| Anel | 3 | |
| jeffy | 3.5  |
Familles je vous hais...par Zhang Yimou |
| Ordell Robbie | 2.75 | Un mélodrame correct |
Ju Dou est un film sombre, à l'esthétisme réussi. Une histoire de famille qui n'a rien de vraiement originale si ce n'est le traitement qu'en fait Zhang Yimou. Parmi les thèmes récurrents qui parcourent le film celui de l'enfermement est particulièrement présent, l'enfermement dans cette proprièté, les trous percés dans les murs, l'orifice sombre de la cave. Le plan qui reflète peut-être le mieux celà est la vue aérienne de cette demeure qui ne laisse voir qu'un court ruban de cet intérieur enfermé entre ces deux deux toits élevés. On sent immédiatement le confinement, la macération et l'etouffement qui imprègnent les lieux. Ce sont ces mêmes sensations que vont délivrer les acteurs coincés entre leur rôle social et leurs sentiments. Tout cela est superbement filmé en nous faisant partagé toute leur oppression. Malgré cela, bien que je considère Ju Dou comme un beau film, il manque quand même singulièrement d'intensité et de rythme, mais là encore ce n'est que pour mieux nous faire partager ces vies étouffées. Difficile de le critiquer sur ce point donc, mais il n'en reste pas moins que le film n'est pas d'un abord facile.
Censuré en son temps par un gouvernement chinois qui crut y voir des références à Tian Anmen, ce Yimou assez méconnu fut en son temps nominé pour l'Oscar du meilleur film étranger. Précisons d'emblée que le DVD médiocre ayant servi à notre visionnage ne nous a pas permis d'apprécier pleinement la qualité si souvent vantée de la photographie du film. Peut être qu'un DVD avec un transfert digne de ce nom permettra aux couleurs vivaces de la photographie du film de donner leur pleine mesure. Commençons aussi par évacuer ce qui fait sa "portée culturelle". Le personnage de Ju Dou interprété par Gong Li représente ainsi une conception du statut d'épouse plus proche de la Chine moderne que des années 20 qui sont la toile de fond du film. Sauf que ce conflit pesanteurs sociales/désir de changement n'est finalement qu'un moteur narratif classique du mélodrame, en particulier lorsqu'il s'incarne en une figure féminine. Du coup, si on fait abstraction de cette dimension-là, Ju Dou se révèle n'être qu'un mélodrame correct. Son traitement formel et sa direction d'acteurs évitent certes le piège de la surcharge de pathos mais le film ne décolle jamais vraiment non plus. Les acteurs sont certes excellents mais l'émotion est fortement amoindrie par les parti pris formels. Les choix de mise en scène (grands angles, cadrages rapprochés) et de montage (lenteur) se bornent en effet à faire ressentir la sensation d'étouffement des personnages. Et du coup unité de ton devient vite synonyme de monotone. D'où au final un film qui n'est qu'un mélodrame de plus moins pénible que les pires mélodrames coréens mais pas vraiment mémorable. Le tandem Yimou/Gong Li fut plus inspiré avant (Le Sorgho Rouge) comme après ( Vivre !).
