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Kill !

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3 critiques: 4/5

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Arno Ching-wan 4.25 Tu es !
drélium 4 Un Nakadai croustillant pour un chambara à la fois solide et enjoué très spaghe...
Ordell Robbie 3.75 Effet boomerang
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Tu es !

Un chambara « marrant » avec Nakadai, c’est possible, ça ? Oui, ça s’appelle « Kill ! », antithèse – ou prolongement ? -  d’un bien glauque « Sword of Doom » déjà blindé de personnages hauts en couleur dans un film en noir et blanc. Ce fut déjà signé Okamoto, que je ne connais que très peu et ai du mal à faire entrer dans une case excepté celle, peut-être, de belle âme sachant placer l’humain au-dessus de tout le reste. Sauf des dindons et des petits chats blancs qui planent loin au-dessus des jeux de pouvoir et d’apparences qui masquent mal les instincts hormonaux de tout un chacun. Les travers des porcs humains sont montrés du sabre en bambou avec une aimable ironie par le formidable personnage incarné par Nakadai, Genta, un ronin rongé par ses erreurs de jeunesse qui souhaite désormais, pour se racheter ou juste trouver une raison de continuer à vivre, pacifier son environnement. Faut pacifier ? Faut pas s’y fier ! Quand il se lâche, pas lâche, il lâche le bambou et taille dans le vif à l’arme blanche !

Vrai chef d’œuvre du chambara ET du western spaghetti comme l’ont déjà très bien souligné mes pertinents camarades, ce film fait s’agiter des pantins qui pantalonnent et des pontes qui pontifient dans un joyeux bordel – d’ailleurs, oui, il y a un bien joyeux bordel -, les premiers faisant figure de braves victimes et les seconds d’ordures en puissance.

 

Si ce film eût pu se voir rabaisser qualitativement par ses multiples hommages appuyés à la filmographie de Kurosawa pré-1967 ("Yojimbo", "Les 7 samurais"…), il s’en sort magnifiquement avec son scénario particulièrement malin et ses personnages si bien construits qu’ils ne laissent que peu de place au manichéisme. Tout comme dans Yojimbo, Genta manipule deux clans qui s’affrontent, non pas pour les plumer mais pour calmer le jeu, s’improvisant ici médiateur dans un conflit qui n’en souhaite aucunement. La trame suit le même schéma, passage à tabac inclus, mais les enjeux sont bien plus riches, plus larges, avec un mélange humour-drame magnifiquement lissé grâce à un grand respect des personnages, faux faire-valoir inclus car ce paysan toshiromifuné joué par Etsushi Takahashi possède, en plus de scènes à haute teneur comique, une forte dimension humaine.

Chef d’œuvre ? Oui, de champs (de blés et de), bar à (putes) et de western riz jap’, comme déjà dit. Mais également un vrai chef d’œuvre sur la guerre, parce que  tout comme "Croix de Fer" de Peckinpah ou un "Dr Folamour" de Kubrick il apporte une bonne touche de dérision quant à toutes ces motivations stupides qui nous font guerroyer sans cesse. Sans elles, que d’ennui ! A ce titre, le happy end, joyeusement primaire, est carrément jouissif et, à n'en pas douter, source d'autres conflits à venir. Mais ceci est une autre histoire.



28 décembre 2010
par Arno Ching-wan




Un Nakadai croustillant pour un chambara à la fois solide et enjoué très spaghetti dans l'âme.

Kill ! bien que descendant direct et très proche de Yojimbo dans son ironie, son héros désabusé et ses démêlés "larvés" garde une rigueur de mise en scène et un profond respect pour le chambara pur et dur dont Okamoto est un grand représentant. Une rigueur qui lui permet de garder à l'oeil sa dramatique, et d'exposer un comique assez éloigné tout de même de la pure caricature. Dans le même temps, cette rigueur l’empêche d’être aussi moqueur que Yojimbo dans les excès physiques et aussi irrespectueux dans ses personnages et son récit. Ainsi les samouraïs traîtres piégés dans une forteresse abandonnée, bien qu’assez ridicules au final, le sont beaucoup moins dans leurs attitudes physiques que dans leurs réactions soupe au lait progressivement dévoilées avec la fatalité qui les accable. Une façon plus subtile et discrète de prendre de la distance et d’ironiser la situation que les personnages gesticulants et risibles au premier coup d’oeil de Yojimbo. Il reste une joyeuse grosse scène de fête pour libérer les corps et les cris mais le respect du genre est bien présent au contraire de Sanjuro qui faisait mine de respecter les codes pour mieux les détourner. Du reste, les personnages déchainés et caricaturaux sont ici plus restreints en nombre. Il n’y a à vrai dire que Hanji, le samouraï paysan bondissant comme un chien aux abois, le grimaçant vieux moine joueur et le samouraï (très) nerveux pour pousser à fond jusqu’au comique facial et gestuel. Les autres protagonistes, le clan de samouraïs en particulier, restent constamment imprégnés par leurs desseins, le plus souvent droits comme des "I" et disciplinés, le leader tiraillé en premier lieu. La belle et jolie fiancée qui débarque au milieu de ces samouraïs provoquera de brèves réactions excessives mais la bonne tenue est majoritaire et le cabotinage bien présent sait ne pas se faire trop envahissant et se limiter à quelques personnages.

