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Filles, épouses et une mère

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 4.25/5

vos avis

8 critiques: 3.69/5

visiteurnote
Anel-kun 3.5
bazdebaz 4.25
Chip E 3.25
hkyume 4
Miyuki 3
Mounir 3.5
Pikul 3.5
zybine 4.5


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

Amours et dettes

La particularité de ce Filles, Épouses et une Mère réside dans le fait qu'on peut clairement diviser le film en deux parties: l'une, touchante et romantique, qui raconte l'idylle entre Setsuko Hara (sublime, comme toujours) et Tatsuya Nakadai; l'autre, plus conventionnelle, où nous est montré le quotidien d'une famille nippone de classe moyenne aux prises avec quelques difficultés pecuniaires. On vouera sans hésitation notre préférence à la première, dont les allures de grand mélo universel et intemporel évoquent le Naruse des meilleures heures (le fabuleux peintre des sentiments du Grondement de la Montagne et de Nuages Flottants) tout en regrettant que la seconde prenne un peu trop de place dans le récit. Une œuvre inégale, sans cesse tiraillée entre une veine lyrique et passionnée et un académisme de bon aloi mais peu palpitant. Brillante utilisation du scope et de la couleur.

21 décembre 2012
par Chip E


Derniers feux du film de chambre japonais

Difficile de ne pas frémir d'admiration devant cet admirable film choral, qui semble presque un dépassement de l'oeuvre qu'Ozu était en train de construire et achever au même moment. Le film ressemble en effet à s'y méprendre à un film de l'aîné de Naruse et pas seulement en raison des choix de casting (même l'acteur fétiche d'Ozu, Chishu Ryu, a un petit rôle). Voici donc une famille de cinq enfants et leur mère. L'aîné (Masayuki Mori) occupe la maison familiale avec sa mère, sa femme, épouse traditionnelle corvéable à merci (Hideko Takamine) et son petit garçon (génial et utilisé à bon escient, comme toujours les enfants chez Naruse). Doté d'une bonne position dans les affaires, il a cependant prêté de l'argent à l'oncle de sa femme, qui va faire faillite. Vient ensuite une première fille (Setsuko Hara), rejetée par sa belle-famille suite à son veuvage et qui va devoir réintégrer le foyer (avec un million de yen d'assurance-vie). La seconde fille souffre le martyr en raison d'une belle-mère envahissante (la géniale Haruko Sugimura) et d'un mari terne. La troisième fille est la jeune fille japonaise moderne et délurée typique des années 1960 (Reiko Dan) et son jeune frère a le même profil (il est photographe). On est confondu par la maestria avec laquelle le scénario parvient sans efforts à nouer les fils entre les destins et préoccupations des six personnages de cette famille (et de leurs conjoints) autour d'intrigues qui ont trait au sujet éternel du roman victorien : l'amour et l'argent. Tout le monde a besoin d'argent : Mori pour apurer ses dettes, Hara pour vivre et s'occuper de sa mère, les cadettes pour trouver un logement indépendant. Et cette pesanteur des soucis d'argent affecte naturellement les relations familiales, jusqu'à ce climax terrible d'une réunion de famille où seront discutés la vente de la maison et le devenir de la mère. Sur ce thème des soucis ordinaires d'une famille ordinaire (thème narusien s'il en est) se greffent des motifs secondaires finement amenés. Setsuko Hara doit-elle céder à un nouveau mariage arrangé ou épouser le jeune Tatsuya Nakadai (lui aussi est là, quel casting!) ? les belles mères sont-elles condamnées à l'hospice par la mutation en cours de la famille traditionnelle japonaise et la fin des trois générations sous un toit ? Le film se termine très abruptement, comme s'il n'était pas possible de donner une fin à un feuilleton ou un soap opera (car c'en est un). Magnifiques images en Toho Color, probablement le meilleur casting possible de l'âge d'or du cinéma japonais, élégance du récit et profondeur des préoccupations : un film marquant de cette année 1960 qui voit un Naruse au sommet de son art sortir quatre (4!) films dont deux chefs d'oeuvre (celui-ci et Quand une femme monte l'escalier).

10 avril 2015
par zybine


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