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La Femme Scorpion

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les avis de Cinemasie

3 critiques: 3.08/5

vos avis

32 critiques: 3.69/5



drélium 3.25 ... Et parce que ç'est exploit.
Ordell Robbie 3.25 Parce que c'est seventies...
Xavier Chanoine 2.75 Cruel et visuellement audacieux, mais trop linéaire
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... Et parce que ç'est exploit.

Sans conteste moins hypnotique et réussi qu' Elle s'appelait Scorpion, offrant une Meiko Kaji pas encore au top de son charme vénéneux comme dans Lady Snowblood, La femme scorpion reste une belle trace du cinéma japonais d'exploitation des 70's qui savait se faire violence et style sans devenir un produit prétentieux et galvaudé comme le cinéma d'aujourd'hui peut en abuser avec facilité (les Park Chan Wook, Miike et autres démonstrations plutôt bancales).

ç'est aussi en visionnant de tels films que l'on mesure toute l'importance du grand Seijun Suzuki sur le traitement visuel du cinéma d'exploit nippon des 70's. Pas mal de figures stylistiques du maître se retrouvent ici (éclairages de couleurs flashy pour différents éléments d'un même plan, organisation du plan proche de la photo 2D, ciel surréaliste peint, objectif vivace et tournoyant, ...), utilisées avec d'autres caractéristiques propres au manga dont le film est tiré (plans inclinés, vus du sol, tronches surréalistes et enragées en gros plan, ...).

Les thèmes eux aussi sont caractéristiques de cette vague japonaise fin 70's, du sexe et de la violence autant qu'il est permis d'en montrer sans être censuré, un monde très dur, dirigé par des hommes vils et abusifs, et donc devenu sans foi ni loi, une femme anti-héroïne, objet quasi muet de toutes les brimades, qui souffre tout au long de l'histoire mais sort finalement victorieuse grâce à sa fierté et à son inextinguible courage. Et à l'opposé de cette féminité rebelle et attirante, des femmes, poupées grossières et arrogantes proches de la sensibilité des hommes en fait, de véritables bêtes avides de violence et de pouvoir.

ç'est Meiko Kaji elle-même qui voulait son personnage presque muet afin de renforcer son charisme et épurer l'impression de domination qu'elle dégage. Point qui diffère du manga où Sasori était gourmande en répliques grossières et autres attaques verbales qui tuent.

Autre tradition du genre, Meiko kaji chante elle-même le titre principal et ajoute encore une mention culte à la femme scorpion, pauvre victime de la folie et de la fourberie des hommes.

Autant d'idées qui font le charme de l'exploitation 70's (la japsploitation ?) même si il reste encore pas mal de chemin avant d'atteindre les chefs d'oeuvre comme Lady Snowblood ou même Le couvent de la bête sacrée. Malgré toutes ses idées charmantes et sincères, La femme scorpion souffre d'une réalisation pas toujours maîtrisée et avant tout d'un scénario pour le moins simpliste qui laisse quand même sur sa faim.

27 octobre 2004
par drélium




Parce que c'est seventies...

Des raisons de se faire pardonner d'être moins réussi que le second volet de la série Sasori (en vrac parce qu'il privilégie trop le cahier des charges du film de prison par rapport aux échappées surréalistes qu'on trouvera de façon plus fréquente dans le second volet, qu'il abuse de zooms approximatifs, que la volonté de donner au film un cachet cartoonesque par la direction d'acteurs aboutit à un jeu outré forcé chez une partie du casting), La Femme Scorpion en regorge.

