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Chronique du Soleil à la Fin d'Edo

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les avis de Cinemasie

1 critiques: 4/5

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4 critiques: 3.31/5



Ordell Robbie 4 Drole de Soleil
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Drole de Soleil

Outre que c'est le film qui imposa le style Kawashima, Chronique du Soleil à la Fin d'Edo est célèbre parce qu'il est considéré comme une des rares transpositions réussies au cinéma du raguko, cet art théatral se caractérisant par un comédien jouant seul tous les personnages de ses sketchs et se caractérisant souvent par des personnages principaux à la dimension picaresque.

Picaresque est d'ailleurs le terme qui s'applique le mieux au "héros" du film, un acteur de raguko qui après avoir causé des dégats dans une maison de plaisirs y reste travailler afin de pouvoir les rembourser, y joue un role de temporisateur vis à vis des clients, se débrouille pour s'enrichir sur le dos du personnel et des clients et va se retrouver impliqué dans un complot dont les enjeux le dépassent. Un personnage qui est le centre du récit de par le lien qu'il fait entre les diverses intrigues sans pour autant etre mis en avant dans un film qui a en commun avec ceux d'Imamura de ne pas avoir de vrai personnage principal. Le film permet d'ailleurs de bien distinguer les univers d'Imamura et de Kawashima: traitant de la meme période historique, Kawashima privilégie l'aspect burlesque là où Imamura insistera plus sur la dimension politique avec Eijanaika. De ce point de vue, le film est une belle réussite avec une série de gags déclenchant l'hilarité du fait des stratagèmes picaresques utilisés par l'acteur pour apaiser l'atmosphère de la maison close ou pour y gagner de l'argent surtout: SPOILER on ne peut que rire à le voir dégainer en faux amoureux jaloux un poignard pour créer la diversion dans une dispute entre une geisha et deux clients à qui elle a déclaré sa flamme par écrit -un père et son fils-, ruinant aux cartes un homme qui faute d'argent parie ses vetements au jeu et jouant donc de fait presque dans le plus simple appareil, se faisant payer pour écrire des lettres d'amour signées de la main des geishas pour leurs clients ou essayer de se débarrasser d'un client amoureux d'une geisha dans un cimmetière en lui indiquant ses tombes supposées pour pouvoir s'enfuir. FIN SPOILER Sauf que d'autres personnages créent aussi du burlesque: SPOILER la geisha qui pense commettre pour de faux un double suicide avec un client parce qu'il est laid et que coincidence il vante aux autres geishas les mérites des tragédies de Chikamatsu, le client qui accepte mais qu'elle est obligée de pousser dans l'eau parce qu'il dit ne pas savoir nager, la vengeance de ce client dont les tentatives de se venger en essayant de la terroriser en se faisant passer pour un fantome japonais échouent pathétiquement, le jeune samourai qui veut tuer l'acteur mais se révèle bien moins héroique face à lui. FIN SPOILER

De héros, il n'y en a pas dans le film, les samourais sont ridiculisés et ne font pas respecter leur rang à cause de leur situation financière, les geishas sont des figures grotesques -la borgne, la geisha aux dents noircies- qui se bagarrent pour un rien et c'est cet aspect qui donne au film un cachet Nouvelle Vague avant l'heure le faisant trancher avec les productions en costume de l'époque. Si elle n'est pas le centre du récit, la dimension politique du film apparait par endroits: les cavaliers porteurs d'armes à feu symbole de la pénétration de l'influence occidentale dans la scène d'ouverture, les plans documentaires contemporains du quartier où se déroulera le film qui suivent au moment de l'instauration des lois antiprostitution qui mettent en miroir de façon virtuose le Japon de la fin de l'ère Edo avec le Japon de l'immédiat après-guerre dont le chaos servira d'inspiration aux cinéastes des années 60, le plan du défilé en kilt et cornemuse dans le quartier et enfin le complot des samourais contre le quartier étranger de Tokyo par désir d'éviter que le Japon subisse le meme sort que la Chine de l'époque, complot qui n'est dans le film qu'un élément permettant à l'acteur de montrer son ingéniosité et sa débrouillardise et dont on devine qu'Imamura l'aurait développé s'il avait été aux commandes du projet et enfin une montre fabriquée en Occident qui joue un role assez important dans le récit comme prétexte à quelques péripéties picaresques et parfois droles. La mise en scène du film se limite à quelques effets aussi simples qu'efficaces -plans larges/plans rapprochés, plans représentant le regard des personnages-, d'un classicisme efficace parce que pas souligné accompagné d'un montage au rythme souvent calme mais suffisamment alerte pour ne pas nuire à sa force comique et s'accélérant un peu par moments pour créer des effets proches du cinéma muet.

Au final, on obtient une comédie hilarante non dénuée d'une pincée de dimension politique et un film à la fraicheur intacte des années après sa sortie et dont certains éléments seront repris par Imamura quand il volera de ses propres ailes.



22 septembre 2003
par Ordell Robbie


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