Langue Chinoise : Cantonais ou Mandarin ?

Il est vrai qu'il est assez difficile de s'y retrouver dès lors que l'on commence à parler langues ou noms chinois, ici en Occident. Aussi, quelques éclaircissements à ce sujet peuvent souvent épargner quelques "chmilblick" et éclairer quelques lanternes.

I) ETHNIES ET LANGUES CHINOISES

Tout d'abord, commencons par préciser qu'il existe en Chine environ une cinquantaine d'ethnies différentes, possédant pour la plupart leur culture, leurs traditions mais surtout leur langue propre. On retient ainsi parmi les plus connus, les Mongols, les Ouïgurs et les Tibétains au Nord, les Zhuang, les Yao, les Dong ou les Miao (nom mandarin pour le peuple Hmong, également présent au Vietnam et au Laos) au Sud. L'éthnie majoritaire en Chine est le peuple Han, une des premières à avoir regné sur une Chine unifié. Le premier empereur Han, Liu Bang, renversa en fait l'empire du jeune fils de celui ayant pour la première fois unifié la Chine : Qin Shi Huang (l'empereur dans le film Hero, et le même ayant été enterré avec des milliers de Terracotta Warriors). Les Han ont introduits le confucianisme parmi bien d'autres choses, dans la culture chinoise et ont toujours été considérés comme l'une des ethnies "phares" du territoire chinois.
II) MANDARIN : LANGUE COMMUNE

1°) Le Putonghua


La langue de l'éthnie Han est appellé Hanyu ("yu" siginfie la langue, mais on utilise plus souvent le mot "hua" pour le même emploi), hors depuis l'avénement du régime communiste, la langue des Han fut choisi pour être la "langue commune", rebaptisé "putonghua" (littéralement : langue commune) :  c'est le fameux mandarin.
On rendit alors obligatoire partout en Chine populaire l'apprentissage de cette langue quitte à, dans un premier temps seulement, anihiler les autres, et les cultures respectives avec.

2°) Communisme et simplifications


Mao Zi-Dong, a beaucoup apporté à langue chinoise. Dans un premier temps, il s'est attelé à en simplifier l'écriture, beaucoup trop élitiste, dans les traits mêmes, mais aussi et surtout créer le "pinyin", transcription universelle des syllabe chinoises en alphabet roman (chose qui existait déja au Japon : le romaji).
Dès lors apprendre la langue comme l'écriture était un millier de fois plus simple pour les petits chinois car jusqu'alors, déja qu'en Europe malgrè une écriture plus facile, l'analphabetisme était très présent dans le passé, seule une petite élite maitrisait l'écriture en Chine.
Les enfants en Chine apprenent donc à lire et écrire l'alphabet roman, pour ensuite apprendre les caractères chinois. Toutefois les choses n'ont pas tant changés que cela, et, contrairement à des langues latines où seule là conaissance du vocabulaire crée des écarts de savoir, l'écriture même en Chine est un témoin du niveau d'éducation. Les moins cultivés savent ainsi moins lire que les autres, et non moins bien lire, chose difficile à comprendre ici.

Et pour la petite histoire, sachez que Mao n'a jamais caché son ambition finale qui était ni plus ni moins que d'éradiquer les caractères chinois, traditionnels comme simplifiés, pour ne laisser subsister que le pinyin, donnant ainsi une chance égale à son peuple à un niveau mondial.
Mais comme pour beaucoup d'autres choses, ses succésseurs ont eu à ce propos une opinion moins tranchée et finirent par conserver les deux (pinyin et caractères).

III) CANTONAIS : LANGUE SAUVAGE

1°) Le Guandonghua


Mais dans le Sud-Est de la Chine, dans la région du Guandong (dont la capitale est Guangzhou, Canton en français), à Hong-Kong, à Macau ainsi (en raison de l'imigration) qu'en Malaysie, par exemple, on parle une autre langue appellé tout simplement Guandonghua, ce que nous appelons le cantonais.
Si vous vous rendez à Canton, vous verrez que les gens y parlent une espéce d'étrange croisement entre le cantonais et le mandarin, langue imposée à tous.
Seulement, Hong-Kong était jusqu'à encore très récemment une colonie Britannique, ce qui explique que la plupart des gens à HK ne parle encore que cantonais, ou assez mal madarin en tout cas.

2°) Difficultés


Le cantonais par contre, n'a malheureusement jamais bénéficié de telles études et reste encore aujourd'hui une langue "sauvage", dont il n'existe presque aucun manuel d'apprentissage tant rien n'a été fait sur cette langue.
Il n'existe pas de transcription universelle dans notre alphabet ce qui implique que, étant une colonnie britannique, les transcriptions existantes sont basées sur des prononciations anglaises.

ex : Tsim Sha Tsui (un des quartiers principaux de HK) se prononce en fait Tsim Sha Tseui
Ainsi des noms de cinéastes comme Tsui Hark ou Ann Hui se prononcent en fait "Tseui Hark" et "Ann Heui".

