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Zegen, le seigneur des bordels

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Ordell Robbie 4.25 Des lourdeurs mais verve d'IMAMURA et vision historique emportent le morceau.
Xavier Chanoine 3.75 Un portrait acide et drôle d'un self-made man utopique
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Un portrait acide et drôle d'un self-made man utopique

Après son succès festivalier à Cannes en 1983 où il remporta la Palme d’or avec La Ballade de Narayama, Imamura Shohei coproduit et réalise avec la Toei quatre ans plus tard cette adaptation libre d’un récit autobiographique de Muraoka Iheiji, personnage voué corps et âme à l’Empereur, qui décide de quitter le Japon pour mener une nouvelle vie. Car avant de vouloir implanter des bordels un peu partout dans les pays d’Asie du sud-est où le Japon est présent, celui-ci appris la coiffure à Hong-Kong, formé par un résident japonais. Poussé par à un de ses supérieurs à œuvrer dans le métier relatif à la prostitution, celui-ci part en mission à travers les peuples d’Asie du sud-est, pour y installer son business juteux qui ne tardera pas à souffrir de la crise en pleine période de guerre. En orientant son récit autour des divers évènements Historiques que connut le Japon, comme l’étape de la Mandchourie, la guerre contre la Russie ou encore la Seconde Guerre Mondiale, Imamura dresse le portrait touchant et acide d’un homme prêt à tout pour honorer l’Empereur et son peuple.

Pratiquement euphorique lors des séquences impliquant un grand nom de personnages à l’écran, Zegen étonne par ses différentes tonalités, où le rire, la passion et la folie se côtoient dans un immense capharnaüm proche de l’hystérie la plus totale. Joyeuses, les geishas se donnent à cœur joie dans l’aventure en jouant de leurs atouts et charmes. Iheiji travaille comme un forcené, donnant tout son sens au terme de self-made man, dépassant allègrement les difficultés des épisodes Historiques du Japon pour en ressortir toujours vainqueur et finir par être un personnage puissant. Malheureusement, cette absence de remise en question durant la crise (pénurie de prostituées, prix du riz en hausse…) l’amènera à l’échec. Tandis que les forces armées japonaises gagnent du terrain vers la Malaisie, Iheiji, alors un vieillard désireux de repeupler le Japon en forniquant à la chaîne, ne sera ironiquement plus considéré comme un japonais, lui donnant encore plus de raisons pour se faire hara-kiri, lui qui essaya sans jamais y arriver. Sans doute trop lâche, trop conscient de l’état de son business qui a toutes ses chances de reprendre. Aveuglé par le souhait qu’un jour le Japon domine le monde (ce dernier ira jusqu’à vouloir dépasser en « nombre » les chinois), luttant pour garder celle qu’il aime auprès de lui face à un puissant chinois, et priant chaque jour pour que chacune de ses prostituées –qu’il appelle ses épouses spirituelles- vende leur corps mais pas leur cœur, Iheiji provoque une certaine empathie à son encontre.

Pas bien méchant, il est surtout habité par ce désire de voir les choses en grand. Surpasser son voisin, enrichir et agrandir le Japon par ses simples gestes du quotidien. Imamura agrémente alors sa narration d’ellipses temporelles, sautant les années pour y montrer combien le travail d’Iheiji reste le même, année après année, rides après rides, jusqu’à ce que son bordel ressemble à un immonde repère de pestiférées épuisées. L’acidité des propos est remarquable, les séquences alternent l’hilarant (l’hara-kiri raté, les remarques à l’encontre du Japon) et l’absurde comme cette séquence d’avortement d’une prostituée, où une de ses partenaires enchaîne les sauts sur son ventre, provoquant aussi bien l’indignation la plus totale que le rire parce qu’exécutée à la manière d’un cirque un peu triste. Les bordels tenus par Iheiji aussi bien en Chine qu’à Kuala Lumpur, sont de véritables pistes de cirques où l’on hurle, performe et fornique à tous les étages, dans une sorte d’exaltation permanente se répercutant sur le spectateur, assez sidéré d’un tel spectacle où quarante ans de l’Histoire du Japon sont passés en revue. Et si le film peut paraître long, la patte unique d’Imamura, ses personnages croustillants et la beauté des teintes chaudes de la photographie emportent largement le morceau, qui plus est lorsque les débats se terminent sur une scène aussi soufflante que diablement ironique. Un film trop rare.



13 février 2010
par Xavier Chanoine


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