Mélange de genre improbable à la gloire des chorégraphies
Le premier film de Farah Khan, géniale chorégraphe de ballets musicaux qui a révolutionné Bollywood, est, on s’en doute, très axé sur les passages chantés au cours de laquelle la jeune réalisatrice s’en donne à cœur joie. Pour commencer, Chale Jaise Hawayein joue sur la fibre nostalgique en nous plongeant grâce à 2 plans séquences d’anthologie dans les années lycée : l’enchaînement des danses sur plusieurs profondeurs est limpide et impeccable, menées tour à tour par une Amrita Rao adorable et pétillante, puis par un Zayed Khan qui se la joue beau gosse avec beaucoup d’humour. On peut se repasser la chanson en boucle, impossible de s’en lasser. On a ensuite droit à Main Hoon Na, plus tranquille mais très drôle, Gori Gori, évocation pleine de couleurs des années lycée, ou encore Tumse Jo Maine Dekha, réunissant Shahrukh et Sushmita Sen dans un clip onirique et parodique délicieux.
On l’aura compris, les morceaux musicaux à eux seuls confèrent à Main Hoon Na un intérêt qui se situe au dessus du lot. Mais bien sûr, une accumulation de clips, aussi réussis soient-ils, n’a jamais fait un film, et Farah Khan le sait bien. N’ayant pas froid aux yeux, elle a donc convoqué des genres très différents, allant du gros film d’action buriné à la romance la plus mielleuse dans un mélange des genres improbable mais totalement réjouissant, avec un côté parodique très prononcé qui n’est pas la dernière qualité du film. Au final, on s'amuse beaucoup et on ne s'ennuie jamais. Vivement son prochain film…
Un bollywood commercial réussi
Difficile de passer après Inspecteur Tahar, auteur d'une superbe critique. Je voudrais donc juste dire qu'à mon avis les passages d'action matrixiens ne sont pas si gênants que cela : ils participent à l'exaggération (ses sentiments, des situations...) qui fait tout le sel du cinéma de Bollywood. Quand je veux de l'action sèche et réaliste, je vais plutôt vers Hong Kong.
Moitié oui, Moitié non
"Main Hoon Na" est la première réalisation de la talentueuse chorégraphe Farah Khan. Le film dispose dès lors de chorégraphies entrainantes, parfaitement maitrisées, couplées à des chansons simples mais accrocheuses. Le scénario passant habillement d'une histoire à une autre (la vie au collège, les amourettes, les plans de Raghavan, Ram vivant chez Lakshman) sans que le montage n'irrite l'oeil, le cerveau et les sens. Jusque là "Main Hoon Na" peut prétendre à la palme du film plaisant par excellence bien que purement commercial.
Le film possède néanmoins un défaut majeur : sa réalisation. A l'aise dans les numéros musicaux (de très bonne facture en tous points) et les scènes comiques, la réalisatrice s'embourbe lors des scènes d'action. La caméra vomit tous les clichés post-matrixiens (l'original rimant déjà avec affreux, le qualificatif demeure pour les copies) à une cadence infernale, enlevant toute tension dramatique, tout lyrisme aux mouvements. La redondance (les envolées musclées sont légion) s'avèrant malheuresement le maitre mot, l'ensemble finit souvent par agacer. Le drame se trouve, quant-à lui, loyalement géré, sans génie il est vrai, mais également sans mauvais goût (cela est l'essentiel).
Concernant les acteurs, il est inutile de rappeler que Shahrukh Khan assure comme à son habitude, qu'il maitrise toutes les émotions possibles et existantes en ce bas monde. En définitive, qu'il est l'un des meilleurs acteurs sur Terre.
Concernant le film en lui même, en dépit de cet agacement (non général mais bel et bien présent), le générique de fin (hommage à "Grease") redonne le sourire et finit par placer "Main Hoon Na" dans la catégorie des oeuvres décevantes mais doté d'une telle bonne humeur qu'on lui pardonnerait presque ses écarts de langage. Pour ma part, c'est à moitié pardonné.
Sauvés par les songs
Ou "Ram Beau"…ou "Garçons manqués".
La scène d'intro annonce la couleur: lorgnant une nouvelle fois (et avec envie) du côté des Etats-Unis, va y avoir de l'action bourrée d'effets spéciaux, une intrigue tirée par les cheveux et des cascades…en cascades. Le délicat conflit entre l'Inde et le Pakistan sert de pain béni à une moralité des plus douteuses – mais il s'agit d'un pur film de divertissement après tout!
Du divertissement, le film en déborde; notamment en servant l'intouchable Shahrukh en Ram-Beau de service, ready to fight et d'enchaîner les plus incroyables pirouettes, jusqu'à défier toutes les lois de l'apesanteur, notamment quand les câblages l'empêchent de retomber naturellement, mais tel un Dracula se couchant dans son cercueil.
Il n'empêche, que ces moments d'action provoquent des moments assez savoureux de comique involontaire, dont une assez longue scène de poursuite fascinante: Shahrukh arrive à pédaler plus vite qu'une jeep lancée à toute allure (il n'empêche que vers la fin du film, il arrivera même à se téléporter à l'instar d'un "Jason" sorti des enfers en apparaissant en amont d'une voiture à toute allure) et d'exécuter des figures en free-style forçant tout respect de self-control.
C'est d'ailleurs dans les moments de comique, que le film réussit à remporter la mise, notamment dans ces scènes (répétées à outrance, mais néanmoins sulfureuses) d'école, entre des messages d'amour chantés et un prof poustillonnant – irrésistible de bêtise et de génie.
Dommage seulement, que l'intrigue se traîne aussi lamentablement, que les différentes parties s'imbriquent aussi mal et que l'idéologie nauséabonde re-surgit lors d'un finale totalement ridicule. Un pêche mignon, qui pêche plus qu'il n'est mignon.