De même, en mandarin comme en cantonais (rare exception), le mot dragon se dit "long", cependant, en cantonais, la prononciation différe légérement pour devenir presque "loong" d'où la transcription en Kowloon, du quartier signifiant 9 Dragons (Kow, prononcez "Kao" = neuf / Loon, prononcez "Long" avec le son entre "on" et "oo" = dragon).

Ainsi, même si avec le temps, certaines "régles" se sont improvisées, les transcriptions écrites changent en fonction des erreurs que l'on découvre, ainsi vous trouvez des endroits où l'on écrit Tony Leung Kar-Fai, et d'autres où on l'écrit Tony Leung Ka-Fai (le "r" de fin étant presque muet) alors que tout le monde écrit Wong Kar-Wai, avec le "r", pourtant il s'agit du même mot.

IV) POINTS COMMUNS ET DIFFERENCES

1°) Différences

- Le mandarin est plus nordique, plus dur à l'écoute avec une prédominance des sons en "ch", "zh", "r" et "h"
ch = tch  (ex: chan)      zh = dj (ex: jean)      r  = "r" anglais (ex: car, beer)      h = "kh" arabe ou "j" espagnol

- Le cantonais est plus sudiste, plus doux et chantant avec des consonnances en "s" "ts" et des voyelles comme le "a", très présent.
ui = euille ou ouille (ex: Tsui : Tseuille ou Mui : Mouille)     yuen = yune    

2°) Points communs


Le mandarin et le cantonais partage, à quelques exceptions près, l'exacte même grammaire, et une écriture commune (l'écriture, elle, l'est), la seule chose est qu'aucun mot ou presque n'a la même prononciation dans les deux langues.
Il est possible pour de nombreux mots de discerner une certaine ressemblance entre les deux, mais improviser est impossible, et un cantonais ne comprendra jamais un mandarin, et vice versa.

V) "MANDARINISATION" DU CANTONAIS

Cependant, malgré un statut encore à part, HK est maintenant à nouveau chinois, et le mandarin a remplacé l'anglais dans les écoles, et on constate même une certaine mode du "putonghua" : preuve en sont certains mots usuels qui ont changés avec le temps :

- appeller au téléphone se disait avant "kow", transcription phonétique du mot anglais "call" en cantonais, hors depuis quelques années, les gens utilisent la formule grammaticale du mandarin : "da din wah" (équivalent du "da dian hua" mandarin).

- ou bien même le fait que dans plus en plus d'émission tv, le mandarin est utilisé à HK, y compris dans les remises des  Hong-Kong Awards.

VI) NOMS CHINOIS

Il existe quelques régles de base pour s'y retrouver dans ce charabia que peut parfois devenir la recherche d'un nom d'acteur ou de réalisateur chinois :

1°) Nom/Prénom : deux ou trois parties ?

a) Les noms chinois (mandarin comme cantonais) se découpent la plupart du temps en trois parties.
ex : Chow Yun-Fat   =   1:Chow 2:Yun 3:Fat
Mais il arrive parfois de trouver certains noms ne comportant que deux parties.
ex : Wong Jing ou Tsui Hark   =   1:Wong 2:Jing

b) Le nom de famille est toujours composé d'une seule syllabe, et comme beaucoup le savent, il existe très peu de noms de famille au fond. Quelques uns des plus courants sont :

- en mandarinLi, Chen, Zhang, Wang, Zhou, Yuan, etc...
- en cantonais : Lee, Chan, Cheung, Wong, Chow, Yuen, etc...

c) Le prénom est généralement composé de deux parties mais parfois d'une seule.

ex: Chow Yun-Fat    =   Nom: Chow / Prénom: Yun-Fat
ex: Wong Jing          =   Nom: Wong / Prénom: Jing

Attention : pour s'y repérer, une syllabe employée pour un nom, ne peut jamais se trouver dans un prénom, et vice versa.
Donc, avec un peu d'habitude, même sans le tiret, il n'est guère compliqué de dissocier le nom du prénom.

2°) "Jackie Chan" ou "Chan Jackie" ?

Les noms chinois (comme les noms japonais et coréens) se présentent toujours sous la forme "Nom Prénom-Prénom" ou "Nom Prénom" et jamais, à l'inverse des noms européens donc, dans le sens "Prénom Nom" ou "Prénom-Prénom Nom".
En revanche, quand prénom occidental il y a, on reprend évidemment la formule européenne (Jackie Chan et non Chan Jackie...)

Ne jamais écrire : Yun-Fat Chow ou Jing Wong, donc.

