Grandeur et décadence
Une histoire épique de vengeance d'une jolie princesse épousant le roi regnant sur al fameuse dynastie Shang pour pouvoir venger son père assassiné par les mains de son mari tyrannique.
L'ensemble a forcément mal vieilli et son charme suranné est plus d'une fois d'un comique involontaire à commencer par le jeu par trop théâtral des principaux protagonistes. C'est avant tout l'intrigue, qui captive de bout en bout : décousue au premier abord, tous les éléments exposés au départ se combinent en une épopée véritablement passionnante, fortement inspirée des légendes d'empereurs tyranniques romains ou des meilleurs drames shakespeariens. Le roi est un modèle de dictateur abusif, dont les coups de folie font commettre des actes totalement imprévisibles; penser à ce que la princesse n'épous cet homme et reste à ses côtés que pour trouver le meilleur moment de se venger de la mort de son père est un ressort dramatique des plus diaboliques qui soit. Les nombreux rebondissements et l'aboutissement d'éléments narratifs qui avaient semblé tout d'abord totalement gratuits en font donc une intrigue forcément captivante.
Les décors sont de TOUTE beauté jusque dans les moindres détails et font renaître les plus beaux palais chinois de la grande époque des dynasties. Quelques scènes de grandes batailles n'impressionnenet (malheureusement) moins par la mise en scène des combats, que par un nombre impressionnant de figurants, comme on en savait réunir que d'antan.
Yueh est avant tout un esthète, qui s'est toujours attaché à une reconstitution impressionnante de ses décors, mais contrairement à Choh Yuen, il ne cherchera jamais à le combiner à son travail sur le cadrage - très basique.
Il a toujours poussé ses acteurs à un travail très expressif, paraissant théâtral, appuyant le moindre état d'âme des personnages. Dans ce film, il s'intéresse avant tout au personnage du roi fou, le poussant (et filmant) à toutes les excentricités possibles. Par moments, il réussit quasiment à toucher la grâche d'un Kurosawa ou d'un Welles dans la manière de filmer le personnage, sans jamais à en atteindre le génie.
Ses efforts semblent également parfois excessifs, comme en attestent ces maîtres de chantier, qui fouettent leurs esclaves avec une rare application (sans que cela semble faire quoi que ce soit aux figurants...) ou les scènes de danse, certes reconstituées de danses classiques, mais semblant improvisés à quelques heures de leur tournage.
Il aurait également bienvenu de montrer d'avantage les actes et conséquences du règne du roi fou et le personnage de la princesse vengeresse est quelque peu ambigue, batifolant par moments avec le roi en semblant avoir oublié toute idée de vengeance. Si la première éxécution d'un responsable de la mort de son père laisse d'ailleurs inaugurer une trame vengeresse à la "Chinese Courtisan", le scénario prendra toute une autre voie, la construction de la tour étant certes jolie (et utile pour la suite des événements), mais semblant un peu tirée par les cheveux. Les scènes de combats sont décevants (et parfois risibles), mais il ne faut pas oublier, que les choréographies de l'époque n'avaient pas encore atteint leur apogée et n'ont finalement que peu d'importance par rapport à la dramaturgie poursuivie par Yueh.
Un film bancal, mais fortement appréciable, dont le charme suranné l'emporte sur notre regard forgé par les films plsu actuels.
J'aime beaucoup ce film
