho, réalisateur d'un Barking Dogs never Bite plutôt inabouti mais assez étrange. Le cinéaste se documenta pour écrire un scénario soulignant le contexte politique du fait divers, ce dernier point expliquant probablement en partie le gros succès du film en Corée.

Sauf qu’en plus d’avoir trusté les sommets du Box Office local le film est aussi une grande réussite du polar révélant un cinéaste coréen à suivre. A défaut de renouveler le cinéma de genre asiatique autant qu'un Woo, un Kitano ou un Johnnie To, Bong Joon-Ho convainc ici en alliant brio formel, scénario écrit et touche asiatique. La mise en scène n'abandonne ainsi jamais sa maîtrise de l’espace, son sens du détail et son économie de moyens. Au chapitre des qualités de Bong Joon Ho cinéaste, il y a aussi un vrai talent pour imposer au déroulement de l'enquête une certaine lenteur reflétant son enlisement, la lassitude des flics et le quotidien villageois pesant. Cette lenteur permet aussi d'être attentif à certains détails révélateurs présents dans le cadre. La mise en scène vaut aussi pour son art des plans séquences orchestrés avec une virtuosité jamais ostentatoire. Le montage se met enfin parfaitement au service du si asiatique mélange des genres du récit : le sens de la durée du cinéaste permet aux ruptures de ton du film d'être bien négociées, notamment en désamorçant le grotesque de certaines situations.

Le gros point fort du film se situe justement dans son écriture scénaristique. Si le face à face Song Kang Ho/Kim Sang Kyung ne comporte que du déjà vu de buddy movie, le scénario a le mérite de montrer l'enlisement progressif de l'enquête, la lassitude des enquêteurs au fur et à mesure que les pistes potentielles échouent. Il dépeint également une galerie de personnages mémorables en privilégiant de façon attendue mais habile l'aspect "immersion dans un village" à la scène à faire. L'usage de la pluie comme reflet des tourments intérieurs des personnages n'est quant à lui pas neuf mais s'intègre bien au récit. Quant au mélange des genres du scénario, il incarne une véritable touche asiatique et non un mélange informe de ce qui marche ailleurs comme trop souvent dans le cinéma populaire coréen actuel.

Reste que l'aspect le plus fort du scénario est la façon dont le contexte politique offre une autre résonance à du déjà vu de cinéma de genre. Quelques scènes évoquent ainsi la chape de plomb de la dictature militaire. Du coup, le caractère expéditif d'interrogatoires parfois violents ou truqués, des méthodes contestables d'une police apparemment plus soucieuse de pouvoir désigner un faux coupable à la vindicte publique et aux médias que de rechercher la vérité prennent un sens politique. De même, les moyens manquant pour l'enquête ce sont ceux utilisés par le régime pour se maintenir en place. A ce stade, on peut aussi mentionner le casting de premier choix qui ne déçoit pas : les talentueux Song Kang Ho et Kim Sang Kyung offrent ainsi des prestations riches en nuances à coup de regards exprimant bien leur rage ou leur lassitude face au surplace de l'enquête. Et même si les qualités des chefs opérateurs coréens ne sont plus à démontrer, on peut en outre faire crédit à Kim Hyung Gu de savoir faire ressentir avec subtilité l'ennui et l'ambiance pesante des petites villes coréennes par sa photographie. La limite du film se situe dans son score peu inspiré oscillant le plus souvent entre pastiche correct du travail d'Hisaishi pour Kitano et musique dramatique de téléfilm.

Au final, Memories of Murder fait partie avec Friend et un JSA des gros succès du cinéma populaire coréen de ces dernières années qui sont aussi des réussites cinématographiques. Et est même meilleur vu que contrairement à ces deux-là il est à peu près maîtrisé dans tous ses compartiments. Surtout qu’un cinéma de genre coréen manquant actuellement de vraies personnalités derrière la caméra a bien besoin d’un cinéaste sachant allier touche asiatique, talent et succès populaire. On souhaite donc à Bong Joon Ho de négocier son gros succès mieux que ne l'ont fait Park Chan Wook ou Kwak Kyung Taek.



24 novembre 2003
par Ordell Robbie




On cogne et on pose les questions!

Joon-Ho a tout compris au polar féroce. Du film d'homme, sans concession et capable de tous les délires les plus engagés. Délire et engagement se chevauchent dans cette formidable critique de l'incapacité policière, où les séquences les plus violentes (tortures et coups de pieds sautés de folie) côtoient un constat amère : même sans preuve quelconque, la police est prête à tout pour arriver à leur faim, quitte à y inventer des preuves dans l'avancement voir la fermeture d'un dossier.

Superbement réalisé (malgré une copie Zone 2 dégueulasse, soyons francs), l'oeuvre de Joon-Ho titille la rétine du spectateur sans cesse, en y déposant savamment bon nombre de détails et différentes ambiances pour le moins étonnantes : on passe d'un paysage fleuri et ensoleillé à un autre plus glauque où la pluie et la boue font bon ménage. Il faut voir la beauté presque dramatique du règlement de compte sur les voies de chemin de fer, ou bien d'autre encore, Memories of murder étant exemplaire à ce niveau.

