peindre ou faire l'amour
Un drame passionnant sur un peintre ayant vraiment existé, Hirose Kinzo. Je ne connais rien du bonhomme mais le film en fait un homme très complexe, autodestructeur au possible qui a sacrifié sa situation sociale, ses amis (et ses amours) ainsi que son art afin d'aller à l'encontre des normes et du conformisme pour se renfermer dans une logique où on ne l'attend pas. Il crée volontairement le scandale et la provocation, ment sur ses origines, pousse sa mère au suicide, vole la femme de son meilleur ami, n'exécute pas les commandes du gouvernement etc...
Un personnage d'une richesse étonnante qui est la preuve que Kanedo Shindo était un scénariste talentueux qui savait contourné les clichés et les structure classique pour imposer une forme plus libre où les repères (temporels et moraux) sont brouillés. Cet artiste au coeur de l'histoire est un anti-héros absolu et un individualiste forcené mais reste une figure fascinante sans rien avoir de sympathique ou d'attachant.
Tout le film comme la narration est centré sur ce peintre avec la volonté farouche de ne pas juger ce personnage mais à décrire seulement un comportement tellement amoral qu'il semble échapper à tout esprit critique.
Le cinéaste Ko Nakahira suit cette proximité avec ce caractère dérangeant dans une mise en scène qui ne s'écarte jamais de son acteur principal. Belle photo pour un film qui tend de plus en plus vers une certaine abstraction au fur et à mesure que l'artiste radicalise sa démarche.
Depuis sa sélection en 1971 au festival de Cannes, le film a l'air d'être devenu très rare. C'est vraiment dommage.