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Kichiku Dai Enkai

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2 critiques: 3/5

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6 critiques: 2.54/5



Ghost Dog 4.5 Une révélation
Ordell Robbie 1.5 Effleure l'évènement historique, effets visuels convenus, acteurs médiocres
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Une révélation

Défendre un film comme Kichiku, c’est défendre une œuvre dérangeante et malsaine du même acabit qu’un Eraserhead ou qu’un Massacre à la Tronçonneuse, c’est défendre la fougue et l’audace d’un premier long métrage, c’est défendre le fait que de bonnes idées et du talent sans budget valent largement mieux qu’un gros budget sans imagination, c’est aussi défendre une vision très intime et très touchante de la jeunesse, et plus généralement de l’âme nippone.

Projet de fin d’études entrepris par un Kumakiri âgé de 23 ans à sa sortie, Kichiku surprend tout d’abord par sa maturité, loin d’un défouloir ludique mais pauvre comme Versus. Assumant totalement son statut de film culte potentiel avec ses scènes gores très explicites, il s’aventure là où on ne l’attend pas, dans un fait divers réel sanglant où une bande de jeunes étudiants s’était joyeusement massacrée dans un forêt et qui avait fortement défrayé la chronique des années 70 au Japon. Cette période de l’histoire récente de l’archipel nippon est propice à toutes sortes de scénarii tant elle a été marquée par l’avènement du modèle économique libéral et la contestation étudiante ; mais Kumakiri ne s’intéresse pas aux bouleversements politiques de l’époque – ou si peu, s’en servant simplement comme d’un cadre. Plongée en eaux troubles, Kichiku l’est incontestablement, mais il s’attache plus modestement à brosser un portrait radical de la jeunesse des seventies dans les pays développés, la confrontant ainsi comme par un miroir à celle d’aujourd’hui : si des groupuscules extrémistes alors nombreux émergeaient dans l’espoir clairement affiché de changer le monde et d’avoir la sensation que cette possibilité était entre leurs mains (cf. la magnifique scène où l’actrice principale affublée d’un costume de geisha exécute une danse grotesque et fanatique devant un drapeau japonais), cette vague de contestation a laissé place de nos jours à une jeunesse dont la volonté de révolution innée se heurte de plein fouet à l’aspect confortable et verrouillée de la société dans laquelle ils évoluent, et dont la seule contestation se réduit à la défense des acquis (cf. en France les manifs pour la démocratie ou encore contre une modification du bac). Ce constat apparaît de manière flagrante à la vision de Kichiku : qui oserait aujourd’hui s’étriper pour une vision de la société qui n’est pas conforme à ses espérances ?

Outre cette réflexion sur l’engagement politique de la jeunesse, Kichiku est également un instantané glacial de l’organisation collective nippone. En substance, l’effet de groupe semble pouvoir soulever des montagnes quand il est orienté par un leader charismatique, mais quand ce leader est mis sur le côté et préfère se suicider, le groupe implose littéralement jusqu’au pétage de plombs total, et ça fait froid dans le dos.

Sur le fond, Kichiku est donc diablement intéressant. Mais sur la forme, il ne l’est pas moins, ce qui en fait une œuvre complète. La bande-son tout d’abord est une réussite : on croirait par moments entendre du Ishikawa Chu lorsque les tambours résonnent, laissant place à des mélodies grattées à la guitare donnant un côté triste et fataliste aux images qui défilent. La mise en scène est dynamique et originale, couplée à un montage tonique qui en fait parfois un peu trop. Les acteurs, tous amateurs, ne se débrouillent pas si mal que ça, et réussissent à donner de l’épaisseur et de la justesse à l’ensemble, et notamment aux délicates scènes gores dont le réalisme est foudroyant. Bref, on peut parler de révélation, tant ce petit film sans concessions marque les esprits. Depuis, Kumakiri a confirmé avec Hole in the Sky, preuve que c’est un cinéaste sur lequel il faudra compter dans les années à venir…



17 février 2005
par Ghost Dog


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