Kaji Meiko bien sûr qui campe ici pour la première fois avec un charisme décuplé par rapport à celui qu'elle avait dans la série Stray Cat Rock la personnage de Sasori dont ce premier volet pose les sources de l'énergie vengeresse, celle d'une femme humiliée en même temps par les représentants de l'ordre social (le personnel pénitentiaire, la police) et les hommes (l'homme qu'elle a aimé). L'autre raison qui incite à une affectueuse clémence avec les défauts du film, c'est qu'il est un film des années 70, cette décennie de la transgression accompagnée d'un vrai discours de la transgression sans simplisme : l'oppression subie par les prisonnières n'est pas seulement celle d'une femme dans un monde dominé par les hommes mais se retrouve aussi au détour d'un plan associée à celle d'un travail ouvrier monotone, un parallèle entre les conditions de deux catégories exploitées par l'ordre établi -les femmes et la classe ouvrière- se retrouvant ainsi dressé. En plus de cela, le film souligne au travers des attitudes pas vraiment aimables des autres prisonnières vis à vis de Sasori la façon dont l'ordre établi réussit à utiliser ceux qu'il exploite pour se maintenir en place. Le film étant mis en scène la plupart du temps au travers du regard de Sasori donc d'une femme opprimée, il a un vrai point de vue de cinéaste. Les scènes de torture, outre de refléter en partie le discours du film (où chaque acte violent est teinté d'une dimension politique, où la violence est d'abord sociale), ne sombrent quant à elle jamais dans les exçès inutile de cruauté qu'on voyait chez le mentor d'Ito Ishii Teruo et les quelques passages un peu plus saignants (comme l'oeil crevé) voient leur impact atténué par une déréalisation qu'on retrouve dans d'autres films d'exploitation japonais seventies (les interminables geysers de sang des Babycart...).

Pas d'usage racolleur du choc visuel d'une violence réaliste, un vrai discours autour de la cruauté, pas d'effets de manche de mise en scène ou de construction scénaristique, pas non plus de gros second degré ici, Ito évite les pièges de beaucoup de films "coup de poing" actuels où la rebellion n'est qu'une pose (Fight Club, Sympathy for Mr Vengeance) ou qui croient que la provocation pour le plaisir de flatter son ego en se disant qu'on a choqué le spectateur (le discours de Noé en interview qui se proclame héritier de Pasolini en réduisant Salo à un film qui réussit à écoeurer le spectateur) est à elle seule un projet de cinéma. Bien sûr, un des autres plaisirs du film est d'y entendre chanté un Urami Bushi qui pourrait à lui seul résumer toute la saga et sa portée politique au travers d'une ballade dont la tristesse n'a d'égale que la douceur des arrangements. Et l'essentiel, quelques grands moments de cinéma valant pour leur trouvailles visuelles et/ou quelques idées de situation: les moments où la caméra se substitue à son regard pour tourner autour des personnages et faire ressentir sa perte de repères de Sasori, quelques plans mettant le spectateur dans une position de voyeur, le côté surréaliste de certains décors ou éclairages, le gardien qui regarde avec un plaisir voyeur le défilé des prisonnières, l'usage de cadrages de près, de plans larges voire d'angles de vue "cache sexe" afin de contourner les contraintes de la censure nipponne interdisant de filmer des pénétrations à l'écran, l'énergie de mise en scène de la scène d'évasion du début du film, l'usage de cadrages penchés donnant une coloration bande dessinée, le viol d'un gardien par les prisonnières en forme d'inversion des rapports de domination entre autres et tout le travail visuel autour du drapeau japonais (utilisé pour souligner le contenu frondeur du film) entre autres.

La série Sasori a fait mieux, le cinéma d'exploitation japonais et Kaji Meiko aussi (le premier Lady Snowblood) mais ce premier volet se regarde comme le beau vestige d'une période où le terme de radicalité n'était pas encore galvaudé et où le cinéma japonais (mais aussi le cinéma italien) savait mêler cinéma populaire, inventivité visuelle et commentaire social aussi profond qu'explosif.



