Vesoul 2007

13ème Festival des Cinemas d'Asie - 13 au 20 Février 2007


Cette année, Vesoul a installé son festival du 13 au 20 février. Pour cette 13ème édition, un programme alléchant s'est présenté. En ce qui nous concerne (cinemasie), pas que nous ayons un problème avec les films du moyen-orient, mais ne faisant malheureusement pas parti de l'espace géographique dont nous nous occupons, j'ai pris l'initiative de ne m'occuper que de ce que nous faisons le mieux, c'est à dire la Chine, la Corée et le Japon. Et encore, en 3 jours, j'ai du restreindre encore plus mon choix.

Le festival présentait un bel hommage à Imamura Shohei, décédé en 2006, mais vu comment celui-ci est connu du public, et ayant déjà un portrait bien complet sur le site, il était plus intéressant de se pencher sur un autre hommage, celui du réalisateur chinois Wu Tianming. Au niveau de la compétition Visages des Cinémas d'Asie Contemporains, était présent Bliss, le premier long métrage de Sheng Zhimin, Inner Circle Line, de Cho Eun-Hee, également un premier long, et Ma mére est une danseuse du ventre, de Lee Kung-Lok et Wong Ching-Po. Rien du coté du Japon, qui se rattrape bien dans la section Interdits et tabous. En effet ce sont trois films japonais qui viennent gonfler la programmation (Maborosi, Les femmes de la nuit et Tabou) que je regrette de ne pas avoir eu la chance de voir. La Chine et la Corée apportent également leurs films chocs avec L'Orphelin d'Anyang et Adresse Inconnue. Taiwan est aussi présent avec Sweet Degeneration. Enfin et comme chaque année, l'animation japonaise ouvre une petite fenêtre avec deux films : Paprika, de Kon Satoshi et Origine, de Sugiyama Keiichi.

La compétition


Pas de récompense pour les films cités dans l'introduction, mais tout de même un coup de coeur de la part du Musée Emile Guimet pour Ma mére est une danseuse du ventre, de Lee Kung-Lok et Wong Ching-Po. En outre, cette année voit la consécration d'un film israélien, Out of Sight, de Daniel Syrkin, qui traite d'un sujet difficile, l'inceste, avec sensibilité et professionnalisme. Ce même film remporte également le prix Langues O'. Le Grand Prix du jury va à l'Iranienne Mona Zandi Haghighi pour On a Friday Afternoon et le jury Netpac décerne le sien à Kantatar, de l'indien Bappaditya Bandopadhyay. Enfin, le Musée Guimet récompense le film turque Bes Vakit, de Reha Erdem.

Pas mal de personnalité en présence. En l'occurrence le président du jury international Xie Fei, ainsi que Cho Eun-Hee, pour son premier long métrage Inner Circle Line, qui nous a gratifié d'une interview, et Sheng Zhimin, lui aussi pour son premier long métrage Bliss, mais qui n'était malheureusement pas là en même temps que moi, son film ne passant que le lendemain de mon départ.

Rétrospective Wu Tianming


Cette année, Wu Tianming a eu l'honneur d'être reçu pour un hommage sur sa carrière de réalisateur et producteur. L'occasion de revenir sur 5 de ses oeuvres très estimées. Parmi elles Le Roi des masques, son oeuvre la plus connue, racontant l'histoire d'un maître en danse des masques qui, devant perpétuer son art en l'enseignant à un garçon seulement, achète un enfant sur un marché d'esclave, et découvre un jour qu'il s'agit d'une fille. Mais avant cela, il a fait 3 films où il se concentre sur la vie des chinois ruraux, en particulier dans la région de Xi'an, lieu d'installation du studio dont il reprendra les rênes plus tard. Ces films, La Rivière sans balise, Life et Le Vieux puit, mettent en scènes des personnages chinois en général pauvres qui sont confrontés à un contexte social inconfortable, en pleine révolution culturelle ; dans l'impossibilité de convoiter des places intéressantes dans la classe supérieure, ils doivent trimer au travail pour faire survivre leurs familles, dans des villages voués à l'abandon ou exclus d'une société dont l'idéologie unificatrice n'est pas en mesure de surmonter toute la diversité des champs sociaux existants dans le pays.

