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The Little Girl Who Conquered Time

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1 critiques: 3.25/5

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Xavier Chanoine 3.25 Doux et poétique, mais une traversée du temps pas si inoubliable
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Doux et poétique, mais une traversée du temps pas si inoubliable

Découvrir un nouveau film d’Obayashi Nobuhiko revient à espérer une nouvelle perle d’inventivité formelle. Grand formaliste par excellence et non moins expérimentateur de l’image de renom dans le milieu du cinéma japonais, dans lequel il se fit un nom avec son premier long métrage House, il œuvra au cours des années soixante dans le court métrage d’expérimentation. Si Terayama utilisait tout un tas de filtres et d’angles biscornus pour montrer la vraie nature humaine, celle que l’on dissimule derrière le mensonge confectionné de toute pièce par la société bien pensante, Obayashi distillait par l’intermédiaire de ses essais une poésie palpable, celle que l’on peut trouver dans l’univers de l’animation. Ce n’est pas non plus pour rien que l’animation est un des éléments moteurs de la distinction de l’œuvre de son auteur. Procédé pas courant, l’utilisation de taches de couleurs, d’auréoles dorées, de background animé ou de contours taillés au laser sont autant d’ajouts inhérents au cinéma d’Obayashi que des démonstrations du savoir-faire du cinéaste dans le domaine. Dans The Little Girl Who Conquered Time, le procédé est moins délirant que dans The Aimed School, effectivement tout l’art du cinéaste de rendre une image marquante simplement en la tordant, en la colorant ou en la dénaturant se retrouve uniquement en fin de métrage, moment propice pour dérider cette histoire d’amour fantastique à base de sauts dans le temps. Tomoko est une jeune fille bien éduquée et toujours répondante lorsqu’on la sollicite pour effectuer les tâches de ménage au lycée. Après un cours classique, une jeune fille lui donne les clés du laboratoire afin de le nettoyer. Une fois arrivé sur les lieux, Tomoko sent une étrange présence, invisible mais bien là. Malheureusement l’aventure dans les locaux va prendre fin rapidement suite à un malaise ressenti à cause d’une fiole tombée par terre, laissant alors échapper une drôle de vapeur blanche au parfum de lavande. Elle est retrouvée inconsciente par ses deux amis, Goro et Fukamachi. Après un passage à l’infirmerie, la jeune fille repart de plus belle en compagnie de Fukamachi avant de s’arrêter chez les parents de ce dernier pour boire un thé. Mais dans le jardin, elle découvre un grand parterre de lavande qui la rend mal à l’aise ; elle décide alors de rentrer chez elle avant que de drôles d’évènements chamboulent sa vie d’écolière. Effectivement une nouvelle journée commence par un cours de classe et se termine par un tremblement de terre qui cause un incendie chez les voisins de Goro. Le lendemain, Tomoko revit exactement la même journée et se rend compte qu’elle peut alors anticiper les dégâts, avant de confier son secret à son ami Fukamachi, pour lequel elle éprouve plus que de simples sentiments d’amitié.

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Les adolescents chez Obayashi ne sont pas comme les autres. On pense alors au démentiel The Aimed School et ses ados aux pouvoirs magiques, on pense aussi à House, où le film d’épouvante rencontrait la comédie pour un résultat qui transcendait le film d’ados sous forme de huit-clos final délirant. Ici, Tomoko est la nouvelle victime du cinéaste, voyante malgré elle, amoureuse aussi mais pas bien récompensée. A elle de changer le cours des choses avant de comprendre qu’elle n’est pas la seule à être « étrange » ; on évitera d’ailleurs de spoiler, d’autres l’ont déjà fait. Ce Little Girl Who Conquered Time respecte t-il donc le cahier de charges du cinéaste ? En partie, étant donné que l’on retrouve les bases du film d’adolescents classique à qui il arrive tout un tas d’aventures paranormales : une narration tout à fait classique, dont les rebondissements n’interviennent hélas que très tard, le film mettant longtemps avant de démarrer malgré les ingrédients habituels inhérents au style d’Obayashi. La texture de l’image claire et veloutée rehaussée par des notes de couleur surréalistes et la volonté d’animer l’ensemble par une musique omniprésente contribuent à rendre The Little Girl Who Conquered Time (et l’œuvre d’Obayashi en général) absolument unique. Pas de grandes explications à fournir, l’œuvre du cinéaste est unique, appréciée ou non, tout dépend des affinités et de la sensibilité de chacun. Mais le problème du film est d’être inégal, sans doute trop. Le film gagne en rythme et en émotion qu’en fin de métrage, lorsque Tomoko apprend que les images idylliques de son enfance qui défilaient dans sa tête n’étaient en fait que pure invention provoquée par un être surnaturel débarqué sur Terre. La musique se fait alors encore plus présente, le montage gagne en audace et en rapidité, les images défilent avec des faux décors dont un superbe océan déchaîné qui colle au plus près des émotions des personnages. Et cette musique, entêtante, est absolument merveilleuse car elle est le reflet des émotions de Tomoko, sorte de douceur tranquille qui vire parfois à la mélancolie : logique, on est dans un pur film d’adolescents.

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Mais malgré cette ambiance si caractéristique de l’œuvre d’Obayashi (là où le côté ringard et daté des eighties trouve une autre signification, plus ancrée dans la poésie), on ne peut qu’éprouver une légère déception malgré les fulgurances parsemant le film dans son ensemble. Tomoyo Harada est touchante dans le rôle d’une jeune fille bousculée par un évènement inattendu, une interprétation saluée par les festivals et la presse locale, l’une des nombreuses « idols » japonaises des années 80 à avoir une popularité que l’on peut comparer à celle d’une Yakushimaru Hiroko (elle nous fera d’ailleurs part elle aussi d’une petite chanson). Et le fait que le film soit en partie scénarisé par Tsutsui Yasutaka (l’auteur entre autre de Paprika) rajoute un surplus d’intérêt évident. Inégal mais baignant dans une ambiance presque féérique (bien aidé par les sublimes paysages de la ville de Onomichi), The Little Girl Who Conquered Time n’est pas aussi marquant que les films du cinéaste précédemment cités, mais il mérite tout de même le coup d’œil pour ses solutions visuelles détonantes et son sens de la narration alternant douceur amoureuse et surnaturel. Tiré du manga original de Tsutsui Yasutaka, l'adaptation animée a été faite par les soins de Hosoda Mamoru avec le très joli La Traversée du temps.



11 août 2008
par Xavier Chanoine


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