Water

Ghost Dog

4

Coupable d'être veuve

Coupable d'être veuve

La réalisatrice Deepa Mehta est au fondamentalisme hindou ce que Salman Rushdie et Taslima Nasreen sont au fondamentalisme musulman : une indésirable qui soulève le tapis des pratiques religieuses indiennes et qui montre au grand jour la crasse qui se trouve dessous. Exilée au Canada depuis de nombreuses années, son choix lui a permis de prendre de recul sur son pays, et d'être encore plus incisive.

Water s'attaque à un scandale qui perdure encore de nos jours : les veuves n'ont plus le droit de se marier et sont mises à l'écart de la société, dans une sorte de pensionnat où elles doivent sagement attendre leur mort. Cela aboutit à des aberrations, comme l'enfermement cette belle jeune femme de 20 ans à peine, ou pire, celui d'une enfant de 10 ans dont le mari a cassé sa pipe !

Le point de vue développé ici est intéressant à plusieurs niveaux :

• On découvre l'hypocrisie de cette tradition, les jeunes veuves étant parfois vendues à des parvenus comme prostituées pour enrichir la mère maquerelle
• Mehra refuse le relativisme culturel : ces femmes sont des êtres humains qui ont autant de droits que les autres, et que nul ne peut forcer à la servitude même sous couvert de religion
• Le pouvoir lié à la rétention de l'information est dénoncé : des lois ont été votées pour interdire ces pratiques, mais personne n'a mis les veuves au courant
• L'approche économique de la religion est bluffante : historiquement, on mettait les veuves à l'écart (ou on les tuait) uniquement pour faire l'économie de saris et de bouches à nourrir !

Un beau film au message très fort.

visiteur	note
Anicky	4
Oh Dae-soo	4

ç'aurait pu être excellent...

... sans la nécessité commerciale d'engager Lisa Ray (d'une beauté à couper le souffle, mais bien peu convaincante) et John Abraham (qui ne fait pas le poids non plus). Mais leurs rôles ne sont que des ornements : le film montre l'existence des veuves - avec une discrétion et une retenue qui en soulignent la cruauté abjecte - et le personnage principal est la communauté des veuves, superbement filmée, admirablement bien jouée (Seema Biswas est bouleversante, mais la petite fille crève l'écran).