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La Pendaison

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les avis de Cinemasie

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Ordell Robbie 4 Les bourreaux meurent aussi.
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Les bourreaux meurent aussi.

Le paradoxe de La Pendaison, c'est de sortir à la fois grandi et diminué de l'épreuve du temps. Forces et limites de ce film réalisé hors du système de studios et inspiré d'un faits divers ayant défrayé la chronique au Japon -l'exécution pour viol d'une Japonaise d'un Japonais d'origine coréenne de milieu modeste- sont en effet indissociables de l'époque de son élaboration. La thèse centrale de ce réquisitoire contre la peine de mort -ce ne sont pas les criminels qui sont coupables mais les institutions répressives et le contexte social qui les a engendrés- correspond à des schémas de pensée de gauche aujourd'hui dépassés. Ici, l'amnésie de R finit par faire que le crime habite l'esprit de toutes les figures qui cherchent à le rendre coupable, qu'elles incarnent la loi -les gardiens- ou la religion -le prêtre-. Ce qui compte, ce n'est plus qui est R mais ce que les personnages projettent sur R. On peut aujourd'hui trouver cet artifice narratif grossier mais à l'instar de certains Godard d'époque c'est cet artifice qui révèle la vérité de son temps. Et c'est justement par cet artifice-là que le film accède à un propos plus complexe que sa thèse centrale. Il n'est plus question seulement de peine de mort mais de dénonciation du racisme des Japonais à l'égard de leur minorité coréenne. Comme plus tard dans Furyo, il s'agit de montrer comment deux nations, deux cultures se regardent.

De même, l'évidente influence d'une distanciation brechtienne très présente dans tout un pan du cinéma de l'époque est à la fois point fort et talon d'Achille du film. A la théâtralité assumée d'un film se déroulant le plus souvent en huis clos s'ajoute un dispositif des plus élaborés pour produire de la distance: grotesque et exagération produisent tout autant rire que mise à distance tandis que les titres de chapitres mettent à distance en anticipant ce qui va suivre; le hors champ est utilisé pour jouer sur la perception des personnages. L'ouverture du film brillant par sa voix off décrivant avec précision extrême l'exécution comme un cérémonial et par un style de mise en scène jouant au même titre que la voix off sur la frontière fiction/documentaire, elle ne fait que précéder un récit déconstruisant ce cérémonial pour mieux le ridiculiser en en révélant les contradictions. Ceci dit, même si la narration du film joue la carte des ruptures et surprises permanentes sans jamais lasser -grâce à ses allers-retours temporels, son jeu sur la frontière entre différents niveaux de réalité auxquels les parti pris formels du film font écho (stylisation documentaire et élément de distanciation)-, Oshima n'évite pas toujours le gros piège du parti pris choisi: le didactisme. Emblématique d'une époque où un vent de contestation soufflait sur le monde développé, le film assume pleinement une dimension d'oeuvre-tract, dimension qui passe moins bien aujourd'hui.

Mais toutes ces réserves n'enlèvent rien au caractère politiquement explosif du film vis à vis de son pays natal, dimension qui fait trop défaut au cinéma actuel à l'heure des provocateurs autoproclamés en toc et de la rébellion fabriquée comme un plan marketing. Et rien que pour ça la flamme de La Pendaison brûle encore. En particulier avec une fin nous rappelant que tout ceci n'est "que" cinéma. Mais ce seulement cinéma n'est rien de moins le Zeitgeist du Japon des années 60 fait pellicule.



23 juillet 2006
par Ordell Robbie


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