3°) Le tiret

Le tiret entre les deux parties du prénom n'est pas indispensable en soi, preuve en est qu'en mandarin, les deux parties du prénom sont généralement collées (ex: Zhang Yimou ou Zhang Ziyi).
Cependant il existe un triste exemple de l'erreur que peut engendrer l'oubli, délibéré ou non, du tiret :
Le réalisateur du réputé Adieu Ma Concubine, Chen Kai-Ge, a beaucoup fait parlé de lui en Occident, à une époque où les journalistes locaux n'étaient pas encore franchement à l'aise avec les noms asiatiques (remarque, le sont-ils maintenant ?).
De fait, tous ou presque ont écrit son nom Chen Kaige, ce qui a amené tous les journalistes ocidentaux à prononcer son nom de famille comme le mot "cage" en anglais : "Kéïdge", alors que son nom se prononce évidemment "Kaï-Gueu".
D'où l'utilité de mettre ce fameux tiret y compris dans les noms mandarins, même si ce n'est apparement pas les standards actuels.

4°) De cantonais à mandarin

Pour chaque mot en cantonais, il existe un équivalent en mandarin (et vice versa), et les noms n'y font pas exception.
Aussi pour l'amusement et de facon à mettre en evidence la différence de sonorité des deux langues, voici quelques noms connus de gens du cinéma de Hong-Kong, et leurs équivalent en mandarin :

-                 Chow Yun-Fat          =   Zhou Run-Fa
- (Andy)      Lau Tak-Wah           =   Liu De-Hua
- (Stephen) Chow Sing-Chi       =   Zhou Xing-Chi
- (MaggieCheung Man-Yuk   =   Zhang Man-Yue
- (Francis)   Ng Chun-Yu           =   Wu Zhen-Yu
- (Tony)      Leung Ka-Fai           =   Liang Jiu-Hui

VII) CHINOIS POUR FRANCAIS

1°) Ni xiang xue hanyu ma ? (Tu veux apprendre le mandarin ?)

a) Pour étudier le mandarin, rien de plus simple. Il existe de nombreuses associations proposant des formations ou des cours particuliers, l'une des meilleurs à Paris est sans doute :

- Passeport pour la Chine (EIEC) 2, rue du pont de Lodi 75006 PARIS
(Formations de groupe, cours particuliers abordables et bibliothèque chinoise.)

b) Mais vous pouvez également essayer de vous y mettre comme un grand dans votre coin avec des méthodes souvent très bien faites.Toutefois cette solution s'avérera sans grande utilité, hormis pour les plus motivés ou pour ceux d'ont l'oreille est déja formé (des fans de films asiatiques par exemple...)
La meilleure est sans doute :

- Assimil chinois (avec CD de préférence, car voila bien une langue que l'on apprend pas sans l'écouter)

2°) Lei seung su guandongwa ma ? (Tu veux apprendre le cantonais ?)

a) Il existe des associations culturelles proposant des cours de cantonais, même si cela se fait beaucoup plus rare que pour le mandarin. Une association réputée à Chinatown et une des rares d'importance conséquente est :

- Rencontre et Culture franco-asiatique 29, av de Choisy 75013 PARIS
(Cours de cantonais mais aussi de Tai Qi, de cuisine chinoise, de calligraphie, etc...)

Les rares "méthodes" et les quelques dictionnaires sont exclusivement en anglais malheureusement, si vous en connaissez un(e) en français, mailez-moi, je suis le premier interessé.

3°) Lequel en premier ?

Je recommande vraiment de se pencher sur la mandarin d'abord avant d'attaquer la cantonais (c'est ce que j'ai fait , personnellement), et ce même si seul le cantonais vous intéresse.
Car même sans attendre d'être parfaitement bilingue en mandarin pour se mettre à l'autre, les bases grammaticales que vous apportent le mandarin, vous seront très utiles, sinon indispensable, pour aborder le cantonais sans trop de difficultés.

VIII) Conclusion

La première certitude à avoir, est que le chinois est une langue très complexe....(nan, sans blague ?). Preuve en est qu'eux mêmes ont décidés d'en simplifier au moins l'écriture.
La seconde certitude est que le cantonais, surtout maintenant qu'Hong-Kong est chinois, est en train de se perdre. Et le drame est que cette langue est trop mal "archivée", et qu'il se pourrait très bien qu'avec le temps, elle se réduise au statut de simple dialecte parlé par les plus savants de leur cullture (c'est le cas pour les éthnies minoritaires en Chine), sinon pire, qu'elle disparaisse.
De plus en plus d'occidentaux aprennent le mandarin, mais le cantonais n'offrant plus grand interêt professionnel (l'avenir est en Chine, plus à Hong-Kong), ni même culturel (tout le monde ou presque en Chine parle mandarin, et à HK de plus en plus également, alors que le cantonais est parlé presque uniquement à HK), mais surtout en raison de la difficulté que représente l'apprentissage de cette langue, presque aucun occidental ne se lance dans le cantonais, et c'est bien dommage car c'est sans doute le seul moyen de faire subsister cette langue à un niveau "mondial".
Car le risque que bientôt seuls dans les restaurants du 13éme ou en famille à HK puisse être entendu le cantonais est grand, et bien triste.

Voila, j'éspère que ce "petit" compte-rendu (tu te fous de moi, t'as vu la taille de ton truc ?...) aura éclairé les plus perdus et même peut-être appri deux ou trois petites choses aux plus chevronnés.

date
  • January 1970
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