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Big Man Japan

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 2.38/5

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7 critiques: 2.96/5



Ordell Robbie 1.5 Gâché par un concept éculé, un rythme nul et une parodie pas drôle.
Xavier Chanoine 3.25 Pour son final dantesque et old school, on pardonne beaucoup
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Pour son final dantesque et old school, on pardonne beaucoup

En réponse au dernier travail de Kitano, Dai Nippon Jin l'aura supplanté au box office nippon. Doit-on y voir forcément un direct du droit infligé au film de Kitano? Absolument pas, le film du comique Matsumoto Hiroshi étant d'un tout autre délire, celui de l'absurde et du situationnel là où Kitano rendait un hommage parodique à tout un pan du cinéma japonais tout en remettant son propre cinéma en question. Dai Nippon Jin marche par à coups, son humour tout en saccade ne plaira pas à tous mais force est de constater que jouer sur son propre personnage amène aussi à faire un bilan voir une remise en cause de son travail personnel mais tout en apportant ici des éléments scénaristiques délirants là où Kitano restait cloîtré à un simple défilé de parodies pour tenir le long métrage. Dai Nippon Jin est plus cohérent, sorte de portrait d'un tokyoïte moyen suivi par une équipe d'interviewers recueillant des informations sur sa vie, son entourage, son oeuvre. Au départ on est un peu circonspect face à ce vrai/faux documentaire et l'on se demande encore où veut en venir Matsumoto, quelle est sa démarche, pourquoi cette volonté de faire une docu-fiction molle de la guibole et surtout sans le sens du rythme. Cette absence de rythme créera d'ailleurs le décalage lorsque les évènements commenceront à s'envenimer un peu plus et où le sens de l'humour du cinéaste prendra enfin une dimension aussi grande que celle de Kitano lors de la première demi-heure de Glory to the Filmmaker, incroyablement drôle. Evoquons rapidement l'humour des deux films, on peut rire des deux, sans broncher, et ce n'est que pur subjectivité lorsqu'il est question d'évoquer ou non la force de l'humour des deux cinéastes : certains trouveront le résultat génial tandis que d'autres le trouveront minable, tout est une question d'affinité comme lorsque l'on évoque Les lapins crétins sur le support Wii, d'un humour absolument consternant alors que le titre cartonne. Mais plus qu'une soupe de gags en référence aux films de monstres et de super héros d'antan (allant de Gozdilla à Ultraman), Dai Nippon Jin est une réflexion sur la société nippone d'une belle efficacité et le personnage de Dai Sato en serait un peu le digne représentant moyen. En début de métrage, les questions politiques côtoient d'autres questions d'une banalité incroyable ("Vous aimez le froid? Comment s'appelle votre chien? Préférez vous les Etats-Unis ou l'Europe?"), comme pour rendre encore plus ridicule et pathétique à la fois les journalistes mais aussi Dai Sato et son entourage. On est à mi-chemin entre un vrai documentaire journalistique et un épisode de Big Brother en liberté, le résultat donne lieu à quelques passages bien pensés et excessivement drôles (la fenêtre brisée par un objet lancé à deux reprises, gag hallucinant) avant que le film ne se lance dans le pur Kaiju décomplexé où l'humour fait mouche à la fois dans le look improbable des bestioles que dans leur traitement : la bestiole rose bouchant la circulation donne lieu par exemple à un échange verbal proprement hallucinant dans son exécution.

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C'est la force du film, celle de casser le rythme par un dialogue tout simplement drôle ou non convenu, ou celle qui consiste à rentrer plus pleinement dans la vie privée de Dai Sato. La séquence en rapport avec sa fille est sans doute l'un des moments les plus drôles du film, petit bijou de la "confession intime" face à la caméra aussi bien pour le père que la fille affublée d'une mosaïque pour qu'on ne la reconnaisse pas. De dire que Dai Nippon Jin n'est qu'une parodie du film de monstre serait aller vite en besogne : l'équipe de journalistes est là pour décanter chaque situation par le souvenir ou l'évocation du passé de Dai Sato, dont le père expérimentait dans le temps tout un tas de trouvailles sur son propre fils obèse. On apprend aussi que le grand-père appartenait lui aussi, à l'époque, à la famille des gars costauds, comprenons par là prenant une forme gigantesque lorsqu'il recevait une grande quantité de court-jus : le film reproduit alors admirablement les journaux télévisuels d'époque montrant ce personnage hors du commun affublé d'un slip. Dai Sato, c'est la cinquième génération de "gars costauds" mais à la différence de son grand-père, celui-ci est sponsorisé et coaché par une manager. La classe. D'où cette parabole sur la société japonaise grandement régit par la publicité. Sans doute moins gras que son homologue Kitanien, sans doute plus réfléchi et mieux construit, Dai Nippon Jin est aussi plus poétique tout en étant roublard dans son discours qui n'épargne rien ni personne (après avoir tué un enfant monstre, Dai Sato n'aura aucun remord), tout comme ce pauvre grand-père revenu aider son petit fils avant de recevoir le coup de grâce par ce dernier lors d'un combat acharné contre un diablotin en fin de métrage. Très grand moment de cinéma à lui tout seul, la parodie des Tokusatsu (dans le genre séries télé de super héros à la Ultraman ou Power Rangers) usant de faux décors et délaissant les effets spéciaux (très efficaces) pour des costumes en plastique évoque avec un humour proprement gigantesque ces fameuses séries télé qui ont bercé notre enfance, avec une autodérision qui force le respect : il faut voir Dai Sato s'incruster timidement dans le lynchage pur et dur du diablotin par une bande de super-héros en slip pour le croire. A en pleurer de rire. Quelle grande idée que de terminer le film en vitesse "old school", comme pour terminer sur une note pleine de fraîcheur et de dérision, lorsque le film semblait s'emmêler les pinceaux dans l'enchaînement de "combats de titans" jusqu'à ne plus trouver de fin. Heureusement, le matériau de base (quasi autobiographique) est optimisé jusqu'au bout, donnant ainsi à Dai Nippon Jin le statut de vraie bonne comédie fantastique nippone assumée jusqu'au bout et pas avare d'un commentaire social marqué et d'un humour maîtrisé. "Formation"!



17 juin 2008
par Xavier Chanoine


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