Wu Tianming présente également son dernier film en date, CEO. Celui-ci est plus froid, collant ainsi à un univers tout à fais différent : l'économie, afin de décrire le miracle économique qu'a vécu l'entreprise Haier pour devenir la plus grosse entreprise chinoise d'électro-ménager. Dans un discours et une ambiance qui ressemble plus à un film de guerre qu'à un drame humain, il cherche à nous montrer la réalité sur l'univers impitoyable qu'est le monde économique et comment la Chine doit se comporter pour y affirmer sa place.

Enfin, en tant que producteur, Wu Tianming a permis à certains réalisateurs de devenir plus connus. Zhang Yimou, qui jouait le rôle principal dans Le Vieux puit, a ainsi pu, grâce à Wu, réaliser son premier long métrage, Le Sorgho rouge, qui l'a fait connaître. Mais c'était également l'occasion de voir Le Voleur de chevaux, de Tian Zhuangzhuang, film parlant du Tibet et censuré en chine, et L'Affaire du canon noir, de Huang Jianxin, un drame idéologique et cynique plein d'humour.

Animation japonaise


Ce n'est pas de l'inédit mais tout de même, deux bons films d'animation japonaise ont été projetés au cours du festival. Tout d'abord Origine, qui montre un monde post-apocalyptique dans lequel la forêt est l'ennemi des hommes. Sugiyama Keiichi y donne avec innocence et pas mal d'influences un discours écologique sur la préservation de la nature en mettant ses personnages dans une situation inimaginable (pour nous) où une forêt menacerait la survie de l'humanité si elle lui coupait l'eau. Plus tape-à-l'oeil et ambitieux est le dernier film de Kon Satoshi, Paprika, qui plonge à l'intérieur du rêve grâce à une nouvelle technologie permettant d'enregistrer et analyser ce mystère pour la science. Haut en couleurs et puisant dans tous les moyens disponible actuellement en matière d'animation, il permet à Kon Satoshi de s'affirmer sur la scène de l'animation japonaise, au milieu des grands maîtres comme Oshii Mamoru et Miyazaki Hayao. On regrette que la section ne soit pas plus fournie que cela en matière d'animation mais comme chaque année, la sélection du festival de Vesoul arrive à capter un instantané de culture japanime à travers deux films (sortis en salles) montrant les interrogations culturelles contemporaines.

Le Majestic


La nouveauté pour moi cette année, c'était le Majestic. Vous allez me dire que je suis en retard et que l'édition précédente s'était déjà déroulée au Majestic. Mais c'était sans moi ; donc je vais parler, avec un an de retard certes, du nouveau cinema, mais surtout de ce que cela implique en terme d'ambiance. Jusqu'en 2005, le Festival de Vesoul se déroulait au Cinema Club, un complexe de 5 salles en centre ville. Malgré sa très grande convivialité, l'âge commençait à se faire sentir, et étant donné que la construction d'une grand multiplexe était prévu, le Cinema Club était voué à fermer ses portes. Finalement le festival a migré dans ce nouveau complexe, ce qui a eu également comme dommage collatéral de supprimer le partenariat qui liait le festival au Calypso, un bar/restaurant qui était le lieu de rencontre incontournable entre les professionnels du cinema et les spectateurs. Finalement, le festival s'est concentré sur le Majestic et autour grâce à la mise en place d'une grande tente dans laquelle les réunions de cinéphiles allaient bon train. Il faut reconnaître que cette tente fait un peu perdre au festival son cachet original, et la convivialité ne se ressent plus comme il y a deux ans, où tout le monde allait au Calypso, en dehors des séances. A présent les gens ont plutôt l'air d'éviter la tente, et le seul moyen de croiser les réalisateurs revient aux entrées et sorties de séances. Néanmoins, il faut reconnaître que les salles ont gagné en confort, avec des sièges amples, de la place pour les pieds, et une grande capacité, donnant encore plus envie de s'y engouffrer. Tout de même, les séances d'ouverture et de clôture se sont traditionnellement déroulées au théâtre Edwige Feuillère, collant toujours à la tradition.

Conclusion


Malgré le peu de films qu'il m'ait été donné de voir, il faut reconnaître que cette année encore la sélection a été particulièrement intéressante et diversifiée, et même si l'ambiance s'est un peu terni avec l'agrandissement (logique) du festival, Vesoul reste un des festivals les plus conviviaux, sans doute grâce à ses organisateurs qui cherchent au maximum à rendre les personnalités accessibles au public. Un bon festival qu'il est agréable de suivre et qui évite les options un peu trop commerciales.
date
  • mars 2007
crédits
Festivals