Saluons la performance exceptionnelle des acteurs, tous formidables dans la peau de détectives véreux et sans scrupules, adeptes de la tatane facile et du mawashi geri. Lorsqu'un des interpellés pousse à bout l'un des enquêteurs, ce dernier l'envoie valser gentiment d'un coup de pieds sauté en pleine poire. Bon sang, la manière dont est faite cette séquence demeure si puissante (climax de dingue, suivi d'une coupure de courant) qu'elle en devient jouissive. Car oui, Memories of murder est un film certes sérieux, dramatique et carrément lugubre, mais n'oublie pas d'être une formidable calotte sur la bouche lorsque ses interprètes se transforment en karatéka.

A la fois critique brûlante de la société Coréenne (n'oublions pas que la Corée du Nord est l'un des pays les plus pauvres et désabusé au monde) et véritable polar de haute volée, Memories reste une oeuvre à voir absolument, pour ses qualités esthétiques et fondamentales, restant en demeurant un triste récit désenchanté et nihiliste.

Esthétique : 4/5 - Photographie léchée, climax bien glauque. Musique : 4/5 - Une ambiance sonore de bonne facture. Interprétation : 4.75/5 - Interprétation sidérante des protagonistes. Scénario : 4.5/5 - Intrigue aux petits oignons, avec un final renversant.



25 juillet 2006
par Xavier Chanoine




De visages et de paysages...

Memories of murder est un film de visages et de paysages. Ils se mélangent l’un et l’autre, l’un dans l’autre. Car c’est l’histoire de deux policiers qui n’arrivent pas à mettre un visage sur un criminel, d’une terre banale qui a enfanté un visage de tueur. La dernière image du film, quelques secondes de pur bonheur, fait du célèbre visage de Song Kang-ho une carte sur laquelle on peut lire l’infini du doute, l’étendue des remises en cause, la longueur du chemin parcouru, la petitesse de ce qui a été compris, après deux heures d’enquête. C’est beau, un film qui commence par des certitudes et se termine sur « je ne sais pas ». Tout un pays ne sait rien sur une série de meurtres qui datent déjà de vingt ans, une histoire vraie aussi connue là bas que l’affaire Grégory ici. C’est beau, un pays qui avoue avoir été tellement aveuglé par la dictature qu’il a laissé filer un serial killer complètement malade.

C’est beau, enfin, un film qui aurait pu être américain, vu son scénario de base, mais dont la deuxième partie est l’inverse de tout l’esprit d’Hollywood. Seul un Clint Eastwood (surtout depuis Mystic River) aurait pu faire cette deuxième partie où tout se délite sous une pluie poisseuse, un film policier qui prend autant le temps de filmer ses personnages. C’est beau, enfin, qu’un film aussi audacieux soit n°1 au box-office en Corée. Nous, on a les gros ricains et Taxi 3, et il paraît qu’on est les rois de la cinéphilie. Il parait que Bong Joon-ho, déjà auteur du bizarre Barking Dogs Never Bite a eu du mal à imposer le film, son courage a été amplement récompensé.

Sa mise en scène reste modeste, n’appuie jamais aucun effet, ménage un peu d’humour et garde en en tête cette histoire de visages et de paysages. Le film est inscrit dans un environnement très précis, une cambrousse coréenne rarement filmée et, comme toute enquête, revient sans arrêt labourer le même terrain. Une des scènes mémorables de Memories est un long travelling sur le lieu du crime, saccagé par une foule de visages en furie. Le policier local est sûr de reconnaître les meurtriers d’un coup d’œil, en scrutant les visages. Le sien est large, volontiers façonné à l’alcool. Le policier venu de Seoul est plus moderne, il se fie au terrain, fait des cartes, des schémas. Il a un visage doux, bien nourri. Mais le film se garde bien de faire gagne l’un pour enfoncer l’autre, et symboliser ainsi le passage entre la Corée arriérée et celle américanisée. Au final, les deux perdront, et plus qu’une enquête. Le film donne un nouveau visage à l’éternel « Buddy movie » avec le flic de la ville et l’autre des champs. Autre visage extraordinaire, celui de cet éventuel meurtrier, joué par Park Hae-il, un espèce d’Elijah Wood coréen avec des yeux fascinants, révélé dans Jealousy is My Middle Name. La Corée est fière comme un paon de ce beau film et de ses excellents acteurs : elle a raison.

Pour donner une idée du réalisateur derrière ce film et de l’esprit qu’il y a insufflé, voici sa note d’intention, reprise dans les dossiers de presse du film : « Pour les policiers qui portent dans leur cœur cette affaire irrésolue... Il y a longtemps que je n’ai pas été à la maison. Je commence à oublier les visages de ma femme et de mes enfants. (...) Il nous manque tout : l’équipement, la technologie, des renforts. Nos épaules tombent et nos yeux sont injectés de sang. Mais nous voulons sincèrement et désespérément attraper ce tueur. Nous courons, à travers la pluie, la neige. Nous courons et courons encore. Ce film est dédié à ces policiers qui admirent finalement leur défaite. Aux victimes innocentes... Dans l’air de cette nuit noire, alors que la pluie tombe sur ta peau nue, lorsque les douces mains de ton meurtrier commencent doucement à enserrer ton cou, à ce moment d’immense terreur et d’intense désespoir que nous ne pourrons jamais imaginer, qui essayas-tu d’appeler à l’ultime moment de ta vie ? Ce film est dédié aux dix femmes, qui sans ces nuits sombres et infernales, marcheraient toujours sur ces routes de campagne baignées par un soleil brillant... Et puis à toi, celui sans visage... Qui es-tu ? Où es-tu à présent ? Te souviens-tu des femmes que tu assassinas ? Es-tu heureux ? »



24 novembre 2003
par Yann K


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