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Gilsotteum

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Ordell Robbie 4 Frontières coréennes
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Frontières coréennes

Même si son scénario a été écrit peu de temps après l’événement historique lui servant de point de départ, Gilsotteum n’est pas pour autant un Im Kwon Taek bâclé. La construction amenant d’un sujet en prise directe avec l’actualité est tout sauf hasardeuse. L’événement est d’abord montré au travers d’un téléviseur. En surcadrant le téléviseur, le cinéaste crée une distanciation vis à vis du « Perdue de vue » à la sauce coréenne diffusé à la télévision, c’est à dire vis à vis du caractère inévitablement émotionnellement chargé de ce que l’on voit. Un peu comme le couple qui le voit observe l’événement médiatique avec un regard distant. Son effet déclencheur concernant la femme du couple sera alors un effet à retardement néanmoins intense. Im Kwon Taek plongera alors son personnage féminin en plein milieu du tumulte de l’événement historique, en plein milieu d’une foule faisant le siège de la télévision qui aura révélé la profondeur du traumatisme guerrier. A partir du moment où les deux anciens amoureux se croiseront, Im Kwon Taek va en apparence quitter la grande histoire pour bifurquer vers l’aventure individuelle représentée par les retrouvailles et le récit d’un amour rendu impossible par les circonstances historiques.

Et comme chez d’autres grands auteurs asiatiques contemporains le destin de l’individu se retrouve alors lié au destin d’une nation. Par des flash backs bien amenés le film décrit alors la naissance d’un amour entre deux adolescents, la réprobation familiale et la grossesse de l’adolescente qui en découlent et enfin le façon dont la guerre les séparera, transformant le jeune homme en soldat enrôlé par le Nord et la jeune femme qui perdra alors son bébé. SPOILERS Cet enfant, les deux personnages se mettront à sa quête juste après d’émouvantes retrouvailles loin du tumulte médiatique et des caméras. Et c’est cette quête qui leur révèlera progressivement que reprendre contact est désormais pour eux impossible. Car en retrouvant un enfant qui pourrait probablement être leur fils, ils vont se retrouver face à ce qu’est devenu le fruit de leur amour passé : un immense gachis, une vie brisée. FIN SPOILERS On pourrait bien voir dans tout ceci une métaphore d’une réconciliation aussi évidente qu’impossible entre Corée du Nord et Corée du Sud. Comme nous y encouragent d’ailleurs les allusions aux conséquences sanglantes de la partition Nord/Sud, les références télévisuelles au passé historique du pays et la façon dont les flash backs montrent très vite la guerre en action.

Mais en passant de la foule à l’intime le film déplace cette question au niveau de la façon dont chacun d’eux se retrouve à arbitrer entre un passé toujours vivace et les nécessités du présent de leurs vies respectives. Et il révèle le contraste entre le rapport individuel à l’événement historique et celui de la nation. Pour la plupart de ceux qu’on voit sur le petit écran, l’événement semble être un moyen de panser les plaies du passé. Alors que pour nos deux anciens amoureux la douleur est au final encore plus grande. SPOILERS On pourra trouver la conclusion du film abrupte. Mais cette fin cadre bien avec le désir des personnages de faire table rase de ce passé douloureux. FIN SPOILERS Formellement, le film passe du style contemplatif de son début à des scènes de foule aux effets de caméra à l’épaule jamais appuyés pour revenir ensuite à un filmage plus classique. Les zooms sont ainsi discrets tandis que l’émotion est parfois rendue plus intense par des plans larges ou moyens. L’allongement de la durée des longs plans fixes sur les téléviseurs et la façon dont le film a parfois trop tendance à se reposer sur sa lenteur occasionnent quant à eux un quart d’heure de longueurs. On pourrait aussi mentionner un très court moment de pathos forcé dans le jeu de l'actrice jouant l'adolescente lors des flash backs.

Reste que ces défauts n’enlèvent pas sa singularité à un projet travaillant la frontière fiction/documentaire pour de rendre compte du présent d’un pays. Et qui part de la nation pour accéder à des questionnements plus universels. Surtout que les deux acteurs principaux interprétent ceci avec une émouvante retenue et que le score émeut sans chercher l'emphase forcée. Un an après, le cinéaste continuera à évoquer les amours impossibles avec le magnifique mélodrame Mère Porteuse.



24 janvier 2005
par Ordell Robbie


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