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Je ne peux pas vivre sans toi

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visiteurnote
Bastian Meiresonne 3.75
Manolo 3
Illitch Dillinger 4.25


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

Jamais sans ma fille

Plus de sept ans ont passé depuis la première réalisation de Leon Dai (Lap Yan), film commercial coloré et enlevé. Quelle surprise donc que de découvrir ce drame intimiste, basé sur un fait divers réel, tourné dans un magnifique Noir & Blanc dans les étonnants décors naturels de la ville Kaohsiung.
 
Sur le papier, on pouvait s'attendre à une histoire larmoyante, à l'un de ces nombreux drames misérabilistes tellement à la mode en Chine et Corée et largement diffusés sur un circuit festivalier mondial(iste), avide de jouer les voyeurs de la misère du monde…Quant à l'incroyable utilisation de Noir et Blanc dès sa magnifique séquence d'ouverture du flash-back, on aurait pu craindre un drame auteurisant en parfait décalage avec la réalité et son sujet…eh ben, NON. Leon Dai s'empare parfaitement de son sujet, en contant naturellement une histoire très simple, d'un père pauvre élevant seul sa petite fille. Habitation, comme métier et vie au quotidien sont dépeints avec beaucoup de naturel et d'humilité, exposant les faits sans jamais leur donner aucune dramaturgie inutile. S'ils vivent un endroit modeste et mal isolé, tous deux s'en accommodent parfaitement et profitent même de la magnifique vue sur la mer; si le travail au noir est particulièrement ingrat, ce n'est finalement que lors de la révision d'un matériel obsolète que l'on comprend, que le père vient d'échapper à la mort…et s'ils n'ont rien à manger, on partage surtout leur moment de bonheur d'avoir attrapé trois-quatre poissons ou d'avoir cueilli un fruit…des moments touchants…mais dans leur simplicité.
 
Ensuite, on passe à la partie plus "administrative", qui rappelle notamment les démêlés qu'avait pu avoir une "Qiu Ju" chinoise il y a près de vingt ans…mais là encore, point de scènes tire-larmes, ni de longueurs inutiles: Leon Dai ne perd jamais de vue ses deux personnages, ni ville et Nature aux alentours, en filmant avant tout les déplacements (qui donnera même lieu à une visite expresse de la ville de Taipei avec énumération des bâtiments officiels et lieux touristiques, que l'on ne verra pourtant jamais, le personnage principal étant entièrement fixé sur le bâtiment de justice en face de lui) et des rencontres HUMAINES avant de détailler les tracas judiciaires. Touchant de simplicité – mais je l'ai déjà mentionné.
 
Seul le dénouement pourrait déplaire à certains avec un épilogue quasi inutile et un brin misérabiliste…mais là encore, Leon Dai aura le bon goût d'exposer très simplement la toute fin et de faire appel à l'imagination du spectateur pour donner le fin mot à l'histoire, plutôt que de chercher d'en faire trop…car le seul VRAI défaut, que l'on pourrait trouver au film, c'est qu'au-delà de l'injustice de séparer une fille de son père, c'est de savoir ce qui vaudrait mieux pour la fille: tenter de lui offrir un semblant d'avenir en lui donnant accès à une vie "meilleure" et une éducation ou de la laisser auprès d'un père de famille aimant, mais sans beaucoup de chances réelles de survie…mais ce serait peut-être une autre histoire, celui des inégalités de classe s'accentuant d'année en année à Taiwan, comme dans la plupart des autres pays du monde et que Leon Dai n'a fait qu'effleurer pour davantage s'attaquer aux démêlés administratifs tout aussi troublants.
 
Un Premier Prix largement mérité au Festival Asiatique de Vesoul en 2010.


23 mars 2011
par Bastian Meiresonne


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