L’équilibre tragicomique est donc subtile et s’étend bien au delà du couple principal Nakadai / Takahashi à eux seuls pilier déjà très consistant du film. Nakadai y trouve un rôle de samouraï désabusé très proche du menfoutisme de Mifune dans Yojimbo, mais l’interprétation y est bien différente. Il se présente sous les traits d’un vagabond vulnérable et inoffensif là où Mifune interprétait un Ronin imposant, ronchon et vénal qui ne laissait traîner aucun doute sur son identité. Son bref combat défensif n'en est que plus jouissif et sa vulnérabilité intrinsèque nourrit aussi sa belle complémentarité avec la force brute du samouraï paysan. Nakadai, tout comme Mifune dans Yojimbo, garde aussi bien caché une humanité vibrante et intéressante qui permet ici la dénonciation d’une féodalité rigide ne prenant en compte que les stratégies des plus puissants et où les samouraïs ont largement perdu de leur superbe.

Le parallèle avec le western désabusé est flagrant, que ce soit dans les décors en partie fait de décombres et autre ville fantôme, la mise en ambiance, la poussière, la sécheresse, le ton et même la musique. On pense notamment à Django, Keoma pour l'ambiance crépusculaire, Pistolets pour un massacre pour les personnages haut en couleurs et bien d'autres. La mise en scène d'Okamoto est encore une fois précise et offre un noir et blanc superbe et de beaux moments esthétiques comme ce plan large sur le cimetierre bouddhique.
En poussant plus loin encore côté personnages, on pourrait même rapprocher Nakadai de Terence Hill dans sa façon de passer pour un pauvre vagabond sans défense et mal rasé alors qu’il est un dieu du sabre. Etsushi Takahashi quant à lui se pause en parfait contrepoid de Nakadai, l’impulsif face au calme absolu, l'ahuri face au malin, la bonté naïve face au calculateur revenu de tout depuis longtemps, le débutant face au pro, et enfin le Bud Spencer face à Terence Hill si il faut continuer à pousser loin la comparaison. Car Hanji est une masse, un mastodonte qui peut soulever les fondations d’une baraque avec ses deux mains, un personnage des plus attachant qui reste pourtant lui aussi très réaliste, à l’opposé de Bud donc. Cette scène de démonstration de puissance est d’ailleurs brève et ne sert qu’à un effet comique rétroactif beaucoup plus subtile qu’une baffe de Spencer. Hanji est avant tout honnête et droit, aimant la terre, dévoué, admiratif du rang de samouraï et donc catalyseur des désillusions qu'Okamoto souhaite développer.

Ce fameux mélange, énergique, joliment architecturé autour d’une trame qui aurait tout autant pu être traitée en pure dramatique sans ses savoureux personnages nuancés de comique, se suit donc avec plaisir, et même si les enjeux ne poussent pas très loin, l’équilibre y est excellent et le rythme sans faille, permettant de francs moments d’ironie comique (sa conclusion notamment) tout en amenant le récit vers un bel assaut final désenchanté, chaotique, sanglant et rageur, des plus convaincant, où le samouraï, tout honorable qu'il soit, se retrouve perdu en pleine naissance d'une certaine idée de la modernité.

21 octobre 2005
par drélium




Effet boomerang

Belle terre de paradoxes que ce Kill!. Soit un film qui pour titre Tuer! mais qui se révèle finalement etre un bel exemple de l'humanisme du regretté OKAMOTO Kihachi. Un film qui après l'invention avant Leone de la poudre spaghetti par Kurosawa avec le diptyque Yojimbo/Sanjuro se révèle etre le chambara sixties le plus proche de l'esprit de westerns sauce Cinecitta qu'on ait vu. Soit du grotesque (les ambiances crades, l'ouverture avec ses habitations pourries et le détail des poules, la dégaine pas classieuse loin de là de certains personnages), des personnages aussi attachants qu'hauts en couleurs, du vrai art de la rupture de la ton et du mélange des genres, de l'exagération assumée évitant un certain cynisme si contemporain, du regard sur la figure du samourai où affection et ironie se melent. Soulignons enfin ces combats brillament filmés où la mise en scène apporte de vraies touches de décalage délicieusement jouissives. Seul reproche: que la direction d'acteurs ait aussi les travers cabotins (ou le charme?) de ses cousins italiens. Beau film humaniste, bel exemple de divertissement populaire, chambara singulier dans son approche, modèle de ces allers/retours d'influence Orient/Occident ensuite théorisés grace au cinéma de Hong Kong, Kill! est bien évidemment un must see pour l'amateur de chambara... et celui de western spaghetti.



21 octobre 2005
par Ordell Robbie


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