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Raigyo

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les avis de Cinemasie

1 critiques: 3/5

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5 critiques: 3.5/5

visiteurnote
Bastian Meiresonne 4.25
- 3.5
Mounir 3.5
Pikul 3.25
Epikt 3


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

Réunion avortée

Inspiré d'un fait divers réel, Zeze utilise une nouvelle fois le genre du pinku (et – surtout – le budget qui lui a été attribué) pour signer une œuvre personnelle. "Raigyo" est sa vision, profondément pessimiste du monde contemporain, autant dans sa société décadente (la ville est surplombée par des sombres cheminées industrielles), que dans la dépravation des hommes (impossibilité de communiquer, d'aimer et de jouir) et des animaux (le "Raigyo est une "excroissance" du monde animal, étant un serpent surmonté d'une tête de serpent" et colportant des vers en son intérieur). Les personnages totalement désemparés (l'héroïne débarque de nulle part et est dans l'impossibilité de repartir avant de n'avoir commis un dernier acte de folie) évoluant dans des paysages industriels apocalyptiques (des filtres de couleur défigurent totalement les environs, notamment dans un verdâtre clinique et maladif) pour commettre des actes insensés. L'héroïne est tel le "Raigyo" du titre: sa tête à l'esprit dérangé (le serpent est l'incarnation de la traîtrise et des fausses apparences dans le monde mythologique japonais, comme dans celui de la Bible catholique) ne correspond pas à son corps et elle aussi "colporte" un mal, non pas dans son corps, mais dans son sac à main. Une histoire finalement très simple, c'est avant tout la mise en scène exceptionnelle de Zeze et sa remarquable direction des acteurs, qui font de ce petit film un véritable bijou du cinéma d'auteur. Et autant être prévenu tout de suite: au lieu du pinku excitant, c'est la débandade assuré jusque dans les rares scènes de sexe sans aucun amour. Un magnifique exercice de style!

05 mai 2007
par Bastian Meiresonne


Destins croisés

Diffusion sur Arte le 3 mai!!! Plus connu en Occident pour ses très oubliables oeuvrettes ouvertement commerciales telles Dog Star, Kokkuri ou encore MoonChild, Takahisa Zeze est depuis 1989 un des principaux rénovateurs du pinku contemporain ; aidé en cela par ses camarades du Shi-Tenno (les quatres rois du pinku) : Hisayasu Satou, Kazuhiro Sano et Toshiki Satou. Figure à part dans ce milieu, ses films foncièrement sombres et dépressifs, avares en scènes dénudées sont loin de faire l'unanimité chez les spectateurs érotomanes des salles obscures spécialisées. Avec Raigyo, Zeze signe un film profondément anti-érotique, un modèle de froideur et de déprime. La présence du raigyo, horrible poisson à tête de serpent, plane insidieusement tout le long du métrage. Tel un oiseau de mauvais augure, il annonce l'inéluctable drame à venir. La superbe photographie de Koichi Satou confronte teintes cliniques verdâtres et étranges couleurs rougeoyantes. Tensions des contrastes qui finiront par s'unir dans une chambre de love-hotel, étrange lieu surréel où se jouera, dans le sang, le drame entre deux êtres. Femme délaissée, homme adultère, une rencontre parmi tant d'autres possibles, Zeze dépeint les vicissitudes du destin. Le hasard qui seul décide de tout, rencontres avortées, rencontres inopportunes, tout se joue à si peu de choses. L'humain tel un pantin évolue dans un monde qui le dépasse. Univers clinique et morbide sur fond de lugubres marécages verdâtres et de complexes industriels menaçants, nature en pleine décrépitude (omniprésence de cadavres d'animaux, thématique de la pollution et de l'univers médical). En lointain écho, la figure de l'enfance, période radieuse et insouciante, apparait dès lors comme le seul souvenir auquel se rattacher. Zeze met en parallèle deux destins qui finiront, bon grè mal gré, par se rencontrer. Deux personnages déconnectés de la réalité, évoluant dans une sorte de no-man's land industriel et campagnard. Une succession banale de gestes et d'actes quotidiens parasités par l'irruption de scènes à la frontière de l'onirisme. En fond sonore, de stridents violons plaintifs ajoutent à la déprime ambiante. D'un scénario dépouillé, Zeze tire une structure limpide, l'excellente maîtrise des ellipses laisse au spectateur le soin de reconstruire le puzzle tout en ménageant des zones d'ombres, renforçant ainsi la sensation d'étrangeté d'un univers déjà bien sinistre. La mort violente se révèlera finalement comme l'inévitable issue pour évacuer cette profonde solitude, amer constat s'il en est de l'incommunicabilité entre les hommes. Le plan final marque le retour brutal à une normalité plus sereine, en apparence tout du moins. Raigyo ne se soucie guère des motivations de ses personnages, film lent et quasi-muet, seule compte l'atmosphère, ce flottement diffus, cette solitude des êtres partout présente. Mise en scène épurée à la violence sous-jacente, belle maîtrise de la longueur et du rythme, crédibilité des acteurs, raretés des scènes érotiques, Zeze signe un film qui mériterait indiscutablement de sortir de son ghetto cinéphilique. Une réussite marquante. (Eiga Gogo!

01 mai 2007
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