05 juillet 2004
par Ordell Robbie




Cruel et visuellement audacieux, mais trop linéaire

Il est intéressant de voir la belle courbe de progression de Kaji Meiko, connue à travers le monde et connue des cinéphiles grâce à son rôle dans la saga Sasori entamée ici même par le bel artisan qu'était Ito Shunya. Intéressant de voir son rôle clairement plus affirmé et bien différent de celui qu'elle jouait dans la passable série des Ginza Butterfly et bien qu'elle usait déjà de sa belle présence à l'écran, notamment par l'intermédiaire de superbes chansons, elle n'éclatait pas définitivement, ses personnages manquant singulièrement d'épaisseur et de cohérence avec son charisme intérieur. Elle n'a rien d'une héroïne, représente même l'anti-héros BD par excellence (encore plus voyant dans le superbe et bis Lady Snowblood) et son personnage de Nami est la représentation même de l'image qu'elle véhicule au cinéma d'exploitation carcéral. En revanche, Ito n'a ni la grâce ni l'absurdité colossale de son classique du cinéma d’exploitation Elle s'appelait Scorpion bien plus aérien et emprunt d'un souffle de liberté artistique totale, lequel atteint ici un petit sommet de référence cinéma pop pas dégueu (Sugimi enlevant le drap qui recouvrait une Nami nue, dans un décor épuré à l'extrême digne d'un Suzuki Seijun) sans pour autant prétendre à la réussite formelle absolue malgré ses audaces de Nouvelle Vague, alliées à un esprit bis convaincant : les éclairages donnent dans l'expérimentation et le clin d'oeil au théâtre (le décor du bureau de police tournoyant, le paysage rouge sang virant au bleu...), la musique superbe est une réussite totale du genre, la réalisation évoque une certaine idée du cinéma enragé d'un Fukasaku par ses cadrages penchés voir renversés à l'extrême comme pour souligner le chaos, la cruauté et l'absence de droits au sein de la prison de femmes, thème au combien tendancieux du paysage cinématographique italien de la même époque, plus digne chez Ito que chez le premier tâcheron italien adepte du SM nazi carcéral sans intérêt. Ito touche plus fermement le système, développe de manière sous-jacente une certaine critique du milieu avec une once d'ironie et de grossièreté que n'aurait renié la première caricature Comedia Del'Arte du coin, mais trouvant un sens : les policiers sont ainsi montrés comme des bêtes avides de pouvoir et à l'ego démesuré, les femmes évoquent aussi une certaine idée de "no future" puisqu'elles s'entretuent sans raison particulière, la première étant de flanquer une beigne à Nami au meilleur moment et ainsi de mettre en avant leur propre pouvoir sur un établissement à la ruine (la prison se transformant en véritable paysage de mort en fin de métrage) dirigé par des pantins en uniforme.

Maintenant, Ito n'use pas pour autant ces ingrédients là pour en faire un grand film, ce dernier développera de manière plus originale un récit autour du même thème mais avec des plus grandes libertés artistiques et scénaristiques pour faire ainsi plus de place à l'onirisme contre une absence totale de linéarité faisant ici du mal à cette Femme Scorpion, la mise en scène s'attardant bien trop sur le passage des creusements de terrain forcés (métaphore d'une création de tombeau à la fois social et moral) pour finalement oublier un petit peu ses origines prenant racine dans le thème de la vengeance. Les quelques passages dignes du meilleur du cinéma d'exploitation nippon ne se retrouvant que dans quelques affrontements à l'arme blanche (une des incarcérées ayant un physique de vieux fantôme japonais de théâtre du fait de ses cicatrices béantes) ou lors d'un final gore explosif mais mal filmé. Trop linéaire pour véritablement convaincre, trop baigné dans ses excès grotesques à l'image du meilleur du cinéma de genre (Nami suspendue, son amitié avec Yuki) comme du pire (Nami aspergée de soupe Miso, les policiers dénudés en cage) pas forcément bien maîtrisés, La Femme Scorpion reste pourtant l'une des oeuvres phares du cinéma de genre, populaire mais redoutable par son message sous-jacent particulièrement voyant lorsque, par touches, Ito réussit à faire de la "prévention". Cette lame lancée à hauteur du drapeau du Japon n'est clairement pas fortuite...

02 décembre 2007
par Xavier Chanoine


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