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Life of a Swordsman

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Xavier Chanoine 4 Vraie réussite du cinéma populaire avec un Mifune déchaîné
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Vraie réussite du cinéma populaire avec un Mifune déchaîné

On connaît Inagaki Hiroshi pour son sens aigu de la mise en scène « grand spectacle », mais on ne connaissait pas forcément le versant poétique de son œuvre trouvant de jolis sommets dans cette adaptation à la « japonaise » de Cyrano de Bergerac. Après avoir écrit une belle page du cinéma de divertissement avec la saga Musashi (dont on retrouve un clin d’œil ici) et avant de retomber dans le divertissement d’action pure avec Daredevil in the Castle, Inagaki signait Life of a Swordman, une belle fresque narrant le prochain écrasement du clan Tokugawa à Kyoto. C’est aussi une belle histoire d’amour entre trois personnages : Heihachiro (Mifune Toshiro), un guerrier redoutable maîtrisant la poésie mais malheureusement affublé d’une patate en guise de nez, Jurota un jeune rebelle plein d’espoir mais au phrasé manquant de finesse pour séduire la princesse Ochii, convoitée par les deux hommes mais qui n’est pas au courant de l’amour de Heihachiro qu’elle connaît depuis l’enfance et qu’elle protégea des moqueries perpétrées à son encontre. Un beau jour, la belle retrouve Heihachiro et espère de lui qu’il protège celui qu’elle désire. Il accepte et deviendra plus qu’un simple garde du corps…une amitié ne tardera pas à naître entre les deux hommes que tout oppose : l’un est « repoussant » mais s’avère être extrêmement éloquent face à quiconque, que ce soit le simple samouraï braillard ou la princesse exigeante, tandis que l’autre est jeune, beau, mais bien trop rentre-dedans pour satisfaire la princesse. Cette opposition les rapprochera puisque Heihachiro deviendra son tuteur particulier, lui inculquant ce que toute personne noble est censée savoir, malheureusement le constat est à l’échec.

Dans une belle séquence, Inagaki dispose ses protagonistes comme dans une pièce de théâtre à la Roméo et Juliette, le brouillard masquant la lumière, Heihachiro dicte dans le dos de Jurota ce qu'il doit dire à sa belle pour l’impressionner. Mais ce dernier étant trop impatient, Heihachiro prend le relais et se met à parler à sa place donnant ainsi lieu à un joli moment de cinéma passionnel, le regard de Mifune étant alors celui d’un être qui désire et rêve d’être aimé. D’autres séquences de ce type ne manquent pas, mais Inagaki préfère les substituer à d’autres plus dynamiques et primaires, logique quand on sait que le cinéaste est un as du cinéma de sabres populaire qui ne se prend pas le choux : les combats sont ainsi précédés de discussions fameuses mettant en avant le charisme de Heihachiro face à ses adversaires qu’il n’hésitera pas à humilier, solution bien plus intéressante que de procéder à la tuerie, pas étonnant venant d’un poète. La séquence d’introduction sur la scène de théâtre ou encore l’ellipse du combat contre 25 samouraïs sont les exemples parfaits du combo éloquence et maîtrise du sabre. Et pour incarner un Cyrano de Bergerac à la nippone, Mifune s’en sort avec les honneurs, sa prestation admirable mêlant cabotinage (logique), justesse implacable (notamment dans les moments mettant en avant son phrasé poétique) et vraie retenue lors du dernier quart d’heure donnent une vraie dimension à la fois épique et sincère à un personnage haut en couleur. L’art du divertissement est ici constamment vérifié, Inagaki usant de faits historiques pour relater le parcours de ses personnages tout en apposant une vraie dimension guerrière et humaine à l’ensemble. Malheureusement le film semble souffrir de coupes grossières ne permettant pas au spectateur de bien suivre pas à pas l’évolution de la popularité croissante du clan Tokugawa, notamment lorsque le film passe dans son dernier tiers d’une scène comique à la grande bataille de Sekigahara montrant alors Heihachiro et Jurota sur le « front » alors qu’ils n’y étaient pas vraiment destinés jusque là.

Life of a Swordman reste pourtant une grande réussite dans sa diversité et dans son approche de la « fresque pour tous », arrivant même à être extrêmement émouvant notamment dans sa dernière séquence rassemblant la princesse et Heihachiro dix ans après la bataille de Sekigahara. On y retrouve un « Cyrano » vieilli, affaibli par la bataille et las d’être constamment recherché par le clan Tokugawa, caché derrière son grillage de samouraï. Joliment fait, les langues se délient et la vérité éclate sur la « poésie » dont la princesse avait l’habitude jusque là : elle découvre que toutes les lettres qu’elle recevait et que toutes les belles phrases poétiques n’émanaient pas de Jurota mais bien de Heihachiro. Moment poignant, l’une des plus belles séquences de la filmographie d’Inagaki qui n’aura jamais été aussi bon que lorsqu’il brasse différents genres au sein d’un même film, évitant de trop verser dans l’académisme comme on s’y attend hélas souvent. Une parfaite réussite recommandable au même titre qu’un Miyamoto Musashi.



08 octobre 2008
par Xavier Chanoine


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