Une première heure aussi époustouflante que la seconde est décevante 
Curieux film que voilà. C'est en réalité un "2 en 1" : 1 heure par partie/genre, qui change également de narrateur.
La première heure est un chef d'oeuvre. 
On  y suit donc ce prédateur sexuel, ses chasses, sa manière de séduire ses  proies, son rapport avec son épouse, son trauma avec un bébé mal-formé  etc... avant de virer dans le thriller quand il découvrir que la mort le  suit de près et qu'il sent qu'on cherche à le piéger.
Le traitement,  comme le sujet d'ailleurs, est vraiment original avec une atmosphère de  plus en plus oppressante, poisseuse et torturée. Ce qui est étonnant  c'est que provient avant tout de la mise en scène et non du personnage  central. Si prédateur il est, il n'a rien d'un pervers ou d'un détraqué,  il est même assez touchant dans ses techniques de dragues à se faire  passer pour un japonais d’origine de l'Afrique du Nord. Bien sûr, c'est  un collectionneur mais on ne le sent pas malsain. D'ailleurs, les femmes  qu'ils côtoient ont le plus souvent la même liberté sexuelle que lui  (thème central chez Nakahira)
La tenue de son journal intime est  l'occasion d'utiliser la voix off avec assez de talent même si elle est  parfois redondante par rapport aux images qui se suffisent à elle-même.  Mais dans l'ensemble l'immersion dans sa psychologie est vraiment  réussie et on le suit dans sa descente au enfer paranoïaque qui vire au  cauchemar (le balai avec des lames de rasoirs  ) parfois teintés d'humour ironique (la disparition des chaussures). La  narration est un modèle du genre en ce qu'elle parvient à rendre  attachant un personnage qui nous est montré comme particulièrement cruel  dans la scène d'introduction puis dans les minutes suivantes où il  écrit cliniquement ses diverses liaisons. Cette manière de nous faire  rentrer dans ses pensées est assez culottée mais s'avère payante (une  influence pour 
Schizophrenia ? ).
C'est  pourquoi quand la première heure devenue désormais haletante se termine  sur un rebondissement vraiment étonnant, on se demande rapidement  comment va évoluer l'histoire... et bien, elle n'évoluera tout  simplement plus...  
On  suit alors un avocat qui essaye de reconstituer les fils de l'histoire,  il retourne donc parler aux différents personnages qu'on a déjà vus  raconter des trucs qu'on sait déjà... C'est vraiment curieux ce  changement de style et je ne comprends absolument pas en quoi cela  enrichit l'histoire ou le personnage. Ce n'est pas forcément nul, mal  écrit ou mal rythmé, c'est seulement sans intérêt dramatique ou  psychologique. 
Au bout de 40 minutes, un nouvel éléments façon twist  vient quand même relancer la machine (en corrigeant habilement  certaines incohérences qui flottaient jusque là) et en renouant un peu  avec l'ambiance torturée du début mais c'est trop tard et maladroit.
Je  suis donc bien gêné par ce film. D'un côté, je trouve la première  partie véritablement époustouflante et virtuose (excellente utilisation  de brefs arrêts sur images par exemple) mais la seconde heure est  totalement anti-cinématographique. Je devine qu'il fallait un  contre-point extérieur aux évènements mais cette idée est déplorable  même si encore une fois, cette enquête est loin d'être désastreuse en  temps que tel.
Je suis donc vraiment curieux de découvrir le  remake qu'en a fait Nakahira lui même à la Shaw Brothers sous le  pseudonyme de Yeung Shu Hei (d'autant que cette version chinoise dure 30  minutes) et qui a pour titre 
Diary of a Lady-Killer