Pour ce film, c'est l'univers carcéral qui sera choisi comme cadre principal. Yiu (Tony Leung Ka Fai) est condamné à trois ans de prison. Lui qui menait jusqu'ici une vie calme et loin de toute forme de violence, se voit ainsi jeté au milieu des triades et autres malfrats. Il se liera vite d'amitié avec Ching (Chow-Yun-Fat) , un détenu aussi intrépide que jovial, qui le protègera des humiliations et des violences de la prison. Entre les détenus et les gardiens, le temps sera long pour Yiu...

Par le biais de ce film, Ringo Lam arrive à retranscrire la dureté de la prison de façon humaine, trouvant le juste milieu parfait entre réalisme et fiction. Combats dans les dortoirs, brimades, manipulations des gardiens, rien ne sera épargné aux détenus, qui doivent se méfier les uns des autres, entre rivalités de triades et simples différents, tout en restant soudés et solidaires contre des gardiens tout puissants qui ne reculent devant rien. Les tensions iront donc crescendo entre tout ce beau monde, de conflit en conflit, de bagarres organisées en tentatives de suicides...les rares scenes de « repos » (comprenez par là les scenes musicales, ou les scenes plus humoristiques) seront d'autant plus appréciées qu'elles seront telles des oasis dans un désert noir de pessimisme. Lam arrive ainsi à retranscrire à sa façon la micro société qui se développe entre des hommes qui partagent un univers, et les liens qui les unissent, que ceux ci soit tissés d'amitié profonde ou de haine farouche. Rien ne sera épargné, et l'immersion pour le spectateur sera complète, les scenes, alternant entre violence crue ( et parfois sanglante), détente légère entre détenus, dialogues intimistes et oppression, on ne quittera jamais le cadre fermé de la prison, nous donnant l'impression d'être enfermé avec Yiu.

Le casting est impeccable et sans la moindre fausse note, Chow Yun Fat volant ici totalement la vedette à Tony Leung. Ching sera un personnage emblématique, passant du rire aux larmes en quelques seconde, dérivant de la cabotinerie à une violence de psychopathe, cet effet étant sublimé sur la derniere demi heure du film, véritable apogée du personnage. Notons la présence de Roy Cheung dans le rôle du chef de la sécurité violent, tyrannique, et...balafré.

Est-il encore besoin de préciser que le film que nous avons là est  excellent?