Peu innovateur mais simple et crédible
Evidemment, on a vu beaucoup et souvent mieux sur le sujet de l'exclusion sociale chez les Chinois. L'originalité ici viendrait du fait que l'histoire se situe aux Etats-Unis, à Flushing dans une communauté d'expatriés. Mais d'un autre coté, tout ce petit peuple vivant un peu en autarcie, tel qu'on le perçoit dans le film, n'a pas grand chose de différent à une vie traditionnelle chinoise ; on pourrait même y voir que le fait de vivre ensemble au milieu d'un pays étranger accentue le conservatisme comme une protection contre la culture sociale américaine. Ainsi, dans cette société fermée, une mère et sa fille subissent la dure loi de la rigueur sociale ; la mère puisqu'elle se trouve enceinte sans oser avouer qui est le père, et la fille car elle n'ose pas avouer son homo-sexualité, et encore moins qu'elle a rencontré une autre fille.
Dans Saving Face, on pourra surtout noter la grande sincérité mise au service d'une histoire très sensible, mais aussi l'absence totale de longueur et d'ennui. Les personnages principaux sont vraiment attachants, autant la mère que la fille, et les acteurs secondaires sont vraiment de qualité, d'abord Lynn Chen car elle assure son rôle sans problème, mais surtout Ato Essandoh, qui interprête le rôle du voisin noir, est particulièrement bon et assure une bonne bonne partie de l'humour bienvenue dans ce petit film sans prétention.
Face de citron.
Malheureusement, le premier film d'Alice Wu s'apparente plus aux travaux d'Ang Lee de la première moitié des années 90 ou encore aux passages derrière la caméra de Sylvia Chang, qu'au cinéma d'Edward Yang.
Traitant avec la même platitude et le même manque d'ambition de l'homosexualité, du fossé entre les générations et de la communauté asiatique new-yorkaise, "Saving Face" ne dépasse jamais le cadre de la jolie petite comédie romantique correctement interprétée mais vite oubliée.