ma note
-/5

moyenne
3.07/5

Like a Dragon

nombre de notes: 0nombre de notes: 0nombre de notes: 0nombre de notes: 0nombre de notes: 2nombre de notes: 2nombre de notes: 5nombre de notes: 2nombre de notes: 0nombre de notes: 1

les avis de Cinemasie

1 critiques: 2/5

vos avis

11 critiques: 3.11/5



Xavier Chanoine 2 Comme d'habitude...
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Comme d'habitude...

Like a Dragon ne diffère pas de ce que Miike nous a habitué jusque là. Adaptation plutôt libre du Yakuza de Sega, l’histoire met en scène Kiryu, un ancien yakuza sorti de taule qui ne souhaite pas revivre ce qui l’a mené en prison et dont le but est à présent de retrouver la mère de la petite Haruka (sorte de chemin de la rédemption) étroitement liée à un gros paquet de yens convoité par une armée de yakuza. L’univers est posé dès le premier plan, poseur comme souvent chez le cinéaste, sauf que contrairement à ses dernières réalisations, Sukiyaki Western: Django en tête, le film assume jusqu’au bout son humour débridé, lourd car usant d’effets comique à répétition, mais libérant une énergie proprement jouissive car justement assénée en rafale dans l’esprit du spectateur. Un exemple ? Les deux cambrioleurs coincés dans la banque, sur le point de se mettre sur la gueule ou comment le hurlement et la répétition de leurs prénoms arrive à créer l’hilarité. Mais plus que cette séquence anodine –répétée-, le traitement des personnages vaut pour leur caricature : un boss yakuza fringué comme un pirate, armé d’une batte de baseball qu’il ne lâchera pas (accompagné aussi d’un sidekick lui préparant les lancés de balle), un couple d’adolescents vouant un culte au cambriolage depuis qu’ils ont eu affaire à Kiryu dans une superette, un as du sadomasochisme qui prépare lui-même sa souffrance (satané casier), une bande de policiers incompétents scrutant ce qui se déroule dans la banque d’en face et deux yakuza adeptes de la boisson énergétique leur conférant un pouvoir surhumain. Notons par ailleurs la correspondance avec le jeu vidéo tel qu’on le conçoit : un héros évoluant dans un univers qui ne semble pas si éloigné de la réalité (sorte de Tokyo transformé en fête foraine), stage par stage et qui rencontre sur son chemin tout un tas d’embûches. Les combats, nombreux, sont aussi considérés comme des étapes que le héros doit franchir, des affrontements contre Majima qui ressemblent d’ailleurs étrangement au Némésis de Resident Evil, dans la mesure où, boss à part entière, il reviendra à la charge car incapable de trépasser.

L’univers du jeu vidéo n’est donc pas loin aussi bien dans le fond que la forme bien que le scénariste ait opté pour le remaniement plutôt que de reprendre la trame déjà complexe du titre vidéoludique : ainsi les personnages de Satoru et de Yui apportent un peu de fraîcheur et de fantaisie à un scénario qui se veut bien entendu noir et rebondit, mais leur utilité n’est que de façade. Ils peuvent faire rire comme être consternants, à l’image de l’ensemble du cast du film : prenons le comme cela, Like a Dragon est une comédie là où le Yakuza de Sega jouait dans la cours des vrais yakuza-eiga sans fioriture, et le ton volontairement léger et inoffensif du film de Miike en mettra plus d’un sur la touche. A l’instar des récentes productions du cinéaste, la lumière est immonde, le montage rend la narration fatigante et le film accuse une gestion catastrophique du rythme (entrée soufflante, milieu soporifique, fin déjantée), récurrente dans l’œuvre du cinéaste. Like a Dragon a au moins le mérite d’avoir un univers bien personnel, et si le film souffre d’une direction artistique hasardeuse (affligeant décor comme climax de fin), il s’avère suffisamment riche visuellement pour prétendre à faire dans l’original : la lumière fluo dégueulasse, une affaire de goût, mais elle a le culot d’être là. Les décors épurés à l’extrême font au mieux carton pâte au pire film porno, mais contribuent à rendre cette ambiance particulière immédiatement identifiable. Reste maintenant une narration un peu décousue prouvant si besoin est que Miike ne sait pas raconter des histoires et se perd dans une avalanche de gags amusants –ou pas- histoire de trouver une finalité aux actes des protagonistes : si le cambriolage de la banque par Imanishi et son acolyte contient quelques passages au potentiel culte évident, comme lorsque les otages les remercient d’avoir acheté de la nourriture chère, la chute est absente. De même que cette bande de flics menée par un Aikawa Sho plutôt sobre, amusante sur l’instant (le jeu des boissons) mais elle n’apporte rien à l’intrigue principale, comme si il y avait deux films dans le film : d’un côté les tribulations de Kiryu et de la petite rappelant Itto Ogami et son bambin et de l’autre deux bandes qui se regardent ne rien faire. Pas de justification, certes, sans doute permet-il à Miike de rallonger une fois de plus son récit de vingt grosses minutes.

Compressé comme un jeu vidéo, donc un peu indigeste lorsque l’on cause ciné, le film pose des questions sur le marché noir comme la vente illégale d’armes à feux donnant ainsi la possibilité aux gens moyens de faire comme bon leur semble une fois ces objets de mort en main, les pillages amateurs de Satoru et sa petite amie sont la réponse pathétique à ce trafic orchestré par un tueur à gages coréen. Rayon dénonciations le film ne va pas bien loin et se veut être du divertissement pour le public de Miike : le casual tiendra sans doute la première demi-heure parce qu’elle est colorée et montée comme un clip, l’amateur du polar jettera l’éponge avant même d’avoir esquissé le moindre sourire. Pourtant, le film rassure lorsqu’il s’énerve et passe la première notamment lors des séquences de bagarre plutôt bien chorégraphiées et filmées au plus près des corps. Comme d’habitude chez Miike, le moindre coup de poing résonne comme un tambour, mais l’effet participer à exacerber le côté cartoon assumé du film. Heureusement que l’épate n’est pas aussi énorme que dans un Dead or Alive, tout juste certains tics de mise en scène cassent un peu l’ambiance par leur non-justification totale (les nombreuses coupes caméra dans l’ambulance), mais rien de bien méchant car Miike fait du Miike. Au final, que retenir de ce Like a Dragon ? Un Miike qui continue sur sa lancée, celle de filmer et de très peu proposer ? Une version édulcorée du film de yakuza ? Une bonne adaptation du Yakuza de Sega ? Un peu de tout ça, sûrement. Mais une chose est sûre, ce n’est pas avec celui-ci que Miike se réconciliera avec ses détracteurs.



19 août 2008
par Xavier Chanoine


info
actions
plus
  • liens
  • série/remake
  • box office
  • récompenses
  • répliques
  • photos
  • bande annonce
  • extrait audio